Après plus de 24 heures de suspense, Jean-François Copé a été élu, lundi soir, président de l’UMP par la COCOE avec seulement 98 voix d’avance. Tel un gentleman, il a aussitôt tendu la main à François Fillon, qui a refusé de la saisir, affirmant ne pas “se satisfaire” de ce résultat. Dans tous les cas, le duel annoncé a tenu toutes ses promesses!

“C’est une grande victoire pour nous. C’est un grave échec pour lui parce que c’était quand même la chronique d’une victoire annoncée”, exultait-on lundi soir dans le clan Copé.

Après plus d’une journée entière passée à vérifier les résultats remontés des départements et alors que, jusqu’au dernier moment, chaque camp s’envoyait à la figure, via leurs avocats respectifs, des irrégularités dans tel ou tel bureau de vote, la COCOE a décidé de mettre fin au rocambolesque feuilleton à 22h30 en renvoyant les deux parties dos à dos. “Nous avons décidé à l’unanimité de la commission de ne modifier aucun résultat et de maintenir les résultats tels qu’ils nous sont parvenus”, a précisé le président de la COCOE Patrice Gélard dans une déclaration devant la presse au siège de l’UMP, “parce que nous pensons qu’il ne s’agissait pas, au sein de la commission, de remettre en cause ce que les électeurs avaient choisi, même s’il y a eu des dérapages ici ou là”.

Une mobilisation importante

Pas moins de 176.608 adhérents de l’UMP ont participé au scrutin dimanche, mais au total, M. Copé ne l’emporte que sur le fil, avec 50,03% des suffrages. Sur 174.678 votes exprimés, le secrétaire général de l’UMP a recueilli, selon le président de la COCOE , 87.388, voix, contre 87.290 pour François Fillon, qui a donc obtenu 49,97% des voix. Quelques minutes plus tard, lors d’une courte déclaration depuis son QG de campagne, François Fillon s’inclinait devant ce résultat dont il “a pris acte”, mais avec mauvaise grâce.

“J’ai été élu à la majorité absolue des suffrages exprimés”, s’est aussitôt félicité Jean-François Copé dans sa deuxième déclaration de victoire en 24 heures. “La droite décomplexée (…) elle est de retour”, a-t-il lancé. “J’ai téléphoné à François Fillon” et “je lui propose ainsi qu’à toutes celles et ceux qui ne m’ont pas apporté leur soutien dans cette campagne de me rejoindre”, a-t-il ajouté. “Mes mains et mes bras sont grand ouverts“, a-t-il ajouté en précisant avoir eu au téléphone Xavier Bertrand, Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet.

“Ce temps de l’action qui est maintenant venu doit se faire dans un bon esprit”, a-t-il insisté. “Il est normal que les périodes électorales (…) donnent lieu à quelques tensions personnelles”, mais “il n’y a dans mon esprit comme dans mon coeur ni amertume ni rancoeur” et “ce qui nous rassemble est infiniment supérieur à ce qui nous divise”, a-t-il affirmé. “Nos adversaires, ils sont à gauche”.

Fillon perplexe

Alors que Jean-François Copé venait de l’appeler à le “rejoindre”, l’ex-Premier ministre n’a pas saisi la main tendue. “J’aurais préféré (me) satisfaire” de ce résultat. “Tel n’est pas le cas”, a-t-il déclaré, en dénonçant “les méthodes” qui se “sont déployées” lors du scrutin et les “nombreuses irrégularités”.

“Ce qui me frappe surtout ce soir, c’est que la fracture qui traverse notre camp politique est désormais manifeste”, a déclaré François Fillon à l’issue de l’élection. “Cette fracture est à la fois politique et morale. La réduire et la dépasser, tel est l’objectif que désormais je m’assigne. Je ferai connaitre dans les jours qui viennent les formes que prendra pour l’avenir mon engagement politique”, a-t-il conclu. La guerre entre Copé et Fillon est partie pour durer…

Le FN jubile!

Dès dimanche soir, le vice-président du FN, Florian Philippot, n’a pas manqué l’occasion de “tirer sur l’ambulance”: “J’ai une pensée ce soir pour les adhérents, pour les militants, pour les sympathisants de ce parti.(…) Ça démontre qu’il n’y a plus rien à attendre d’un parti aussi fracturé, qui n’aura pas de leader, qui n’aura pas de chef et donc qui n’aura pas la capacité de peser face au gouvernement socialiste et d’incarner une autre voie.”



Philippot : “On assiste en direct au crash de… par BFMTV

«L’UMP a complètement raté sa campagne interne.» Invitée du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, Marine Le Pen - qui s’exprimait alors que les résultats définitifs n’étaient pas encore connus - a affirmé que les deux rivaux «ont terminé leur campagne interne en s’insultant». Selon elle, «la différence fondamentale entre Fillon et Copé, c’est que Fillon est de centre gauche et il le dit; et que Copé fait semblant de ne pas être au centre gauche». Pour Mme Le Pen, «ni l’un ni l’autre n’ont l’autorité et la légitimité nécessaire» pour présider l’UMP. «Quel que soit le vainqueur, ça va être quatre années d’enfer», a-t-elle prédit.

Flash Back socialiste

“Je ne laisserai pas la victoire échapper aux militants.” La formule que François Fillon a utilisé dimanche soir fait écho à celle de Ségolène Royal, qui en 2008 contestait en des termes identiques la victoire de Martine Aubry lors du congrès du Parti socialiste. L’ancien ministre Marc-Philippe Daubresse ne s’y est d’ailleurs pas trompé: “Ça me rappelle le congrès de Reims” a-t-il déclaré. À l’époque, la victoire avait été donnée à Martine Aubry, par 102 voix d’avance: c’est à peine plus que le nombre de voix qui séparaient François Fillon de Jean-François Copé. Pour rappel, le PS avait eu besoin de près de quatre jours pour compter l’ensemble des bulletins, soit le double que l’UMP accusé d’être un parti désorganisé! Le camp Royal demandait l’annulation du vote et ce fût donc à la commission de contrôle (la COCOE socialiste) de trancher. Dans le camp de Ségolène Royal, Manuel Valls avait même parlé de “saisir les tribunaux”.

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