Le rapport annuel de BP ne doit pas être très bien accueilli dans les pays du Golfe. Le Venezuela d’Hugo Chavez détrône l’Arabie Saoudite à la première place des pays détenteurs de pétrole.
Les réserves prouvées de pétrole du Venezuela représentent 296,5 milliards de barils. La Tierra de Gracia dépasse allégrement l’Arabie Saoudite, dont les réserves sont estimées par BP à 265,6 milliards de barils. Le pétrolier historique confirme les chiffres avancés par l’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, de l’année dernière.
Le chiffre le plus positif pour l’économie vénézuélienne : 40%. C’est l’augmentation des réserves dites « prouvées » (c’est-à-dire celles qui ont plus de 90% de chances d’être extraites dans un futur proche) en un an. Cette hausse est due à l’augmentation des prix du baril qui permet au pétrole lourd du bassin de l’Orénoque d’être exploité avec une rentabilité avérée. Auparavant, les difficultés d’extraction de ce type de brut engendraient des coûts trop importants pour envisager une exploitation lucrative.
Une bouffée d’oxygène
Cette nouvelle va permettre de nourrir de grands espoirs au président Hugo Chavez, qui vient de présenter sa candidature aux prochaines élections. L’économie du pays est exsangue depuis plusieurs années.
Une crise alimentaire couve depuis des mois car les multinationales, défavorables à la politique socialiste nationale, contrôlent un approvisionnement au compte goutte qui maintient la pression sur les ménages. Les classes populaires sont directement impactées. Il n’est pas rare de voir les supermarchés en pénurie des produits de base. Hugo Chavez vient d’ailleurs de nationaliser il y a 6 mois des usines d’agroalimentaire. Ces réquisitions s’appuient sur une loi qui concerne la souveraineté alimentaire pour enrayer la tendance. Des devises étrangères dégagées par l’export de pétrole pourraient bénéficier à cet effort gourmand pour le PIB vénézuélien.
Pour l’instant, avec une production de 2,7 millions de barils par jour (Mbj) en 2011, l’Arabie Saoudite reste très loin devant avec un record de 11,1 Mbj par jour selon BP.
Un or noir volatile
Si les investissements sont suffisants (l’extraction vénézuélienne a reculé de 2% en 2011), le ministre vénézuélien du pétrole a affiché mercredi à Vienne, lors d’une réunion de l’OPEP, de grandes ambitions. Avec pour objectif de produire 6Mbj en 2018.
Pour autant, la richesse potentielle tirée des entrailles vénézuéliennes est relative à la conjoncture économique internationale. Début février, le baril atteignait 126$ et a depuis chuté en dessous de la barre des 100$ aujourd’hui. La crise économique et la baisse du dollar américain tout comme les évènements géopolitiques (guerre en Lybie, tensions en Iran) jouent sur les cours. Cette manne pétrolière est une bénédiction pour un pays qui se veut la voix d’une Amérique du Sud libre et indépendante, mais cette dernière peut aussi être aussi éphémère que providentielle.













