Orchestre Pasdeloup, Christoph Alststaedt (direction), François Dumont (piano). Dimanche 24 février 2019.

  • Elzbieta Sikora : Miniatures.
  • Robert Schuman : Concerto pour piano et orchestre en la mineur op.54.
  • Johannes Brahms : Symphonie n°4 en mi mineur op.98.

C’est avec Miniatures, une composition de sept minutes d’Elzbieta Sikora, que le concert de ce dimanche a débuté. Cette artiste a longtemps travaillé à l’Ircam et l’on sent l’influence de cette institution dans cette œuvre de 2013. Stridences et dissonances sont comme une succession de lumières et d’ombres avant que le morceau retrouve une fluidité qui le mène doucement jusqu’à sa fin.

Arrive François Dumont ; c’est sa première fois dans cette immense salle; on imagine son dépaysement, lui l’habitué de la Salle Gaveau, cet écrin parfait pour le piano. Ici, il faut se faire entendre du premier au dernier rang, du plus haut balcon à trente cinq mètres du piano !

Heuresement l’acoustique parfaite du lieu diminue les distances et François Dumont n’a pas besoin de forcer son jeu. On retrouve la fluidité sensible qu’on lui connaît et dans cette tonalité de la mineur du concerto de Schuman, tonalité lisse et mélancolique à la fois, il se laisse aller à de belles ruptures de rythme, à de belles ondulations auxquelles le jeune chef Christoph Altstaedt obéit et commande, avec une parfaite habileté, à un Orchestre Pasdeloup de qualité. Ce concerto, pur exemple du concerto romantique, n’est pas un morceau virtuose, c’est une conversation, un dialogue entre l’orchestre et le soliste où se succèdent les murmures et les déclarations lyriques à la fois beethovéniennes et wagnériennes. Etrange sensation parfois, que le pianiste entraîne le chef dont la gestique enthousiaste n’est qu’un élément de plus dans le rythme du morceau. La symbiose est si parfaite qu’on ne sait plus dans quel sens elle fonctionne. Belle liaison de l’intermezzo avec l’allegro finale qui s’enchaînent sans interruption comme l’a voulu Schumann.

Contrairement à la douceur de l’intermezzo, le dernier mouvement s’achève dans un galop sautillant qui impose une dextérité (une espèce de tricotage romantique !) qui n’effraie pas François Dumont. Applaudissements mérités.

Lorsque Françoise Sagan interrogeait : « Aimez vous Brahms ? » Elle sous entendait que certains ne l’aimaient pas. Cette vieille querelle germanopratine n’est plus d’actualité; Brahms est présent dans le répertoire au même titre que Mozart ou Beethoven. Sa Quatrième Symphonie, la dernière, est probablement la plus aboutie. Elle fait la part belle aux vents, aux cors (instrument de prédilection de Brahms) et le célèbre solo de flûte du final en est l’exemple parfait. La direction de Christophe Altstaedt est précise et fougueuse, les temps forts sont marqués franchement par des violoncelles volontaires et tempétueux, ce qui donne à cette œuvre, où flotte l’influence de Jean Sébastien Bach (la cantate Nach dir, Herr verlanget mich), une puissance qui hisse cette symphonie au niveau de celles de Beethoven.

 

 

 

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Réalisateur, journaliste

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