Le fondateur du célèbre magazine Citizen K, Kappauf, raconte ici son passé, son présent, ses opinions et ses choix.

Les journalistes décrivent toujours Kappauf comme un être excentrique, atypique ; ils parlent de lui comme s’il était fou, ou presque, ou du moins pas normal ; « original » comme ils disent, eux, les parangons de vertu, les thermomètres de la moralité. Et bien ils se trompent. Tous. Moi, je l’ai trouvé sympathique ; sa présence est rassurante, ses paroles sont intelligemment énoncées, son sens de l’humour est aiguisé, son discours est clairvoyant et sa vie, aussi extraordinaire soit-elle, n’est pas plus instable que celle d’une ménagère classique qui, il faut bien le rappeler, n’a souvent rien de simple à gérer au quotidien.

Évidemment qu’on s’est retrouvés au Flore ; where else could we go ? Il est arrivé en retard – fashion delay / fashion cliché / fashion looké – en fourrure, en habits sombres et en baskets flashy. Les gens l’ont remarqué, je crois. Le serveur, qui m’avait placé à une table franchement douteuse s’est empressé de s’excuser quand il a vu que c’était moi que Monsieur K. rejoignait : « Fallait le dire que c’était avec Kappauf l’interview ! ». Suis-je bête, pourquoi ne pas y avoir pensé ? Quelques minutes plus tard, on traversait la terrasse en direction de la meilleure table.

Château Margaux plein le ballon pour lui, eau minérale dans un verre moche pour moi, on a discuté, longtemps, mais pas assez longtemps pour s’en rendre compte. Est ensuite arrivé son assistant, Honoré, pompon rouge posé sur sa gavroche, la cerise sur le gâteau ; il s’est assis avec nous et je l’ai trouvé très drôle ! Parler avec Kappauf, c’est plaisant ; il donne l’impression de vous comprendre plus vite que les autres. Pourtant, il paraît qu’il est narcissique, l’argument étant de dire : « Regarde, son magazine s’appelle Citizen K ; K pour Kappauf. » Mon Dieu, celui qui fourre son doigt partout comme écrivait Flaubert, est-ce si grave ce K ? À la limite, un KKK, pourquoi pas, je comprendrais, mais là, juste un K, ça change quoi ? C’est lui. C’est tout.

Faut bien l’avouer : on aimerait tous être Kappauf, avoir un assistant, une nounou, diriger un grand magazine, faire peur aux gens bien comme il faut et faire rire malicieusement les gens un peu trop concrets, ceux qui aiment le foot et l’ennui plus que la mode et la vie. Une chose est sûre : « il n’y a pas de héros sans auditoire », et l’inverse se vérifie également. Citizen K est lu chaque saison par plus d’un million de personnes.

Interview :

Comment s’est passée votre enfance ?

Mes parents étaient des militaires. Nous étions une famille très simple et très modeste de travailleurs dans l’armée. Et voilà ce que ça donne les enfants de militaires ! Adolescent, en arrivant en France, je suis allé à l’école chez les maristes, à Senlis, qui sont quand même plus cools que les jésuites. Mais je suis œcuménique. Nous étions encadrés par de vrais curés, dont un était vraiment pédophile mais très drôle ; il tenait la boutique de fournitures scolaires qui était exigu, et forcement, nous devions nous frotter à lui lorsque nous allions chercher quelque chose là-bas, et ça ne lui déplaisait pas. Mais… la pédophilie après douze ou treize ans, ce n’est plus de la pédophilie ; Nabokov a écrit Lolita sur ce sujet là. Et il existe aussi des Lolito ! Une fois qu’un enfant est pubère, il ne sait pas encore ce qu’il veut mais il sait cependant ce qu’il ne veut pas ! Moi, j’étais un indien en arrivant en France. J’ai fréquenté des écoles plutôt bourgeoises, en plus d’être religieuses, dans lesquelles je côtoyais d’autres jeunes d’origines des variées. Il y avait des cas sociaux, des enfants de grands bourgeois ou des gosses de militaires, comme moi. Ce mélange était très intéressant ; il m’a permis de me frotter au vulgum pecus de la même manière qu’à une sorte d’élite incarnée par les rejetons de grandes familles.

