Entretien avec « Honus Honus » de Man Man

Vincent Bonhomme 05/11/2013 0
Les barjots de Man Man viennent de sortir leur cinquième album « On Oni Pond », le 14 octobre dernier. J’ai donc posé quelques questions à Ryan Kattner, aka « Honus Honus », leader du groupe. L’entretien a donné une conversation remplie d’absurdités…

b9ed4e4d368745d40a3cb358a5ca5a9e 1024x1011 Entretien avec Honus Honus de Man Man

Souvent, les gens qualifient les Man Man de fils cachés de Frank Zappa ou de Tom Waits - ce qui est d’ailleurs l’unique façon de coller une étiquette sur ce groupe aux sonorités indescriptibles. Formé en 2003 par Ryan Kattner aka « Honus Honus » (chant, piano, orgue, percussions) et Christopher Powell aka « Pow Pow » (batterie et percus), le groupe indé livre un absurde mélange de musiques expérimentales (rock, jazz, blues, et fanfares): un beau bordel que les auteurs identifient comme du « manic gypsy » ou du « viking vaudeville » - ce qui ne veut strictement rien dire.

La formation de Philadelphie vient donc de lâcher son cinquième album, baptisé « On Oni Pond », en octobre dernier sur le label Anti. Curieux, j‘ai appelé Ryan aka « Honus Honus », histoire d’en apprendre un peu plus sur ces aliénés.

Je vais commencer par une question à la con. Décris-toi rapidement.

Je m’appelle Ryan et j’ai une moustache.

Ça a commencé comment Man Man ?

On a montés le groupe par accident avec « Pow Pow ». C’est d’ailleurs quelque chose que je regrette encore aujourd’hui (rires). On était jeunes, on a enregistré notre premier album il y a 10 ans. Et voilà, 5 albums plus tard, je me retrouve à parler au téléphone avec un « mystérieux » français.

Tu faisais quoi avant ?

Avant ? J’étais un garçon plein d’avenir. Jusqu’à ce que je prenne la décision de monter Man Man (rires.)

Tu te plais toujours à Philadelphia ?

Ouais, c’est une ville intéressante, parfaite si tu veux acheter des ensembles de survèt ou manger des trucs gras avec du fromage dessus. En fait, si tu te sens trop maigre, tu vas t’y plaire. Tu vas rentrer obèse. Beau, mais gros.

On va parler un peu de l’album. Dans « On Oni Pond », les paroles sont très tristes, mais pas les mélodies. Pourquoi ?

Déjà, je voudrais dire que je suis très content de cet album: il défonce. C’est exactement ce qu’on a voulu faire, des textes tristes sur des mélodies festives. Et pour répondre à ta question, malheureusement aujourd’hui, tu es parfois obligé de jouer sur des contrastes de ce genre pour capter l’intention.

Tu as dis dans une interview que n’avoir jamais eu de fric et avoir subi plusieurs échecs amoureux étaient la source de ton inspiration. C’est vrai?

Surtout quand j’étais jeune. Mais, c’est vrai, ça m’a toujours beaucoup influencé pour l’écriture.

Et si tu deviens riche et que tu te poses avec une fille ?

Je ne pense pas que ça arrivera dans un futur proche. Mais, si tu connais une riche française qui veut se marier avec moi, tu me fais signe.

Ça aide quand même d’avoir un groupe pour ramasser des filles ?

Yeah, ça aide pas mal, mais je ne suis jamais chez moi, donc je ne peux pas me poser. Par contre comme je te l’ai dit: si tu connais une française avec de l’argent qui aime les moustachus qui chante dans un groupe de rock…

Tu vis de ta musique. Comment tu claques ton blé ?

Je m’achète des grosses Cadillac, je bois pas mal de champagne, et tout ce que je porte c’est du sur-mesure (rires.)

Comme tout le monde…

Non, sérieusement. J’arrive à vivre de ma musique sans travailler. J’ai beaucoup de chance, mais, je ne mène pas la grande vie.

man man press photo 1024x640 Entretien avec Honus Honus de Man Man

« Pow Pow » et « Honus Honus »

T’as une relation bizarre avec l’écriture…

Je déteste l’écriture pour la simple et bonne raison que c’est très dur d’écrire de bonnes paroles. Pour moi, c’est ce qu’il y a de plus important dans une chanson, alors, ça me prend du temps. Si tes paroles sont nazes, ça peut tuer une chanson, même si la mélodie est vraiment bien. Le texte, c’est quelque chose personnel. Si les miens peuvent paraître abstraits ou fous, pour moi, ils veulent dire quelque chose, même si la plupart des choses que j’écris sont des trucs qui me passe par la tête abstraitement… Je sais que quelque part, ces trucs ont une signification.

