Il risque la prison à perpétuité. Le soldat américian est jugé devant la cour martiale du Maryland à partir de lundi, pour avoir transmis des milliers de documents militaires confidentiels au site WikiLeaks. Qui est vraiment Bradley Manning? Traître de la patrie ou héros de la démocratie? Ce jeune homme blond de 25 ans aux lunettes rondes et au physique frêle n’a pas le profil d’un grand criminel. Ancien analyste des renseignements américains en Irak, il est pourtant accusé d’avoir envoyé au site internet WikiLeaks pas moins de 250 000 télégrammes classés top secrets par son gouvernement sur les guerres en Irak et en Afghanistan. Le soldat a déjà reconnu 10 des 22 chefs d’accusation retenus contre lui, mais nie avoir voulu « nuire à son pays ». « Je croyais que la publication des documents pourrait provoquer un débat public sur nos forces armées et notre politique étrangère en général », a-t-il déclaré devant la juge. Le gouvernement l’accuse de son côté de « collusion avec l’ennemi ». S’il est jugé coupable, il risque la prison à perpétuité. « Regarde-moi cette pourriture crever » En 2009, le soldat Manning, originaire de l’Oklahoma, est affecté aux services de renseignements en Irak. « Trop intello », il est constamment humilié à cause de son homosexualité et se retrouve vite confronté à la rigueur militaire où le « Don’t ask, don’t tell », qui obligeait les homosexuels à taire leur orientation sexuelle sous peine d’être exclus de l’armée, est une règle absolue. Dégouté par les valeurs de l’armée et les comportements des soldats « obsédés par la capture ou l’élimination de cibles humaines », il décide de rendre publique la vidéo d’une bavure de soldats en juillet 2007. Les extraits montrent un hélicoptère de combat ouvrir le feu sur deux journalistes Irakiens travaillant pour l’agence de presse Reuters et une camionnette de civils qui venait leur porter secours. On y entend clairement un soldat demander la permission d’ouvrir le feu sur ceux qui sont pris pour des insurgés. « Il y a désormais un tas de cadavres sur place, regarde-moi cette pourriture crever ». Pour l’analyste, c’est trop. Il télécharge les extraits, les range dans des boîtiers CD de Lady Gaga et les divulgue aux médias. Après avoir pris contact avec le Washington Post et le New York Times, il décide finalement de les confier à WikiLeaks. Entre novembre 2009 et mai 2010, des milliers d’autres documents seront transmis au site. Il faut sauver le soldat Manning Détenu depuis 3 ans dans des conditions jugées « cruelles, inhumaines et dégradantes » par le rapporteur de l’ONU sur la torture, le jeune homme a de nombreux sympathisants. Daniel Ellsberg, un autre analyste américain qui avait rendu public des documents du Pentagone sur la guerre du Vietnam, souligne le « fier service rendu au public américain » par Bradley Manning, « personnification même de l’expression ‘lanceur d’alerte’ ». D’après Daniel Ellsberg, la taupe présumée de WikiLeaks mériterait même une médaille ou le prix Nobel de la paix pour avoir « accélérer la fin de la guerre en Irak ». Depuis samedi, des milliers de manifestants se rassemblent devant la base militaire de Fort Meade où le procès se déroulera jusqu’au 23 août. « Les gens sont venus de loin pour être aux côtés d’un grand héros américain », a déclaré Jeff Paterson, directeur du Réseau de soutien à Bradley Manning. Tous étaient présents pour assister à ce que certains surnomment déjà « le procès du siècle ». Partager :Tweet Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié.CommentaireNom* Email* Site Web Oui, ajoutez moi à votre liste de diffusion. Prévenez-moi de tous les nouveaux commentaires par e-mail. Prévenez-moi de tous les nouveaux articles par email.