Votre frère aussi a réalisé une belle carrière.

Mon frère est le producteur Alain Kappauf, qui a fait les séries à succès Caméra Café ou Scènes de ménage. Il est plus grand public que moi. Il est aussi plus âgé et il a quitté la maison assez jeune, donc nous n’avons pas été élevés ensemble.

Vous le voyez toujours ?

On ne se voit pas trop car il est un peu sauvage, mais l’on s’aime, à distance.

Détestez-vous toujours la bourgeoisie ?

Les bourgeois sont mes clients, alors je ne vais pas les détester. Mais, j’ai eu une époque révoltée pendant laquelle, effectivement, je n’aimais pas les bourgeois. Cependant, ce sont plutôt les bobos socialo-gauchos que je déteste, ceux qui sont animés par la bien-pensance et les bons sentiments mais qui, au delà des discours, n’agissent jamais. Avec les bons bourgeois « old school » et bien réactionnaires, au moins, on sait à qui l’on a affaire et, finalement, ils sont plus simples à cerner ; avec eux, tu as ce que tu vois, comme on dirait en anglais.

Comment se sont passés vos débuts dans la nuit à Paris ?

J’ai suivi le parcours classique, celui des bars de la rue Sainte-Anne, jusqu’au Palace, entre autres. J’étais assez mignon à l’époque ; j’étais squelettique ; j’avais de grands yeux bleus ; je me décolorais en blond. J’étais beau mais pas à la manière d’un beau gosse classique, c’est-à-dire que j’étais surtout très sexuel et sexué, quoique très androgyne, à la David Bowie sans les yeux verrons. À l’époque, je ne connaissais personne dans la nuit parisienne. J’étais perdu puisque je venais d’un milieu assez simple et j’avais les facultés de faire de grandes études mais pas les parents qui m’avaient dit que l’excellence académique, c’était soit Science po, soit HEC ; je ne savais même pas que de telles écoles existaient. Et si j’avais fini guichetier dans une banque, ma mère aurait été très contente. L’avantage que j’ai eu plus jeune, ce fut que mes parents me faisaient travailler un mois tous les étés ; ce n’était pas du travail forcé mais ça m’a permis de découvrir plein de petits jobs, en travaillant dans le milieu hospitalier, dans une gare et même dans une banque. Je leur rends hommage pour m’avoir initié à la vie car j’ai exploré, grâce à eux, le genre de jobs et le système dans lesquels je ne voulais pas évoluer plus tard ; je ne voulais pas de ce genre de destin. Ensuite, j’ai poursuivi mes études de lettres, au point que je parlais couramment latin, il y a longtemps, mais j’ai fini par oublier, faute de pratiquer cette langue assez régulièrement…

Qu’avez-vous fait après la fac ?

Une année, juste avant les années 80, je suis parti, avec des copains et des copines, aux Etats-Unis, à New York, puis nous avons pris un bus Greyhound pour traverser le pays jusqu’à San Francisco. En rentrant en France, j’ai tout abandonné pour repartir là-bas aussi vite que possible. J’ai suivi des cours au San Francisco Art Institute et j’y ai découvert la vie. Je traînais plutôt dans le milieu punk, rock, du côté de Polk Street. Tous les groupes anglais de passage à San Francisco pour un concert venaient dormir chez nous. Sont donc venus Robert Smith des Cure ou Siouxsie de Siouxsie and the Banshees, qu’on ne voyait jamais le matin parce qu’elle s’enfermait dans la salle de bain pendant des heures pour se maquiller.

Vous ne preniez que de la coke ?

Pas à l’époque. À San Francisco, on ne prenait que du Quaalude, qui avait un effet similaire à celui de l’extasy.

Pourquoi, lorsqu’on lit vos précédentes interviews, les références à la drogue et à la défonce sont-elles aussi nombreuses ?

