Depuis plusieurs jours, Moscou multiplient des annonces chocs à propos de ses forces armées, son industrie de l’armement ou sur sa politique de défense. Dans quel but ?
Vladimir Poutine semblait vraiment être dans une mauvaise passe à cause des dernières manifestations à travers la Russie, notamment Moscou et St Petersbourg. Malgré cela, le premier ministre et ancien président russe n’a pas dit son dernier mot. Ce qui avait fait sa force auparavant pourrait redorer son blason dans le coeur des russes. La carte du nationalisme exacerbé et de l’ennemi commun.
Son combat contre les oligarques lui avait apporté les faveurs d’un peuple épuisé par la corruption et les inégalités sociales récurrentes, que ce soit de l’époque des tsars à l’URSS de Staline. Depuis son arrivée au pouvoir, rien n’y fait, la situation est pire que tout. Selon des chiffres officiels, le « bakchich » n’a jamais été aussi élevé qu‘en 2011, le chômage est au plus fort et les inégalités de revenus sont quasi incommensurables, un monde sépare le centre flamboyant de Moscou et le reste de la Russie. Le peuple russe veut du changement et on le comprend.
Une fierté nationale : l’armée
Il reste une possibilité à Russie Unie et V. Poutine de s’assurer encore des années au pouvoir. Flatter le fier peuple russe, amoureux de son Armée Rouge et de leur statut particulier dans le monde. Cela assurera la popularité de cet homme politique charismatique en vue des élections présidentielles le 4 mars prochain.
Quelques mois seulement après l’installation d’un bouclier anti-missiles à Kaliningrad, Poutine a annoncé lundi, dans un entretien Rossiïskaïa Gazeta, un réarmement « sans précédent » de la Russie. De la défense aérienne, avec la création d’un nouveau chasseur furtif, à la conquête spatiale en passant par le déploiement de troupes dans l’Arctique pour 2015, la Russie retrouve ses ambitions du temps de la Guerre Froide.
Au total c’est plus de 780 milliards de dollars qui seront injectés dans le but de se doter d’une « nouvelle armée moderne, capable à tout moment d’être mobilisée ». Le candidat russe fait « appel à toute l’économie russe ». Pour lutter contre les mauvaises habitudes de l’industrie militaire (détournements de fonds, transferts technologiques) hérités de la chute de l’URSS, le secteur privé sera aussi sollicité. Au final le but est d’impacter positivement toute l’économie russe.
La situation dans les pays arabes sert Poutine
En effet, la position russe en faveur de l’Iran et de la Syrie contre les démocraties occidentales sert cette nouvelle politique de défense. Le but est de directement concurrencer les Etats-Unis sur le plan international. « Nous voyons combien se sont dévalués et dégradé les principes du droit international. [...] Dans ces conditions, la Russie ne peut se contenter des méthodes diplomatiques et économiques de règlement des conflits » a estimé V. Poutine. Les intentions de Moscou ne peuvent être plus limpides.
Dans le même temps, une déclaration digne des tensions les plus fortes des années 80 est passé presque inaperçue dans nos médias : »Nous n’avons pas l’intention de mener une guerre contre l’OTAN, cela ne fait pas partie de nos missions. Mais notre doctrine militaire indique clairement les conditions selon lesquelles nous avons le droit d’utiliser les armes nucléaires. Si l’intégrité de la Russie s’avère menacée, nous pouvons avoir recours aux armes nucléaires et nous le ferons », a indiqué le général Makarov, chef de l’Etat-major général des forces armées, sur la radio Echo Moscou. Fini les accord SALT, la Russie réinvestit dans l’atout majeur d’influence et de défense au niveau mondial : les missiles balistiques nucléaires.
Les russes seront-ils dupes ?
Le projet est simple, unifier la Russie contre les menaces de l’OTAN. Mais doit-on craindre cette nouvelle course à l’armement ? Cette stratégie est généralement très efficace dans le contexte russe. De plus la Chine aussi a considérablement augmenté son budget militaire (nouveau porte-avions, avions furtifs) dans le but d’asseoir sa domination régionale et de rivaliser avec les Etats-Unis, qui possèdent plusieurs bases en Asie du Sud-Est. Ces annonces sont surtout de mauvais augure non pas pour le peuple russe, qui est encore dans les rues à manifester, mais pour les USA. Leur dernier véritable facteur de puissance, leurs forces armées va devoir faire face à une concurrence qu’ils n’ont pas connue depuis la Guerre Froide.
Par Arthur Beaufils






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