Hugo Chavez, réélu en octobre, ne pourra pas officialiser son retour à la tête de l’Etat. Ses problèmes de santé l’empêcheront de participer à la cérémonie d’investiture qui devait avoir lieu le 10 janvier. L’opposition réclame de nouvelles élections en cas « d’absence définitive ».
Est-ce la fin d’une ère au Venezuela ? Hugo Chavez est hospitalisé depuis un mois à Cuba pour sa quatrième opération d’un cancer de la région pelvienne. « L’équipe médicale a recommandé que le rétablissement post-opératoire se poursuive au-delà du 10 janvier », indique le vice-président Nicolas Maduro dans une lettre adressée au Congrès. Malgré des communiqués qui se veulent apaisant, la santé du président semble être dans un état critique.
Le ministre de la Communication, Ernesto Villegas, a déclaré lundi dans les médias que le président était « dans un état stable par rapport au dernier bulletin médical qui faisait état d’une infection pulmonaire sévère ». Les spéculations vont bon train et certains spécialistes ne donnent plus que trois mois à Hugo Chavez au regard de son cancer ultra-agressif.
Politique de la chaise vide
C’est le flou qui règne à Caracas et l’opposition voit une opportunité de pendre le pouvoir. Elle accuse le gouvernement de ne pas respecter la Constitution s’il reporte la cérémonie. Les tensions se focalisent sur un article de la Constitution indiquant que le président élu doit prêter serment le 10 janvier sans préciser ce qui survient lorsque l’investiture n’a pas lieu à cette date. Le président de l’Assemblée nationale, Diosdado Cabello, assure l’intérim en attendant le retour du chef de l’Etat.
Les socialistes se défendent en jugeant cet événement protocolaire de « formalité » puisque la large réélection d’Hugo Chavez est le gage de sa légitimité selon eux. Ils veulent conserver le pouvoir acquis par Hugo Chavez en dépit de ses problèmes de santé. « Il n’y a rien qui créerait un vide du pouvoir et rien qui devrait donner à l’opposition l’espoir que Chavez quittera ses fonctions le 10 janvier », a déclaré Diosdado Cabello.
De nouvelles élections ?
Henrique Capriles, le chef de l’opposition vénézuélienne qui a été battu par Chavez lors de la présidentielle du 7 octobre, a dénoncé la paralysie du gouvernement sans son leader. Il s’est exprimé via son compte de micro-blogging, « la vérité est que nous avons un gouvernement qui ne gouverne pas, complètement paralysé », il a ajouté que « ces pseudo-dirigeants ne s’intéressent pas aux problèmes qu’affrontent les Vénézuéliens. »
De Dilma Roussef à Cristina Fernandez, les gouvernements sud-américains surveillent de près la situation. La présidente argentine se rendra d’ailleurs prochainement a Cuba pour s’entretenir avec Hugo Chavez et Brasilia estime que le processus constitutionnel est respecté pour le moment. Pourtant si Hugo Chavez n’est pas en état de remplir ses fonctions, de nouvelles élections doivent être organisées en cas d’ »absence permanente » du président et ce dans un délai de 30 jours à compter du 10 janvier.
Hugo Chavez, le personnage, son charisme, son énergie communicative ou encore ses discours interminables ont crée un vide énorme sur la scène politique du pays. Le peuple vénézuélien a voté pour un homme et non un parti. La disparition de l’un entrainera la chute de l’autre. La transition de « l’après Chavez » risque de déstabiliser profondément le Venezuela qui aspire à être un élément moteur de l’Amérique du Sud de demain.