J’ai bien voulu appuyer sur ce côté là à une époque parce que c’était de bon ton d’être défoncé, et ça me permettait de dire que je connaissais aussi cet univers de la drogue et des excès. Certes, j’ai eu une période d’errance ; j’ai fait une grosse crise de la quarantaine ; tout ce que je n’avais pas pu vivre plus jeune parce que j’étais trop coincé ressortait d’un coup, violemment. Mais sincèrement, c’est parce que j’étais coincé que je suis encore vivant ; en ayant vécu à San Francisco au moment où le Sida a explosé, quand tous les gays ou presque ont été contaminés, si je n’avais pas été aussi réservé, je ne serais plus de ce monde pour en parler. Je n’étais pas libéré physiquement puisque j’étais complexé, même si je plaisais. On m’a même proposé de l’argent pour coucher avec moi ! Une fois, je passais devant le drugstore de Saint-Germain, un endroit où il y avait des prostitués, et l’on m’a proposé cinq cent francs pour une passe. J’ai failli accepter, pour l’expérience, mais je me suis débiné lâchement. Sinon, j’étais très opposé à Kurt Cobain lorsqu’il était à la mode, lorsque tous les branchés l‘adoraient, puisque je montais mon business et que j’étais dans une phase très positive de ma bipolarité, et ce qu’il faisait me replongeait dans une sorte de déshérence néo punk, grunge, que j’avais déjà vécue. Citizen K, au début, était à l’opposé de cette image là ; la ligne éditoriale du magazine était très « bling ». En toute humilité, le « bling » dans la mode est né dans Citizen K parce que le rap américain m’inspirait. J’allais souvent à New York et je traînais dans les boîtes comme le Jackie 60, là où tous les grands rappeurs de l’époque allaient. Dès Run DMC ou Public Enemy, j’ai commencé à suivre la scène rap américaine, même si j’étais aussi inspiré par la coldwave ou la new wave néoromantique.

Que faisiez-vous avant de fonder Citizen K ?

À Los Angeles, j’avais un petit copain qui était coiffeur pour l’industrie du cinéma. Pendant un tournage, j’ai été le rejoindre aux studios, et il travaillait sur un film bourré d’effets spéciaux qui nécessitait des maquillages complexes, façon planète des singes ; j’avais trouvé cela fascinant. J’ai donc commencé par apprendre à réaliser des effets spéciaux avec du maquillage pour transformer les gens. En revenant à Paris, puisque je ne savais que maquiller, je me suis donc dirigé vers la mode. J’ai d’abord maquillé pour un show Gautier, puis j’ai rencontré Paco Rabanne, lui qui avait annoncé la fin du monde, ce personnage perché, qui avait même dit à mon sujet : « J’adore Kappauf mais il est trop fou pour moi ». Juste avant de lancer le magazine, je suis devenu le directeur artistique d’une marque de cosmétiques, mais ça m’a vite ennuyé ; j’avais quand même d’autres centres d’intérêt que les produits de beauté.

Comment est né Citizen K ?

J’avais la volonté, même si je n’en avais pas les moyens, de faire de Citizen K un grand magazine pour un large public, alors ça m’énervait lorsqu’on disait qu’il s’agissait d’un fanzine. J’ai toujours considéré qu’il fallait regarder par le haut et vers le haut. Comme j’avais un problème d’amour propre, je ne pouvais pas avoir un magazine pour les fans ; je cherchais un public, pas des fans. J’ai donc tout fait pour développer au maximum la diffusion de Citizen K jusqu’à aujourd’hui. Et nous sommes désormais l’un des magazines de mode les plus diffusés du secteur de la mode.

Pourquoi avoir vendu le magazine, puis l’avoir racheté ?

Nous avions besoin de financements, donc je l’ai vendu. Toutes les diableries et les manipulations politiques ont été faites à ce moment là. J’ai ensuite continué à avoir la main sur mon magazine, ce qui était quand même la moindre des choses, même si je l’avais vendu puisque j’étais aussi inclus dans la vente. Les investisseurs espéraient probablement qu’au bout de quelque temps, j’aurais lâché l’affaire. Et finalement, j’ai eu l’opportunité de le racheter après deux ou trois ans.

Qui étaient ces investisseurs ?

Il s’agissait d’investisseurs suisses, des hommes d’affaires, cependant très loyaux, qui m’ont proposé de racheter Citizen K lorsqu’ils s’apprêtaient à le revendre.

