2012 ou le point de bascule

Raffael Enault 05/05/2012 0

Depuis plusieurs siècles, la notion de dette publique fait partie intégrante de la gestion d’un Etat. Aujourd’hui pourtant, la situation économique du pays préoccupe l’ensemble des acteurs du paysage politique français. L’Etat continue d’emprunter et la dette ne cesse de croitre. Un retour à la normal ne semble à présent être possible qu’en adoptant certaines mesures d’austérité et de relance de la croissance, le tout absolument stimulé et aidé par une conjoncture économique à l’échelle européenne et mondiale plus favorable.

En attente des résultats du 6 mai, les marchés financiers semblent retenir leur souffle. Ni eux ni personne n’est en mesure de dire de quoi sera fait l’avenir et pour cause, les deux candidats restants à l’élection présidentielle présentent un programme très différent l’un de l’autre. Quand Nicolas Sarkozy propose de poursuivre la politique de réduction de la dette qu’il a mis en place depuis quasiment sa prise de fonction, François Hollande estime lui qu’il peut arriver aux mêmes résultats que son opposant en modifiant notamment le régime fiscal en place. L’objectif commun des deux candidats concernant l’état des finances publiques et de ramener le déficit de la France sous la barre symbolique des 3 % fixée par la Commission européenne dès la fin de l’année 2012.

Poursuivre la ligne de conduite actuelle peut être risqué

Depuis 2007, la majorité UMP au pouvoir a imposé au pays plusieurs de mesures visant à réduire les dépenses publiques et l’endettement de la France. Ainsi, la réduction du nombre de fonctionnaires ou la réforme des retraites on permis à la France de ne pas être complètement discrédité par les agences de notations qui estiment cependant qu’un effort supplémentaire est nécessaire : « Ces réformes ont amélioré les perspectives des finances publiques». Mais «des efforts supplémentaires seront nécessaires pour réduire le déficit à 3% du PIB en 2013, comme convenu” déclare l’agence Fitch.

En 2010, pour contrer les effets des prémices de la crise de 2008, Michel Rocard et Alain Juppé ont l’idée de proposer au gouvernement par l’intermédiaire de leur commission un projet nommé le grand emprunt. Cet « investissement d’avenir » consiste à mettre à la disposition d’entrepreneurs des fonds financiers importants dans le but de développer certains secteurs et surtout de récupérer cet argent investi en stimulant indirectement la croissance. Ce programme s’articule autour de cinq grands axes que sont: L’enseignement supérieur et formation (11 milliards), la recherche (7,9), les filières industrielles et les PME (6,5), le développement durable (5,1) et le numérique (4,5)

L’inconvénient de cette mesure et qu’elle alourdit le poids de la dette sur les finances françaises sans pouvoir garantir aucun retour sur investissement à l’Etat. Le financement provient pour 22 milliards d’euros d’emprunts sur les marchés financiers et de 13 milliards d’euros du remboursement de l’argent prêté par la France aux banques pendant la crise de 2008. Cet investissement permettrait à l’échelle du pays de produire 0,3 % par an de croissance supplémentaire et serait selon Christine Lagarde, capable de s’être autofinancer d’ici onze ou douze ans.

Une vision diamétralement opposée à gauche

Pour réduire la dette publique de l’Etat français, le candidat socialiste préconise une hausse des prélèvements obligatoires ainsi qu’une suppression de certaines niches fiscales qui selon lui représenteraient un manque à gagner pour le pays à hauteur de 29 milliards d’euros. Les impôts quant à eux devraient être augmentés. Le candidat Hollande déclare qu’il « dois admettre une augmentation du niveau des prélèvements obligatoires” qui sera porté à 46,9 %. D’après lui, en adoptant ces mesures, un retour à l’équilibre serait possible et probable à l’horizon 2017.

Le prétendant PS prévoit dans son programme un investissement global de 20 milliards d’euros dans le soutien et la stimulation notamment de l’industrie, des PME, des quartiers sensibles, l’emploi et enfin, de l’éducation nationale.

Selon lui, ces 20 milliards peuvent être financés intégralement grâce principalement à « la suppression des exonérations sur les heures supplémentaires (3 milliards d’euros), au « redéploiement » des allègements de cotisations sociales (2 milliards), à la maîtrise des effectifs de l’Etat (2 milliards) et la révision de la réforme de la taxe professionnelle (1 milliard). » L’augmentation de la taxation de 15% des bénéfices générés par les banques est également prévue pour un gain potentiel estimé à 4 milliards d’euros.

Les autres : le facteur X

Si la France n’a jamais été vraiment inquiété par les agences de notations, c’est grâce au fait que ces dernières estiment qu’elle bénéficie de beaucoup de revenus continus générés par les prélèvements obligatoires. De plus, la dernière fois que le pays a fait faillite, cela remonte à 1797, quand une partie de la dette publique avait été effacée. La confiance est donc de mise vis à vis d’un des Etats les plus stables au monde. Pourtant, l’effondrement économique annoncé des Etats-Unis à moyen terme associé à la mauvaise santé budgétaire de certains de nos voisins européens (Italie, Grèce, Espagne pour ne citer qu’eux) pourraient mettre à mal une économie française qui pêne à relever la tête et qui, finalement, reste dans une opacité quasi totale quant à son avenir. La vie en autarcie n’étant pas une option envisageable, la réduction de la dette des Etats passera donc impérativement par un ensemble de mesures globales à l’échelle de l’Europe ou du monde. Si rien ne change, les projections économiques annoncent que la dette de notre pays qui est actuellement égale à environ 83 % du PIB, pourrait bien augmenter et atteindre les 110% d’ici 2020. L’avenir, bien que morose et austère, ne semble pas insurmontable. Pour rappel, à la fin de la seconde guerre mondiale, le montant de la dette s’élevait à 290% de notre PIB. S’en suivirent les trente glorieuses…

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