Je vais enchaîner avec un truc qui n’a rien à voir. Mais ça te vient d’où cette passion de simuler ta mort sur Instagram. T’as des pulsions suicidaires ?

Pas du tout. L’année dernière, on était en tournée, et j’ai chopé une grippe qui a duré 3 semaines. A chaque fois que je marchais, j’avais l’impression de tomber. Et j’ai trouvé ça marrant de montrer dans quel état j’étais en posant mort sur les photos. Ensuite, c’était aussi pour faire chier ceux qui vont, ou qui m’ont, toujours détesté. Je voulais les faire sourire, leur donner satisfaction pendant quelques secondes.

HonusHonus Sept 2013 2 16x9 620x350 Entretien avec Honus Honus de Man Man

#deadagain

T’aimes les détracteurs?

Ouais, ça me fait marrer.

Pendant ta dernière interview pour CBC Music, tu jouais avec un flingue. T’aimes faire flipper les gens ?

Non, c’est de la provoc’. Tu sais, si tu es trop complaisant, il y a des millions d’autres groupes indés que les gens vont aller écouter, mais pas le tien.

Les membres du groupe ont souvent changé au fil des années.

Chris aka « Pow Pow » est avec moi depuis le début, mais oui, après, sur chaque album, il y a eu différentes personnes impliquées, bref, du sang nouveau. Je pense que c’est ce qui nous a permis de garder une certaine fraîcheur.

Je comprends. L’album « On Oni Pond » est sorti ce mois-ci… Quels sont vos projets pour la suite ?

On part en tournée en Europe le mois prochain. Mais ce n’est pas ce qui il y a de plus bénéfique pour nous. En réalité, les deux pays ou l’on marche le mieux, c’est les Pays-Bas et la France. D’ailleurs, on adore les français. Peut-être parce que vous êtes un peu plus tarés que les autres. On dirait que vous êtes les seuls à supporter notre musique. Et tu sais quoi ? ça me rend très heureux (rires.).

Il y a pas mal de références aux Comics et au cinéma américain des années 50 dans vos clips. C’est une marque de fabrique ?

Pour moi, ce sont les choses qui ont le plus influencé ma vie. J’ai voulu commencer la musique, quand j’ai vu « Stranger Than Paradise » de Jim Jarmish à l’école. C’étais la première fois que j’entendais la chanson « I Put A Spell On You ». J’étais sur le cul.

T’écoutes quoi en moment ?

« Double vision », des Jacuzzi Boys.

T’as envie de bosser avec d’autres groupes ?

Ouais, avec Daft Punk (Rires.)

T’as aimé le dernier ?

Il y a de bonnes chansons. Mais, ça aurait été mieux s’ils l’avaient fait avec nous (rires.)

C’est quoi une journée typique pour toi ? A part rouler en vélo bourré.

Mon dieu…

J’ai lu ça dans une de tes interviews. T’étais en gueule de bois je crois.

La plupart du temps, je suis en tournée. Je passe des heures à l’arrière de mon putain de van. Et ce que j’adore, comme par exemple en France, c’est de m’arrêter manger sur la route. Dans des boulangeries, etc… Me prendre une baguette avec du beurre et de la confiture… Quand j’étais en France, je suis devenu obèse. On devait me rouler par terre jusqu’au van. Comme je suis petit et gros, je ressemblais à la petite fille dans « Charlie et la chocolaterie », celle qui se transforme en myrtille.

En parlant de tournée. Tu préfère glander en studio ou faire de la scène avec le groupe ?

La scène bien sûr. Pendant plus d’une heure, tu es en connexion avec la foule. Quand l’énergie est bonne et que les gens la capte, tu ne peux pas battre ce sentiment de bien être: c’est magique, c’est un peu comme un exorcisme. Tout le monde se débarrasse de ses démons et passe un bon moment.

Pour finir, c’est quoi la vie parfaite pour toi ?

Etre gros en France.

manman 1024x921 Entretien avec Honus Honus de Man Man

********************

9436 400x400 Entretien avec Honus Honus de Man ManMan Man
« On Oni Pond »
Chez Anti- / [PIAS]
Sortie le 14 octobre 2013

Réagir à cet article »