Comment avez-vous réussi à transformer et faire évoluer Citizen K au fil du temps ?

Il faut être un peu stakhanoviste dans l’âme.

Vous êtes staliniste ?

Non, je suis un peu un militant politique, mais je vous rassure, d’aucun parti existant, puisque je suis un libéral-libertaire et le dernier qui s’est présenté sous cette étiquette en France, Alain Madelin, a fait 3,91% à l’élection présidentielle.

Pourquoi avoir pris Guillaume Durand comme rédacteur en chef pour diriger Citizen K ?

Je l’adore. C’est un anticonformiste, les services publics ne l’aiment pas; il est libre, cultivé, sensible ; il a un côté fumiste que j’aime bien puisque j’aime bien ce que je ne suis pas. Et il y a aussi Mathias Debureaux qui officie en tant que rédacteur en chef, et qui est aussi un garçon brillantissime.

Quel est le secret pour qu’un magazine de mode puisse rester à la mode ?

La réponse est un peu dans la question : il ne faut pas être seulement un magazine de mode. Je ne veux pas être comme Lidewij Edelkoort qui, en partant à la retraite, et sans doute aussi parce que ses affaires marchaient moins bien, a déclaré que la mode était morte ; je trouve cela pathétique. Certes, la mode a beaucoup changé et les nouveaux médias ont probablement contribué de manière importante à la confusion générale, mais il est ridicule de considérer les bloggueurs comme les nouveaux apôtres du goût ou des prescripteurs de la mode ; leur inculture est telle que s’en est pathétique ; ils ne connaissent rien à l’histoire de la mode ou à l’aspect technique de la création. On ne peut pas faire table rase du passé ; je pense que du néant rien ne vient. Le mythe de la terre brûlée, de ceux qui ne regardent jamais en arrière est un mirage, une hérésie.

Malgré la mode, n’avez-vous jamais été un suiveur ?

Non, et c’est bien ça mon problème. J’ai toujours l’envie et le besoin de croire qu’il faut aller de l’avant. Andy Warhol disait que tout le monde connaîtra son quart d’heure de célébrité. Aujourd’hui, cette prédiction s’est avérée : qui n’a pas connu, grâce aux réseaux sociaux ou à la téléréalité, son moment de célébrité ? D’ailleurs, je viens de participer à un truc de ce genre, Projet Fashion. Mais ce n’est pas le quart de célébrité qui compte, c’est le quart d’heure d’avance, même si ce n’est que mon avis.

Que pensez-vous de l’astrologie ?

Si certaines prétendent que la psychanalyse est une science, je ne vois pas pourquoi l’on ne pourrait pas considérer l’astrologie comme telle ; une science humaine, certes, mais une science quand même. Souvent, les béliers, les gens comme moi, montrent la vie.

Pourquoi avoir sorti un numéro spécial « mauvais genre » avec une interview de Jean-Marie Le Pen ?

On se rend compte que finalement, par rapport aux dérives de sa fille, Jean-Marie Le Pen n’était pas si méchant que ça, sauf verbalement, dans ses déclarations et ses dérapages volontaires. Marine Le Pen est bien plus dangereuse que son père ; c’est une vraie nationale-socialiste, quelque chose d’inspiration nazie, ce qui est, d’un point de vue économique et politique, complètement inacceptable. Et quand on sait que parmi les membres actuels du Front national, il reste encore quelques nazillons, cette histoire devient très flippante ! À la différence de sa fille, lui assumait le côté sulfureux de son parti et ses membres aux passés chargés ; au moins, ça avait le mérite d’être clair, et donc de ne pas être ni recevable, ni crédible pour la majorité des électeurs.

Ne craigniez-vous pas qu’interviewer ce genre de personnage puisse nuire à Citizen K ?

