Festival Auvers-Sur-Oise à la Philharmonie de Paris

Dans le cadre de ce festival le 36ème du nom, une co-production avec l’orchestre de Chambre de Paris, Accentus et la Philharmonie a été faite pour interpréter, enregistrer une œuvre très peu connue, pratiquement pas jouée de Gounod : Saint François d’Assise.

Quel rapport avec Auvers-sur -Oise ? Et bien parce que la partition originale de cette courte œuvre, une vingtaine de minutes, se trouve à la Bibliothèque de la Congrégation des Sœurs de Saint Louis. Elle date de 1891. On pouvait admirer la couverture de la partition dans le hall de la Philharmonie (défense d’y toucher, une femme de forte corpulence de sécurité y veillait !). En fait ce « Saint François d’Assise » avait déjà fait l’objet d’une représentation en 1996. Depuis enterré ! En ce 22 juin elle a été enregistrée, une première ! On aime ce genre d’histoire dans le monde de la musique classique, ces partitions dont on a entendu parlées, qui ont disparu et que par hasard on retrouve ; elle sont souvent dans des couvents (voir le nombre de partitions du baroque italiens trouvées à Naples de Vinci, Porpora et autres Provenzale…), on a beaucoup papoté autour de la résurrection de la « Messe Solennelle » de Berlioz retrouvée sous le banc de l’organiste en 1992 à Anvers, partition qui soi-disant avait été détruite des mains même de Berlioz, etc etc.

Disons tout net cet événement de Saint François d’Assise est un non événement musical et on comprend qu’il n’a pas été rejoué depuis 20 ans ! Cette œuvre ultime de Gounod a un côté kitch, « un archaïsme savoureux » disent les spécialistes. Gounod était tombé dans le bénitier très tôt et on connaît surtout sa « Messe Solennelle de Sainte Cécile ». Cette musique romantique à souhait est composée sur dix vers que lui a envoyés un ami : Charles Gay ( ?) – si vous voulez en savoir plus sur ce poète ( ?), n’allez surtout pas sur internet on ne parle que de l’homosexualité du Prince Charles ! - Bref les paroles de cet oratorio sont assez ridicules, comme on savait les écrire à cette époque : « Viens, amant de la croix, je t’adore et me tais… » Et oui c’est Gay qui a écrit cela, on ne peut pas se tromper ! Désolé ce « Saint François d’Assise » était très bien perdu chez les bonnes sœurs d’Auvers-sur-Oise. Mais le succès de la soirée était quand même au rendez-vous grâce à l’interprétation des deux solistes et de l’orchestre sous la direction énergique et précise de Laurence Aquilbey. Le jeune Stanislas de Barbeyrac est un ténor lumineux et chantait avec conviction son amour érotique pour le Christ. Florian Sempey n’avait qu’une petite partie à défendre mais avec son timbre de baryton maintenant connu il n’a eu aucun mal à chanter sa partie sans difficulté vocale– on était loin de la partition du Figaro de Rossini où il a triomphé à l’Opéra de Paris – L’Orchestre, les Chœurs, la direction, étaient sans bavure et méritent le Paradis ! On pourra dire après cette audition j’ai entendu en direct le dernier oratorio de Gounod qui à mon avis ne sera pas réentendu de sitôt – Quand on pense aux nombres d’œuvres exceptionnelles de compositeurs d’aujourd’hui qui ne sont jouées qu’une fois ! – Bon il a fallu faire un programme autour de ces 20 minutes, alors on a eu droit à d’autres bondieuseries « La Légende de Sainte Cécile » d’un autre compositeur tombé lui aussi en religion à savoir Liszt, œuvre lénifiante au possible et puis deux œuvres bien sûr pour la patronne Sainte Cécile, une de Liszt avec la talentueuse mezzo Karine Deshayes qui a chanté cela bien droit (que demander de plus !) et puis celle toujours aussi jolie et courte, 6 minutes, de Gounod – il savait écrire de jolis thèmes le monsieur – interprétée au violon par la belle et douée Deborah Nemtanu qui a fait un tabac ! Le public était aux anges, son âme doit être au fond des cieux et il a sûrement gagné des indulgences à écouter ces œuvres ! Amen !

Le festival d’Auvers-sur-Oise a une programmation fantastique jusqu’ au 7 juillet, pour toutes informations festival-auvers.com