Critique: « Sâdhu » de Gaël Métroz, dans l’intimité d’un ermite hindou

Stéphane Loison 06/11/2013 0
« SÂDHU », un film de Gaël Métroz. Sortie le 6 novembre. Critique.

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Il y a 8 ans, Suraj Baba s’est retiré du monde pour devenir un renonçant, un ermite isolé dans une grotte perdue à 3000 mètres d’altitude au cœur de l’Himalaya, pour s’efforcer de devenir sâdhu. Mais contrairement aux autres, il ne porte pas de dreads et ne se maquille pas.

Les sâdhus forment un ordre vieux de plus de cinq mille ans. Ils descendent des rishis, les voyants originels dont les histoires sont contées dans les premiers livres saints. Ils ne sont pas soumis à un dogme, ils épousent un mode de vie plutôt qu’une doctrine. On vient auprès d’un sâdhu fréquenter Dieu, côtoyer la sainteté vivante, demander conseil, solliciter son opinion, s’interroger sur l’au-delà.

Tous les 12 ans, a lieu la Kumbha Mela, qui réunit plus de 70 millions de pèlerins. C’est la première fois que Suraj Baba peut assister à cet événement. C’est l’occasion pour lui de réaffirmer son engagement, de rencontrer d’autres sâdhus et de faire connaissance avec des maîtres à penser, les gurus. Mais quand il découvre la foire bigarrée et commerciale qu’est ce rassemblement soi-disant spirituel, sa foi est ébranlée et son choix vacille.

Gaël Métroz a accompagné durant 18 mois Suraj Baba lors de son voyage initiatique, de cols de l’Himalaya aux plaines du Gange, du Mustang aux lacs sacrés de Damodar.

Ce jeune réalisateur suisse est parti seul vivre ainsi avec ce sâdhu et il nous amène au plus proche de l’intimité de ce sage hindou. Les images sont superbes, le discours de ce personnage sur ce qu’il est, ses désirs, ses doutes, ses décisions, son regard critique sur les pèlerins, ces moments où il improvise avec sa guitare comme un Richie Havens, tous ces moments au cours du documentaire sont passionnants. La musique tient un rôle important dans le film et n’est pas une musique exotique, folklorique ; Julien Pouget l’a composé avec l’aide d’un sitariste Oridam Chakraborty, véritable prodige de cet instrument. Suraj ayant joué dans son adolescence avec un groupe rock, donc parfaitement au courant de la musique occidentale et bien entendu de la musique indienne. Le réalisateur a voulu une fusion de ces deux cultures.

Gaël Métroz nous offre au cours de ces 90 minutes un voyage unique dans l’Inde et nous fait découvrir une partie de sa beauté et de sa pensée.

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