Du 24 février au 19 mars 2017, le Centre Pompidou offre une rétrospective des films de Walerian Borowczyk.

Carlotta à cette occasion distribue un magnifique coffret de ce réalisateur sulfureux, avant-gardiste, hors norme. On peut ainsi revoir ou découvrir dans ce coffret 7 longs-métrages, 16 courts-métrages 2 livres ainsi que d’autres suppléments. D’origine polonaise Borowczyk est un touche à tout de génie où le délire visuel, l’imagination débordante dans ses films d’animation et l’incongruité des scénarios des films, en fait un cinéaste à part.

L’érotisme dans ses films est un élément essentiel et son emploi dans les années 1970, où la censure n’était pas encore très stricte, le faisait passer pour un cinéaste porno ! Il n’avait pas un grand respect pour l’ordre établi et souvent la femme était son centre d’intérêt, le plus souvent dévêtue…On retrouve l’esprit d’un Topor dans de nombreux courts-métrages ou dans son premier long-métrage d’animation « Monsieur & Madame Kabal » qui est dans le coffret. On y trouve aussi :

  • « Goto, l’ïle d’amour », son premier film (1968) est entièrement tourné au laboratoire GTC à Joinville ; c’est son film le plus original avec des aspects poétiques et délirants, et une atmosphère kafkaïenne décrivant un monde totalitaire (Il fut interdit en Pologne et en Espagne à l’époque).
  • « Blanche » (1971) est un drame romantique effrayant, shakespearien, dans la France du XIIIème siècle, avec un Michel Simon machiavélique de haute volée et un Jacques Perrin envoûté par la douce Blanche, Ligia Branice, on ne le serait à moins. La musique est d’une grande beauté.
  • « Les Contes Immoraux » (1975) sont quatre contes érotiques, où masturbation, fellation, lesbianisme, inceste sont abordés avec un zeste de poésie et d’humour ! Le film eut de gros problème de censure ! On y découvre Fabrice Luchini tout jeune et Paloma Picasso qui n’a pas fait d’autre film après !
  • « La Bête » (1975) est le film où l’horreur, l’étrangeté, la folie, le sang, la mort se mêlent en un joyeux cocktail scandaleux ! Et puis il y a la superbe et érotique mannequin Sirpa Lane !
  • « Histoire d’un péché » (1975) est une adaptation du roman de Stefan Żeromski, Histoire d’un Péché. C’est l’unique film de fiction polonais de Borowczyk . C’est une critique de l’hypocrisie de l’église catholique.
  • « Dr Jekylj et les femmes » (1981), Borowczyk a adapté la rumeur selon laquelle la femme très prude de Stevenson, scandalisée par le propos du roman, aurait brûlé la première version. Violence, sexe, humour, délire, épouvante, cette farce est d’une grande jouissance sanguinolente !

Tous ces films ont été restaurés et c’est un véritable plaisir de les voir dans cette qualité ! Borowczyk était bien un auteur en avance sur son temps et peu de ces films pourraient être produits aujourd’hui.

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Réalisateur, journaliste

2 Réponses

  1. Abel Ségrétin

    Bonjour,
    Suer article,
    juste une correction: le tournage de « Goto, l’île d’amour » n’a pas du tout été fait en studio à Joinville, mais… dans une ancien atelier de production de radium ou avait travaillé Marie Curie, qui est par la suite devenu une école, avant d’être décontaminé ! Et quelques scènes en Bretagne (plage)…

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  2. Abel Ségrétin

    Très beau travail. Concernant « Goto, l’île d’amour », le film a été entièrement tourné dans une ancienne usine irradiée située à Nogent (Val-de-Marne) où était fabriqué du radium au début du XXème siècle. (C’est peut-être ce qui donne cette luminosité si étrange à la pellicule 🙂
    Le laboratoire GTC de Joinville était le labo de tirage uniquement. Pour l’anecdote, le négatif original de « Goto » y a brulé lors d’un incendie.

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