Lou Reed, artiste de génie et fondateur du Velvet Underground est mort aujourd’hui à l’âge de 71 ans. Sunday Morning…
Lou Reed, légende du rock américain et ancien leader du groupe Velvet Underground, est mort à l’âge de 71 ans, affirme le magazine « Rolling Stone ». C’est une bien triste nouvelle. La cause de la mort du chanteur, guitariste et compositeur n’est pas encore connue.
En 1992, Lou Reed était pourtant plein de bonnes résolutions: « J’ai essayé de me débarrasser de la drogue en buvant. Mais ça n’a pas marché », avait expliqué la rock star. On confirme, le résultat est moyen. D’après ses proches, le chanteur était à l’article de la mort avant une intervention chirurgicale à Cleveland dans l’Ohio l’été dernier: « C’était très grave, il était en train de mourir » avait précisé sa femme Laurie Anderson dans le « Times ». L’interprète d’ « Heroin » avait subit une greffe du foie en urgence. En raison de son état de santé, il avait dû annuler une série de concerts en avril, notamment au célèbre Festival de Coachella en Californie.
« Heroin » et d’autres
Au début des 60′s, John Cale (ex- The Primitives) rencontre Lou Reed. C’est la naissance du Velvet Underground. Le groupe répète à la Factory, l’atelier d’Andy Warhol. Mais à l’époque, le « pop-arteux » est persuadé qu’il manque quelque chose de fort au groupe: une icone, une image, une figure charismatique… Il leur impose alors la sculpturale blonde autrichienne Nico, comme chanteuse. En 1966, le groupe jette ses premiers dés et enregistre un album. Sa pochette est une œuvre originale de Warhol en passe de devenir culte: la célèbre banane (phallique) jaune.
Cependant, « La Femme Fatale » qui avait fasciné Warhol quitte le Velvet en 1967. La raison? Nico veut chanter sur tous les titres. La bande à Lou Reed sent qu’elle perd le contrôle et refuse. La belle autrichienne ne figurera finalement que sur trois titres (contre l’avis de Reed) de ce premier disque (« Femme Fatale », All Tomorrow’s Parties », « I’ll Be Your Mirror »). On ne l’entendra plus jamais geindre d’une seule note avec le Velvet. Elle enregistrera par la suite trois albums solos, monocordes et glacés comme sa voix.
Composé de membres créatifs (Lou Reed, Sterling Morrison, John Cale, Moe Tucker), le Velvet a connu une grande fertilité musicale. Les thèmes abordés reflètent surtout l’univers personnel de Lou Reed. Concrètement, cela se résume à trois choses : les drogues dures, le sadomasochisme et l’ homosexualité (comme la Beat Generation). D’ailleurs au début, MGM (le label) ne fera aucune promotion pour le groupe. Une démarche plus ou moins compréhensible pour l’époque, sachant qu’au même moment sortaient les chansons »Run, Run,Run » -la descente aux enfers d’un mec sous amphèt’-, « Venus in Furs » -un joli clin d’oeil au sado-masochisme, « Heroin » - le point de vue « objectivo-objectif » d’un héroïnomane sous héroine- ou encore »I’m Waiting For The Man »- le calvaire de l’attente d’un dealer-
Il faut dire qu’à l’époque, le groupe considéré aujourd’hui comme avant-gardiste, était vivement critiqué. Essentiellement connu dans les milieux « underground » new-yorkais, leur influence ne s’est avérée grandissante qu’après leur séparation. Ce qui nous ramène à la célèbre citation de Brian Eno: « Il n’y a peut être que 1000 personnes qui ont acheté le premier album du Velvet Underground, mais chacune d’entre elles a ensuite fondé un groupe. ». On pense notamment à des mecs comme David Bowie (avec Bob Dylan et Syd Barrett entre autres), qui, à ses débuts, chantera des reprises du Velvet dans des petits clubs. C’est beaucoup plus tard, avec la « rockstarisation » de Lou Reed, qu’ MGM accumulera les rééditions d’albums de la formation psychédélique. Effet de mode oblige, le label est enfin fier de ses camés.
Take A Walk On The Wild Side
En 1970, Lou Reed est un cadavre ambulant. Il quittera le V.U le 23 août de cette année là. Pendant ce temps à Londres, c’est le début du « glam rock », où la provocation sexuelle et l’androgynie sont à la mode. Après quelques échecs commerciaux, l’ex-Velvet connaît son premier triomphe en 1972. Il a 36 ans. Qualifié d’opportuniste, Lou Reed se présente maquillé comme David Bowie, rappelant aussi un certain Marc Bolan de T. Rex.
Il sort l’album »Transformer » (produit par David Bowie et Mick Ronson): une ode à la bisexualité, dont sont tirés les tubes « Take A Walk On The Wild Side » et « Perfect Day ». Devenus cultes, les deux titres seront les plus gros succès de sa carrière solo. Mais, en 1973, il quitte sa femme, Bettye Kronstadt, qui tente de se suicider. Il se retrouve seul. Enchaînant les déceptions, Lou Reed se sent abandonné de tous. Sur fond de méthédrine (substitut à l’héroïne) surpuissante et d’alcool, il entame alors une longue traversée du désert.
L’apogée artistique de Lou Reed sans le Velvet Underground se situera entre 1972 et 1976, avec les albums « Berlin » (1973) et « Coney Island Baby » qu’il sort après l’échec de « Metal Machine Music » (1975), un projet expérimental inaudible et considéré aujourd’hui comme un coup de provoc’ réussi. En 1989, il refera surface avec « New York »: un manifeste contre le SIDA. L’album rencontre un franc succès. Lou Reed guérit une partie de ses addictions et devient un musicien presque assidu, presque discipliné. Depuis, la rock-star a enchaîné les concerts et les collaborations, jusqu’en 2011 avec « LULU », un album enregistré avec le groupe Metallica.