Gérard Depardieu, le plus russe des français, serait prêt à tourner un film sur la Tchétchénie a annoncé la présidence tchétchène après le passage de l’acteur à Grozny.
« Je veux tourner un film ici, montrer qu’on peut faire un grand film à Grozny », a déclaré l’exilé fiscal le plus sulfureux de France. Gérard Depardieu a été invité dans la capitale tchétchène par le président Ramzan Kadyrov, un proche de Vladimir Poutine et « un ami » de l’artiste français qui vient d’acquérir la nationalité russe. Quel genre de film prévoit de faire Gérard Depardieu ? On doute que ce sera un film engagé sur les conflits qui ont ravagé la Tchétchénie ces deux dernières décennies.
« J’ai entendu parler comme tout le monde du tempérament tchétchène » a commenté Depardieu devant les caméras de la télévision russe après avoir été accueilli en icône nationale dans la république du Caucase. Dîner de gala et nouvelles danses traditionnelles ont rythmé sa soirée, « Je suis sûr que ce sont des gens heureux qui vivent ici. Pour chanter et danser comme le font les Tchétchènes, il faut être vraiment heureux », s’est enthousiasmé l’acteur français. Le bonheur en trompe l’œil d’une l’oligarchie-ploutocrate tchétchène qui vit dans un pays ravagé par la guerre il y a seulement quelques années.
Terre de guerre
La Tchétchénie est une région peuplée majoritairement de Tchétchènes et d’Ingouches de confession musulmane. Intégrée à l’URSS, la Tchétchénie a connue ses premières déchirures avec Moscou après la déportation par Staline de 500 000 habitants de cette région du Caucase. En 1991, l’URSS est au bord de l’implosion et un mouvement indépendantiste voit le jour. En novembre 1991, juste un mois avant la dislocation de l’Union soviétique, se forma la République de Tchétchénie, séparée de l’Ingouchie. Quelques mois pus tard, une scission s’opère et la République tchétchène d’Itchkérie voit le jour en 1992 sans aucune reconnaissance internationale. C’est le début de deux conflits (1994-1996 et en 1999-2009) qui résonnent comme une guerre civile dans la nouvelle Fédération de Russie. Les combats ont fait des dizaines de milliers de morts selon les rapports de plusieurs ONG. La zone reste extrêmement dangereuse avec une guérilla tchétchène toujours active et jugée responsable de nombreux attentats par Moscou. L’ « ami » de Gérard, le président pro-russe Ramzan Kadyrov est parfois qualifié de « chien de guerre de Vladimir Poutine » et dirige d’une main de fer cette République du Caucase en reconstruction.
Depardieu, nouvel habitant de Saransk
Gérard Depardieu était arrivé en milieu de semaine en Russie pour finaliser l’offre de nationalité russe accordée par Vladimir Poutine en personne. Il s’est rendu en Mordovie où il a été enregistré en tant que résident de la ville de Saransk. Il habitera « rue de la démocratie » rapporte l’agence de presse Ria Novosti. Cette résidence est l’adresse de son ami Nikolaï Borodatchev, le directeur du Fonds d’archives cinématographiques russe, c’est en réalité une sorte de boite postale qui servira à des fins administratives. Gérard Depardieu ne risque pas de s’enterrer dans cette ville situé à plus de 650 kilomètres de Moscou.
Nouveau coup médiatiquo-culturel ou simple annonce dans le vent ? L’avenir dira si Gérard Depardieu jouera un jour dans un film pro-russe sur la Tchétchénie, un pari pas si risqué par cette star mondiale aux yeux des russes.
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