Nous avons aussi interviewé Manuel Valls, Michel Rocard, Pascal Lamy et beaucoup d’autres hommes politiques. Et jusqu’à nouvel ordre, le Front national n’est pas interdit en France. À ce titre là, ses dirigeants ont le droit à la parole, comme n’importe quel autre politicien, puisqu’ils font partie de la vie politique française. Je pense cependant que Nicolas Sarkozy aurait dû absorber le FN quand il en a eu l’occasion, en 2007, de la même manière que François Mitterrand avait absorbé le parti communiste français grâce au programme commun. Il ne faut pas oublier qu’après deux années avec Pierre Maurois en tant que Premier ministre, Mitterrand a été le président le plus libéral que la France n’ait jamais connu, avec George Pompidou.

Quelles sont vos convictions politiques ?

Je suis un libertarien depuis très longtemps ; il suffit de lire mes éditos publiés dans les premiers numéros de Citizen K pour s’en rendre compte. J’en ai même parlé dans une interview de Clint Eastwood que j’ai faite - lorsqu’il venait de quitter la maire de Carmen - dans laquelle il m’expliquait être aussi un libertarien qui prônait la liberté maximale et l’autodétermination des peuples, et non la régulation imposée et encadrée par les lois. À une certaine époque, j’étais aussi très ami avec Alain Soral, qui lui était idéologiquement à l’opposé de mes positions, puisqu’il était à fond communiste. Mais contrairement à lui, je suis resté fidèle à mes convictions de l’époque. Il était très gentil et très fréquentable avant de déconner. Nous passions des week-ends ensemble à la campagne, en compagnie de Simon Liberati.

Souvent, vous dites que vous fréquentez assez peu le monde de la mode.

Les gens de la mode, je ne les fréquente presque pas. Ces personnes, je les croise, je les respecte, je les salue poliment mais ça s’arrête là. J’ai besoin de respirer, d’avoir un monde secret à moi composé d’amis issus d’univers très variés, même si j’admire aussi certaines personnalités de la mode, comme Azzedine Alaïa.

Pourquoi avoir choisi de mettre Caroline Vreeland en couverture du dernier numéro de votre magazine ?

Sa grand-mère était exceptionnelle ; une personnalité autrement plus grande qu’Anna Wintour, pour qui j’ai quand même beaucoup de respect ; Wintour, c’est la patronne du Daesh de la mode. Mais psychanalytiquement, son comportement s’explique. Vous allez trouver mon explication simpliste et un peu facile, mais écoutez-moi quand même… La grande majorité des créateurs de mode sont homosexuels, donc à la recherche de la femme idéale à travers leurs icônes et dans leurs créations. Or, Anna Wintour est la plus grande castratrice que la mode n’ait jamais connue…

Un peu comme quand Frédéric Mitterrand qualifie Marine Le Pen de « Madone à pédés »…

Il a dit ça ? Et bien il a raison. Et c’est aussi vrai pour Anna Wintour, puissance planétaire, puisqu’elle règne sans partage sur son petit monde. Wintour est une icône gay.

Comptez-vous continuer à travailler pour Citizen K jusqu’à votre mort ?

Pour l’instant, je ne me pose même pas la question. Je ne suis pas sûr que, comme Dalida, je veuille mourir sur scène. Mais tant que j’y trouve un intérêt, je continuerai probablement. J’adore le stress que cela génère. C’est aussi ce qui me fait vivre ; c’est le projet d’une vie, même si je mène l’existence d’une ménagère de plus de cinquante ans, celle qui est sereine puisque ses enfants sont grands et autonomes.

Que lisez vous, à part les classiques comme Flaubert ou Laclos ?

J’adore Madame Bovary, évidemment, et le bovarysme en général qui raconte l’histoire de cette bourgeoisie éternellement insatisfaite. Et au delà de l’histoire, il y a évidemment le style de Flaubert, qui est le plus grand styliste de la littérature française. Mais j’adore aussi Antonin Artaud et d’autres plus récents, même si, en ce moment, je suis plutôt intéressé par les biographies.

Êtes-vous heureux ?

Le bonheur n’existe pas, seuls des moments de bonheur existent ; c’est la madeleine de Proust finalement, voire l’œuvre de Proust entière. Il faut vraiment être con pour être heureux .

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Site internet du magazine : http://www.citizen-k.com/

Le dernier numéro de Citizen K est en vente dans tous les bons kiosques depuis jeudi 2 avril.

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