Bipolarité politique : le problème français

Arthur Beaufils 21/11/2012 0

Les élections au sein de l’UMP ont fait couler beaucoup d’encre dans la presse hexagonale. Le principal parti d’opposition risque d’éclater. Malgré l’émergence d’un centre droit, l’UDI, le système politique n’est pas prêt pour une mutation. La bipolarité reste la clef de voute de l’appareil démocratique français. Explications.

Sous la IV République, la « droite » n’avait pas encore été inventée par les hommes politiques. À l’époque, le Parti Communiste est le plus influent des tous. Viennent ensuite le SFIO, le MRP et les radicaux. Seul le poujadisme pouvait être étiqueté à droite mais loin de notre vision contemporaine de ce courant politique.

Si beaucoup font l’amalgame entre Charles de Gaulle et la « droite », ceci est une erreur. Le général De Gaulle n’incarnait pas ce courant comme tant de politiciens aiment à le croire. Ce dernier menait le rassemblement de la nation autour de valeurs républicaines et patriotiques. Celui qui porta la voix de la France durant la Seconde Guerre Mondiale fut plus « social » que tous nos socialistes contemporains.

Si le premier rassemblement d’une gauche « généraliste » s’opère à cause de De Gaulle, c’est parce qu’il fallait au moins cela pour essayer de reprendre le pouvoir au dernier héros national. Pourtant, la véritable bipolarisation de la politique française, le supposé sempiternel clivage gauche-droite apparaît sous la présidence de G. Pompidou pour être effectif sous le septennat de V. Giscard d’Estaing. Autrefois le peuple adhérait majoritairement à la politique du Président en place plutôt qu’à celle d’un parti.

Le pouvoir politique français, une utopie ?

La bipolarisation politique française est représentée aujourd’hui par le Parti Socialiste (PS) et l’Union pour un Mouvement Populaire (UMP). Quels sont les pouvoirs que possèdent ces deux partis dominants ? Aujourd’hui, aucuns. Ces partis sont des coquilles vides qui se battent pour « diriger » un semblant d’Etat. Battre sa monnaie, faire ses lois, rendre une justice indépendante, contrôler ses frontières et décider de sa politique étrangère sont autant de prérogatives que la France ne possède plus, ce que est synonyme de la mort de l’Etat. Dernier exemple en date : l’adoption sans référendum de la TSCG qui se drape alors en symbole de la fin de la démocratie en Europe. Ce traité abolit ainsi un de nos derniers pouvoirs régaliens, le contrôle du budget étatique.

Une politique partisane

Depuis que l’échiquier politique hexagonal s’est bipolarisé, nous avons assisté à un changement radical du discours politique en général. Le débat politique en France a laissé place à des débats partisans. Le dernier exemple en date, la « polémique » du pain au chocolat que l’on doit au secrétaire général de l’UMP pour stigmatiser le communautarisme religieux. Pourtant, De Gaulle affirmait à juste titre « La démocratie, c’est le pouvoir du peuple », donc pas uniquement celui des partis. Par ailleurs, aujourd’hui, le politicien « n’exerce plus le pouvoir mais l’occupe » (R. Debré).

Un des principaux maux de la politique française c’est l’incohérence qui règne de nos jours. Au PS, la cacophonie ministérielle et le sentiment de vengeance législative antisarkozyste prend le pas sur l’intérêt du peuple que ce parti clame représenter depuis toujours. À l’UMP, le clientélisme électoral d’un Jean-François Coppé et le jeu de contre-attaque du même acabit de François Fillon déstabilisent des électeurs qui attendent des réponses concrètes quant à leur principale préoccupation : la crise économique. Loin des débats sur l’impact sociétal de l’islam en France qu’on expose à outrance. Charles De Gaulle confiait à A. Peyrefitte que « le drame de la France, c’est que la droite n’est plus nationale et la gauche n’est plus populaire ».

Une perte de repères qui ne permet plus aux Français de s’identifier à un parti politique. La preuve avec l’élection présidentielle de 2012 où la fausse « éclatante » victoire de F. Hollande s’est jouée sur les 6% de votes blancs et les 19,8% de non-votant. Au bas mot, cela équivaut à 11 millions d’électeurs.

Ce système politique est-il encore viable ?

L’avenir paraît sombre. La crise économique globale est loin d’avoir atteint son « apogée », le pouvoir étatique a disparu, la classe politique française se distingue par son incompétence et son désengagement auprès du peuple de France. Le système politique bipolaire français a donc atteint ses limites puisqu’il est en partie responsable de cette situation.

Un tel constat, empiriquement, va mener les citoyens sur des sentiers révolutionnaires qui déboucheront peut-être, un jour, sur un renouvellement moral en profondeur de la société et de la classe politique dirigeante.


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