3 ème jour au festival « Nollywood Week » au cinéma Arlequin, 76 rue de Rennes, 75006 Paris.

Le cinéma nigérian a une fonction importante dans ce pays, il est un vecteur d’éducation sociale face à une société où 85% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Serge Noukoué le co-fondateur de ce festival avec Shari Hammond et Nadira Shakur a eu la riche idée de sélectionner deux films qui ont été programmés ce 6 juin ; l’un du vétéran Tunde Kelany : « Dazzling Mirage » qui parle sans tabou de la drépanocytose, l’autre avec beaucoup de pudeur sur le sida de la réalisatrice Shirley Frimpong-Manso : « Love or Something Like That ». La drépanocytose est une sorte d’anémie qui altère l’hémoglobine, la protéine qui assure le transport de l’oxygène dans le sang. Cette maladie héréditaire est particulièrement répandue dans les zones côtières, en Afrique subsaharienne, aux Antilles, le long des côtes méditerranéennes. Plus de 50 millions de personnes sont atteintes dans le monde et au Nigéria c’est un fléau national (15 à 30% de la population est atteint !). C’est la première maladie génétique dans le monde. Dans « Dazzling Mirage » c’est l’héroïne, une publicitaire, qui est atteinte de ce mal. Elle est jouée admirablement par Kemi « Lala » Akindoju. Adapté d’un roman, la mise en scène est certes académique mais efficace ; pour le spectateur parisien, outre le problème de cette anémie très douloureuse et dangereuse, il découvre aussi dans ce film, une société bourgeoise complètement baignée dans la modernité mondialiste, mais très attachée à ses valeurs africaines et fière de les montrer - le baptême, le mariage, l’anniversaire à la mode Yoruba -. Avec « Love or Something Like That », c’est l’histoire d’une femme, moderne - elle est chirurgien - qui découvre qu’elle est séropositive. Elle vient juste de se marier et retrouve son ancien amant, atteint d’un cancer incurable, qui l’a contaminé. On est dans une sorte de télénovela à l’africaine. Ce qui est intéressant dans ce mélo, c’est tout ce qui est dit et qui se passe à l’écran autour du sida - les tests, la protection et les rapports avec la capote, la rencontre avec la personne dédiée…- ; pour le public parisien, cela peu paraître assez naïf, mais les messages sont simples, clairs et efficaces. Tout cela est montré avec une pudeur qui pour le public de l’Arlequin a un côté ridicule. On ne peut critiquer cette manière de faire qui manque de subtilité pour nous occidentaux, mais qui peut dire que nos messages sur certains sujets sont efficaces? Voyons les statistiques sur les accidents de la route, l’alcool au volant et la séropositivité chez les jeunes ? Pas terrible notre communication ! En première partie de l’après midi, un tout jeune réalisateur, Eric Aghimien, nous a offert un thriller réjouissant, pas sérieux mais très violent. Avec 500 euros il a réussi un film– A Mile From Home - qui se tient et se laisse regarder sans ennui. Un véritable tour de force ! Action !

A propos de l'auteur

Réalisateur, journaliste

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.