Un film de Chapour Haghighat avec Ourban Sabir, Siyvush Abdulloev et Zaurbek Abdulloev. Sortie le 21 novembre 2018.

L’histoire

Alors que les habitants de Doshan, petit village du nord-est de l’Iran, se préparent à recevoir la visite d’un haut dignitaire religieux, Bâbak, Latif et Djâvid, trois enfants du village, se racontent les rêves qu’ils ont faits la veille. Au fil de leur récit, ils découvrent qu’ils ont chacun été témoins du meurtre d’Abbâs, artiste peintre et libre penseur du village, assassiné par le Pasdar, chef des gardiens de la révolution. Chacun de leurs rêves recèle un fragment de réalité qui va permettre de reconstituer, tel un puzzle l’enchaînement des circonstances qui ont conduit à la mort d’Abbâs.

L’avis

Dans la boulangerie du village, tout en préparant le pain et le vendant, trois enfants racontent leur rêve autour de la mort d’un peintre. A mi-chemin entre le rêve et la réalité, à travers leur imagination ( ?) ils révèlent les contraintes que l’Iran d’aujourd’hui, celle des mollahs, imposent. L’arbitraire est le seul critère de la justice, de la religion, il n’y a aucun espoir dans ce pays. Avec ce conte cruel Chapour Haghighat nous fait comprendre que la culture sous toutes ses formes celle qui permet de penser, de rêver à un autre monde est un danger pour cette société.

La peinture, la musique et bien sûr le cinéma sont des expressions dangereuses. La représentation de l’homme - le tableau de Da Vinci acheter par Abbâs qui ne peut peindre que des paysages est un crime - le vieux violoniste dont le représentant de l’ordre détruira le violon et Chapour Haghighat qui devra réaliser son film au Tadjikistan sont des dangers aux yeux de la société iranienne. Chapour Haghighat est un écrivain et réalisateur franco-iranien. L’oppression est au centre même de ses préoccupations.

On retrouve dans « Trois Petits Rêves » sa manière de traiter les sujets graves où poésie, fantastique et réalité se mêlent. Ses acteurs, pour la plupart non professionnels, sont impressionnants de vérité ! C’est avec peu de moyen, beaucoup de conviction et d’une manière originale que ce réalisateur nous raconte ce cauchemar éveillé ! « Trois Petits Rêves » ne peut pas laisser indifférent, c’est un cinéma qu’il faut défendre car la culture est un vrai moyen de résistance.

A propos de l'auteur

Réalisateur, journaliste

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