Encore sous l’effet de l’euphorie post legislativo-présidentielle, les français risquent très vite de déchanter une fois l’excitation redescendue. Tel un mauvais camarade de classe, David Cameron nargue déjà un François Hollande un peu trop brillant et impertinent à son goût, et qui va d’ailleurs devoir très rapidement rendre des comptes aux « autres grands méchants » dirigeants qui eux, ne compte pas laisser l’utopie française briser leur si précieux plan d’austérité global.
Ainsi, en marge du sommet du G20 de Los Cabos au Mexique, Cameron à déclaré lundi que « quand la France instituera un taux de 75 % pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, nous déroulerons le tapis rouge et nous accueillerons plus d’entreprises françaises, qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni », avant d’ajouter que « cela paiera nos services publics et nos écoles et tout le reste. »
La proposition paraît attractive et c’est bien ça qui pourrait inquiéter les roses dirigeants. Michel Sapin a beau ironiser: « Je ne sais pas comment on fait pour dérouler un tapis rouge au travers de la Manche, il risque de prendre l’eau » le gouvernement sait bien que cette fuite fiscale des entreprises serait une catastrophe pour l’économie hexago-bancale.
Certes, Bernard Cazeneuve, le ministre des affaires européennes a bien tenté de rassurer les dirigeants tricolores en jouant sur la surprenante carte du patriotisme: « Ce que je peux répondre à cette affirmation du Premier ministre britannique, c’est qu’il y a des patrons français qui sont des patriotes, il y a dans l’arsenal des mesures que nous allons prendre en faveur des entreprises, des mesures qui favoriseront l’investissement et qui inciteront les entreprises à rester en France. »
Le ton est rassurant mais une chose est sûre, c’est qu’un riche qu’on menace d’appauvrir est aussi peu patriote qu’un pauvre sous un gouvernement de droite… Sauf qu’eux, ont les moyens de quitter le pays s’ils le souhaitent.
Un ex soutien de Sarkozy
Il y a quelques mois, le premier ministre anglais avait lâché un « bonne chance » à Nicolas Sarkozy « dans la bataille qu’il va livrer« . « J’admire le courage, le leadership du président Sarkozy. Je pense qu’il a fait énormément de choses pour son pays. La suite, il appartiendra au peuple français d’en décider.«
Soutien en demi-teinte mais soutien quand même car même si Cameron n’appréciait pas particulièrement l’ancien pantin gaulois hyperactif à titre personnel, il le respectait en tant que partenaire d’affaires… Pour rappel, en février dernier, la France signait un accord avec l’Angleterre portant sur une collaboration étroite en termes de nucléaire civil et d’armement pour un montant estimé à plus de 600 millions d’euros.
Hollande lui, n’est pas anti nucléaire, mais il n’est pas non plus pour… Lors de sa campagne, il avait annoncé vouloir fermer la vieille centrale de Fessenheim et progressivement réduire la part du nucléaire dans la production énergétique française de 75% à 50% d’ici 2025. Or, ce choix pourrait refroidir plusieurs grands investisseurs de placer des fonds à long terme dans le développement du nucléaire en France et, par conséquent, tuer dans l’oeuf cette dynamique franco-britannique si fragile et, ô combien nécessaire pour la survie économique de ces deux nations.
