Un lycéen bordelais a frappé son professeur de lettres et d’histoire pour un désaccord au sujet de la politique marocaine. En parallèle, une enseignante dans un lycée de la région de Poitier a été agressé par une parent d’élève pour de prétendus motifs racistes.
Christophe Cavagnac, professeur d’histoire et de lettre dans le lycée professionnel Trégey (Bordeaux) n’a gardé aucun séquelles de l’agression dont il a été victime mardi 11 septembre. Son visage est intact, comme s’il ne s’était rien passé. D’ailleurs, il n’a même pas souhaité prendre un arrêt de travail pour se remettre du choc. Pour cet enseignant au physique fluet et discret, le traumatisme est surtout mental: que c’est-il passé dans la tête de Marouane, cet élève de 18 ans qui l’a agressé?
À première vu, pas grand chose. Le jeune caïd, 1m80, musclé, est à l’opposé de son professeur. Logiquement, le combat était inégal. L’élève, probablement pas des plus courageux, n’a eu aucun remords à agresser physiquement son professeur sans aucun ménagement. Par solidarité les collègues du professeur agressé ont décidé d’exercer leur droit de retrait jeudi après-midi. »Les enseignants ne veulent pas non plus que cet incident grave donne une mauvaise image de l’établissement », explique Jean-Louis Nembrini, le recteur de l’académie de Bordeaux. Seulement, c’est trop tard. Le mal est fait.
Que s’est-il vraiment passé?
Mardi matin, M. Cavagnac avait choisi de dispenser à ses élèves un bref rappel des faits religieux qui sont arrivés en France depuis 1880. Seulement, Marouane, le jeune agresseur qui a pourtant grandi dans le quartier ne semble pas réussir à s’identifier à cette histoire de France.
Le professeur rapporte que l’élève lui aurait par conséquent posé une question en rapport avec ce malaise culturel: »J’ai cru comprendre qu’il m’a posé une question du genre : Pourquoi, moi, Marocain d’origine de confession musulmane, je me sens en décalage avec les valeurs de l’école républicaine ? » En réponse, l’enseignant lui aurait répondu que le système politique des deux pays était différent : entre la France républicaine et démocratique et le Maroc, une monarchie au fonctionnement dictatorial.
Visiblement irrité par le caractère véridique de cette réponse, Marouane s’emporte sans pour autant être capable de justifier intelligemment son raisonnement quelque peu bancal et peu objectif. Il aurait ensuite tenu des propos incohérents. Ses camarades ont bien tenté de le raisonner, rien n’y fait: le jeune d’origine marocaine s’emporte et commence à tout casser.
Logiquement, le professeur réagit et le renvoie de cours. Seulement, même après l’arrivée du conseiller principal d’éducation, le jeune homme ne se calme pas. Pire, à la sortie de la salle, Marouane s’excite au plus au point et commence à agresser physiquement M. Cavagnac. Commencée dans les escaliers, l’altercation se poursuit dans la cour de l’établissement. Là, les coups pleuvent. Pas rancunier, le professeur minimise les faits et explique que Marouane a voulu simplement l’impressionner. Rapidement, les policiers interviennent. Le petit voyou instantanément refroidi est ensuite emmené au poste.
Doux comme un agneau, Marouane a ensuite été directement s’excuser auprès de M. Cavagnac. »J’avais l’impression d’avoir un gamin de 10 ans quand, quelques heures plus tôt, c’était Tony Montana. »
Déjà exclu pour une durée de dix jours en attendant un conseil de discipline exceptionnel, l’élève devra aussi comparaître devant la justice en Février prochain pour des faits de « violences n’ayant pas entraîné d’interruption temporaire de travail, préjudice à des personnes chargées d’une mission de service public, dégradations volontaires et menaces de destructions dangereuses pour les personnes. »
Une prof de collège également agressée à Poitier
Le collège Jules-Verne de Buxerolles n’a pas la réputation d’être un établissement facile. Mercredi 12, une enseignante y a d’ailleurs été agressée en plein cours par une parent d’élève visiblement susceptible. Alors qu’elle était en train de dispenses son cours d’histoire à une classe de quatrième, un professeur a été agressé par la mère d’un élève qui n’avait simplement pas apprécié un mot dans le carnet de correspondance de son fils. Ne connaissant pas la honte, cette mère de famille indigne a asséné à la pauvre enseignante une série de coups de poings et de pieds d’une violence inouïe. À leur arrivée, les policiers sont également agressés par cette femme visiblement énervée qui n’a d’ailleurs pas hésité à les gifler eux aussi.
Placée en garde à vue, la mère de famille aurait invoqué des raisons de racisme pour justifier son comportement inexcusable. Selon cette dernière, elle aurait été «victime de violences par un instituteur, un Blanc» et a également assuré qu’elle était aussi victime de racisme depuis son installation à Poitiers. Seule contre l’humanité et la France, son discours donnerait presque envie à Harlem Désir de pleurer. Seulement, personne n’est dupe et son acte devra être puni.
L’avocate de l’enseignante frappée a d’ailleurs rejeté le racisme comme argument. «On ne se laissera pas entraîner sur ce terrain-là. Quand on enseigne au collège Jules-Verne comme (l’enseignante) depuis 17 ans, on ne peut pas être raciste», a déclaré Me Helène Mérade.
Et puis, jamais deux sans trois
Une prof de sport a également été giflée vendredi par un élève du même collège. Visiblement, les « enfants » de cet établissement difficile ont décidé de tout faire pour se montrer à la hauteur de leur réputation…de sales gosses, incultes, à la limite du retard mental. L’excuse du quartier difficile n’est, dans ce cas, pas valable. Si dans ces zones de non droit, les valeurs de l’école laïque et républicaine française n’ont pas leur place, alors il faudra faire un choix. Et si certaines personnes rejettent en bloc ces notions élémentaires de respect de la France et des autres, peut-être n’ont-elles tout simplement pas leur place dans ce pays.








