Les chionosphérophiles sont des personnes très particulières, mais dont vous pouvez faire partie : bienvenue dans cet article de boule. Autant tuer le suspens tout de suite, le mot est complexe, le fond un peu moins : la chionosphérophilie, c’est le fait de collectionner les boules à neige. Ouais, ces petits globes en verres généralement réservés aux beaufs du monde entier qui gardent sous cloche des mauvaises reproductions de monuments, des fées, des trolls et autres réjouissances. L’étymologie de la chionosphérophilie est douteuse : « Composé de chionosphère, synonyme rare de « calotte glaciaire ». Déjà, à la genèse, l’inventeur de ce terme n’a pas tout compris : le coup de la neige - phénomène noble dans l’imaginaire collectif -, c’est pour éviter de dire « Je collectionne les boules à neige mais aussi celles avec des confettis multicolores et n’importe quoi d’autre susceptible de flotter sur mes trucs sous verre » . Personnellement, j’ai un palmier sur une île qui se serait senti bien con si il lui neigeait dessus. Ah, et encore plus énervant : il est possible de dire neigenboulophilie. Sans déconner, je pensais pouvoir constituer une armée avec mes 5-6 pièces qui trônent sur mon micro-ondes, mais les vrais, les purs, les généraux des boules à neige sont bien au dessus. Je ne suis qu’un sous-fifre. Ils y dédient des pièces entières de leur maison, et vont à des salons dans des bars ; le genre d’endroits où l’on parle de « la dimension philosophique et humaine » des « sphères neigeuses » . L’organisateur de cette réunion, Yves Tollec, estime le nombre de collectionneurs à 850 en France. Et certains tiennent même des blogs. Situés dans les plus sombres recoins de l’Internet, ces sites au CSS à l’agonie, où l’accueil se résume à « Bienvenue sur mon site de boules » option « Si vous avez des boules dont vous voulez vous débarrasser ou si vous voulez faire des échanges, écrivez-moi. » vont vous faire rêver. Les chionosphérophiles sont des gens formidables . Contenu de ces blogs magiques ? Des récits émouvants de personnes qui semblent avoir centralisé leur vie entière autour de l’objet, je cite : « Istanbul… bon, là non plus j’y suis pas allée… peut-être un jour… mais je sais pas si y a beaucoup de boules à neige là-bas… » Bon, très bien. Donc inutile d’essayer d’aller traîner du côté de mont Sinaï ou du désert de l’Atacama : ces gens du tiers monde ne produisent sûrement rien de nature à orner une étagère correctement selon les critères - rigoureux - de ces collectionneurs pas comme les autres. On apprend aussi que les chionosphérophiles sont divisés en deux catégories : ceux qui assument le kitsch et le revendiquent, et ceux qui sont dans le déni, comme Miss tourisme de boule : «Celle là, elle vient de Paris… On était au Galeries Lafayette et j’ai choisi deux boules (…) et à la caisse, surprise, la madame la caissière n’en avait compté qu’une!!! merci madame la caissière! » Ils se réjouissent vraiment, quelle chance ! Le quotidien des chionosphérophiles est rythmé par les brocantes, là où leurs boules pourraient se cacher. Remarque : à 1 :30, constatons que c’est encore de la faute des Québécois si ce genre d’obsession naît . Ils ont également un message à faire passer : ils ne sont pas seuls . L’acteur Corbin Bersen fait partie des chionosphérophiles. Vous ne savez pas qui c’est ? Moi non plus. Les pages renvoient souvent vers d’autres du même thème, pour qu’on ne soit jamais en rade de découvertes enneigées : petit chionosphérophile américain , chionospherophile virtuel … Malheureusement, tout les collectionneurs propriétaires d’un blog semblent s’être figés dans l’espace temps en 2005 ( date potentielle de la création d’une secte.) La question ultime demeure pourtant sans réponse. Pourquoi cette passion ? Hypothèse numéro 1 : Elles comblent un vide affectif. La dame de Montluçon appelle ses boules « mes p’tites filles » (l’apostrophe est très important ), et certains commentaires sont probants. Pour n’en citer qu’un : Le mardi 27 janvier 2004, 18:41 par bouba : « Moi je fais la collection des boules à neige depuis 5 ans j’en ai 70 j’en trouve partout j’en ai des monstrueusement énormes (ndlr : des boules), originales et belles. j’aime ça car quand je les regarde j’ai l’impression d’avoir enfermé un petit bout de paradis rien qu’à moi, des fois ça rend un peu mélancolique mais c’est tellement beau… » Hypothèse numéro 2 : Distraire le monde. La seule raison d’être de cette théorie réside dans l’existence de ce site web : cliquez sur « contact » pour avoir une idée encore plus précise du registre. Amis chionosphérophiles, réjouissez-vous, votre passion vaincra… un jour… dans longtemps… peut-être ! Partager :Tweet Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié.CommentaireNom* Email* Site Web Oui, ajoutez moi à votre liste de diffusion. Prévenez-moi de tous les nouveaux commentaires par e-mail. Prévenez-moi de tous les nouveaux articles par email.