Jeudi 20 octobre 2011. C’est une date qui restera dans l’Histoire. Après 8 mois de lutte acharnée contre l’Otan et le CNT libyen, le colonel Kadhafi tombe en même temps que sa cité Syrte qui après avoir été la vitrine de la réussite économique lybienne, fut son dernier bastion.
Le conflit se termine malheureusement comme il a commencé, par une frappe de l’aviation française. Au nom des droits de l’Homme, le monde a pu voir le lynchage et une sommaire exécution d’ordre tribale de cet homme qui fut malgré tout un des leaders les plus influent de cette seconde moitié du XXe siècle. Après avoir mené une révolution qui ne versa aucune goutte de sang libyen, après avoir libéré son peuple d’un roi despotique et marionnette de la CIA, après avoir propulsé son pays dans l’économie de marché avec réussite, nous pouvons voir une partie de son peuple se gargariser devant une dépouille exhibée avec une joie morbide qui soulève quelques questions.
L’ex-allié devenu ennemi
Kadhafi c’était publiquement allié au Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda en 2003, dans le même temps, il rendait les clés de son programme nucléaire comme garantie d’une volonté de changement politique. Il fut reçu en grande pompe à l’Elysée en 2007,où il était censé devenir un des piliers de l’Union Méditerranéenne. De même en Italie, Sylvio Berlusconi, n’a jamais caché ces relations intimes avec le Guide. Pourtant quelques mois plus tard, des avions français coordonnés par l’US Army, sous l’égide de l’OTAN, et se ravitaillant dans des bases italiennes, traqueront le moindre combattant soutenant le fondateur de la Lybie que nous connaissions.
Le dimanche 23 octobre, le Conseil National de Transition libyen, annonce au monde depuis Benghazi que la charria sera la base de la nouvelle constitution libyenne, on ne peut donc pas parler d’une vraie avancée démocratique et d’une victoire des droits de l’Homme, au frais notamment des contribuables français pour la modique somme de 300 millions d’euros.
Le pays le plus dynamique de la région bascule dans le chaos
Un scénario redouté se profil, avec une balkanisation de la Libye et des luttes tribales qui empêcheront le pays de se relever de longs mois de guerre. De plus nous ne sommes pas sûr que les contrats de reconstructions négociés par les multinationales occidentales soit bénéfiques pour les libyens car cela peut mener à un avilissement économique.
La Libye de Kadhafi pouvait aussi se vanter d’avoir réussie économiquement, le revenu moyen par habitant était le plus élevé d’Afrique, les hôpitaux étaient équipés avec la meilleure technologie occidentale, le taux d’alphabétisation des femmes par exemple est plus élevé qu’aux Etats-Unis. On se souvient encore des lybiens fuyant les combats dans des pick-up japonais sur des autoroutes flambant neuves … À une échelle plus régionale, le Maghreb doit faire face a des changements politiques comme il n’a jamais connu auparavant et surtout avec une ingérence occidentale flagrante. Va-t-on assister à une recrudescence des régimes islamiques radicaux dans des anciens régimes pro-occidentaux ? Quand on s’intéresse à la géopolitique mondiale, le fait de déstabiliser la plus puissante économie et entité politique de la région n’est pas le fait du hasard. Il est encore trop tôt pour voir les conséquences de cette action.
Une lutte qui inspire le respect
Rappelons que Kadhafi a résisté 8 mois face a l’Otan et sa puissance militaire sans comparaison avec l’utilisation de missiles à l’uranium appauvri sur la Tripolitaine ou encore le soutien au sol de soldats occidentaux. Ce qui veut dire que une partie non négligeable du peuple lybien combattit à ses cotés. Le régime n’est pas tombé à cause de « combattants de liberté » issu du peuple libyen, ce sont les 5000 soldats des forces spéciales qatarie envoyer en renfort qui ont fait pencher la balance du coté de la « démocratie ».
Tout n’est pas noir ni blanc, comme Kadhafi et le CNT, comme ce conflit qui été un véritable roman dont les occidentaux sont friands. L’avenir nous dira si l’exécution de Kadhafi ne marquera pas le début de la fin pour ce grand pays que fut la Libye.
Par Arthur Beaufils