Rapport Gallois, mesures Ayraut : mauvaise blague au sommet de l’état

Adrien Abauzit 07/11/2012 0

C’est avec un ton qui se voulait solennel que le soporifique Jean-Marc Ayrault a annoncé la nouvelle politique économique du gouvernement. Au menu : un bricolage interne de l’économie française qui reprend sans l’assumer l’idée de TVA sociale et un non-dit terrible sur les piliers du néolibéralisme qui ravagent la France.

Bricolage interne : une pathétique sous-TVA sociale

La France a un gouvernement soumis au mandataire de l’oligarchie financière : l’Union européenne. En vertu des traités européens, l’Union européenne établit la politique commerciale (libre-échange), monétaire (monétarisme), industrielle (laissez-faire), bancaire (privatisation de la création monétaire) et agricole de ses Etats-membres.

On le constate, les grandes leviers de l’action économique ne sont pas entre les mains du gouvernement et sont orientés dans le sens de la mondialisation néolibérale. Résultat, il ne reste au gouvernement que quelques miettes comme marge de manœuvre.

Le gouvernement peut créer un impôt ou une taxe par-ci, une exonération de cotisation sociale par-là ; il peut aussi baisser les dépenses publiques quitte à fragiliser une demande déjà fébrile, mais c’est tout. Le gouvernement est pieds et poings liés. Alors il tente d’imiter l’Allemagne, en plagiant la TVA sociale de l’UMP, sorte de dévaluation non dite : augmentation de la TVA, sauf pour les produits de première nécessité et crédit d’impôts, non pour diminuer les charges sociales, mais pour soulager d’elles les entreprises. A l’heure actuelle, on ne sait pas vraiment ce qu’impliqueront réellement les crédits d’impôts, excepté que leurs bénéficiaires seront très possiblement l’objet d’un contrôle fiscal.

Tout ceci ne peut produire que peu d’effet, on le sait d’avance. Cette fausse dévaluation n’est que la dernière carte du Système pour feindre qu’un salut existe dans le cadre de la mondialisation néolibérale.

L’objectif du plan Ayrault est la compétitivité. Mais il s’agit d’être compétitif par rapport à qui ? A la Chine ? On ne le sera jamais. A l’Inde ? On ne le sera jamais. A l’Afrique ? On ne le sera jamais. A l’Amérique du sud ? On ne le sera jamais. La différence de coût du travail entre la France et ces zones est trop importante, c’est un secret de polichinelle. Compétitif par rapport aux Etats-Unis alors ? Leur dollar plus faible que l’euro leur assurera toujours des avantages concurrentiels sur la zone euro.

Au mieux notre sous-TVA sociale permettra de gagner quelques parts de marché sur nos soi-disant partenaires de la zone euro, telle l’Espagne ou l’Italie. Mais ce ne serait que quelques sparadraps. Remède bien dérisoire quand il s’agit d’enrayer une épidémie de peste.

Statu quo : le cadre de la mondialisation néolibérale reste intact

A côté de cela, ni le gouvernement, ni Monsieur Gallois, n’ont un mot de critique contre les piliers de l’ordre néolibéral, bourreau de la France :

  • Pas un mot sur le libre-échange, responsable de la moitié de notre chômage de masse, destructeur de près d’un million d’emplois depuis l’an 2000 ;
  • Pas un mot sur la liberté de circulation des capitaux, qui a permis à des fonds de pension et des hedge funds anglo-saxons de s’emparer de plus de la moitié du CAC 40. Ces organismes financiers demandent un retour sur un investissement tel que les salaires sont compressés et que l’investissement est drastiquement diminué ;
  • Pas un mot sur la prohibition de la monétisation de la dette. Pourtant, la possibilité d’emprunter à taux zéro à une banque centrale permettrait à l’Etat d’économiser 50 milliards d’euros par an au titre des intérêts de la dette. En attendant, donnons chaque année 50 milliards d’euros d’impôt à Goldman Sachs, JP Morgane et la Société Générale ;
  • Pas un mot sur le niveau trop élevé de l’euro, que Louis Gallois lui-même stigmatisait lorsqu’il était à la tête d’EADS, qui asphyxie nos exportations et alourdit le coût de la vie.

Revenir sur tous les maux précités est la seule et unique voie de salut pour la France. Voici donc le programme économique qui nous permettrait de revenir à la prospérité :

  • Protectionnisme pour sortir la France d’une concurrence internationale intenable, principal vecteur de notre désindustrialisation ;
  • Règlementation de la liberté de circulation des capitaux, pour botter le train des fonds de pension et des hedge funds du CAC 40 ;
  • Prêt à l’Etat à taux zéro par une banque centrale publique, afin de financer les futurs déficits ;
  • Banqueroute partielle de la dette, car la dette a été artificiellement gonflée hors de toute nécessité économique par la privatisation de la création monétaire ;
  • Retour au franc, pour alléger le coût de la vie et retrouver la possibilité de dévaluer réellement.

Sans ces mesures, la France ne pourra que s’enfoncer dans le chômage, la dette et la paupérisation. Mais il y a un léger problème : toutes ces mesures de salut public SONT INTERDITES PAR LES TRAITES EUROPEENS ! L’Union européenne est pour la France une camisole de force mortifère.

Nous l’avons déjà dit, la stratégie de TVA sociale n’aura aucun effet majeur. Elle ne sert à l’oligarchie qu’à gagner du temps, qu’à faire croire au peuple qu’un avenir dans le cadre de la mondialisation néolibérale est encore possible. Mais une fois l’effet d’esbroufe passé, le gouvernement ne pourra plus tricher. L’alternative qui se posera à lui est la suivante :

  • Ou assumer clairement la paupérisation et la mise en esclavage bancaire de la France
  • Ou briser les reins de l’Union européenne.

Le gouvernement ne pourra pas botter en touche. Il devra choisir. Si l’on considère que l’UMPS est complètement inféodé à l’UE, alors on comprend que le salut de la France n’est pas possible tant que cette classe politique sera en place.

Il n’y a plus de temps pour finasser. Plus de temps pour conserver à tout prix les convenances idéologiques et politiques du moment. Ce sera l’UE ou la vie.

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