Une vaste étude française révèle une diminution préoccupante de la quantité du sperme : l’exposition aux perturbateurs endocriniens invoquée.
C’est un sujet d’étude qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, régulièrement les chercheurs se penchent sur la qualité des spermatozoïdes. Depuis 1950, toutes les analyses scientifiques s’accordent sur une certaine baisse de la concentration en spermatozoïdes. C’est une étude danoise réalisée par l’équipe de Niels Skakkebaek qui a mis en évidence une diminution de près de 50% du nombre de spermatozoïdes entre 1938 et 1990. Mais cette fois, jamais un échantillon d’hommes aussi important n’avait été réunis : 26 600 personnes, tous participant à un programme d’AMP (assistance médicale à la procréation). Seuls les hommes ayant une partenaire stérile ont été retenus. Cette étude est le fruit d’une coopération exceptionnelle entre l’institut de veille sanitaire (InVS) et l’institut national de la recherche médicale (Inserm) basée sur les statistiques de l’AMP.
Un déclin constant
Selon le docteur Le Moal en charge des recherches, « la nouvelle étude démontre une diminution significative et continue de la concentration du sperme atteignant 32.2% sur la période étudiée » En effet, un homme de 35 ans en 1989 avait un sperme d’une concentration moyenne de 73.6 millions de spermatozoïdes par millilitres. Elle chute à 49.9 millions en 2005. Ces chiffres sont d’autant plus alarmants qu’en dessous de 20 millions, un homme est considéré comme stérile ! De plus ce taux décroit de façon régulière et continue : Le docteur le Moal précise : « Nous avons constaté un déclin régulier, quasi linéaire, d’en moyenne 1.9% par an ».
La liste des suspects est longue
Le problème, c’est qu’il est très difficile d’identifier précisément les causes de ce processus. Le docteur Le Moal envisage malgré tout une piste : « L’étude est plutôt en faveur d’un effet des perturbateurs endocriniens. ». Pour le Docteur Roy, qui s’est penché sur les conclusions de ces recherches : « il faudrait beaucoup de moyens et mettre en place une foison d’études pour identifier les causes de cette perte spermatique. Depuis les années 50, de nouvelles habitudes de consommation sont apparues, il faudrait les étudier toutes dans le détail pour localiser un éventuel responsable. Parmi eux il serait primordial d’étudier les résidus médicamenteux présents dans l’eau du robinet issus de la consommation de pilules contraceptives composées d’hormones. Il faut aussi se pencher sur les techniques agricoles modernes, pesticides, fongicides, insecticides, ainsi que les engrais chimiques qui jouent un rôle dans ce déclin. Sans compter les produits cosmétiques, la pollution. La consommation de médicaments, d’antidépresseurs dont les français sont fortement consommateurs. Il y a une crise actuelle du moral des individus, cela aussi peut avoir un effet sur la production de spermatozoïdes : l’axe cortico-endocriniens a une action majeure sur la sécrétion hormonale ». En d’autres termes le taux de spermatozoïdes dépend aussi d’une bonne disposition mentale. Un nombre incalculable de causes sont susceptibles de causer cette déficience, malheureusement ces habitudes a atteint son paroxysme ces dix dernières années et les chercheurs ne possèdent pas encore assez de recul pour connaître leurs conséquences. Il faudra attendre 20 ou 30 ans pour déterminer parfaitement leurs effets.
Par Arthur Herlin
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