Quatre familles qui résident dans les Hauts-de-Seine ont été priées par le tribunal de Versailles de rendre leurs logements. Une nouvelle polémique qui risque d’enfler.
Le 15 mars prochain, les familles d’enfants délinquants condamnés dans cette affaire devront faire leurs valises et quitter les appartements HLM qu’elles occupent dans une cité de Boulogne-Billancourt. La raison est très simple : les fils et les frères de ces bravent personnes dealaient en bas de chez eux. L’un d’eux avait 21 ans en 2009 lorsque la police a trouvé 400 grammes de cannabis dans l’appartement qu’il occupait avec sa famille. Depuis, il a fait neuf mois de prison et n’a plus jamais remis les pieds au domicile familial.
« Je ne suis pas au courant du tout, du tout », a confié Kouta Diawara, la mère du jeune homme. « Je ne suis pas complice de mon fils. S’il fait des conneries, il fait des conneries dehors », s’est-elle justifiée. La sœur du jeune ex-dealer Siri Dembaga, estime qu’ « on ne doit pas payer à sa place ». Cette jeune mère de famille, qui vit dans l’appartement avec son enfant, martèle: « On n’a jamais fait de conneries ». « La police ne nous connaît même pas. Et c’est aujourd’hui qu’ils vont nous jeter dehors ? »
Par solidarité (et comme toujours dans ce genre de situation), certains ont lancé une pétition pour les soutenir. Du côté de la mairie de Boulogne-Billancourt, les responsables attestent que la situation est »dramatique ». »Il y a une décision de justice, c’est extrêmement difficile pour nous de la commenter« , a ajouté au micro de LCI Philippe Tellini, le maire adjoint de Boulogne-Billancourt, chargé de la prévention et de la sécurité.
Des méthodes courantes
Il ne s’agit pas d’une première en la matière, « ni pour le département ni pour un autre bailleur en France », selon Christian Dupuy, le président de l’office départemental d’HLM des Hauts-de-Seine (OPDHLM 92). Il avait d’ailleurs saisi la justice il y a plusieurs années pour rompre les baux des locataires, une affaire dont le Parisien fait état dans son édition de vendredi.
« C’est assez fréquent que l’on demande l’expulsion d’une famille pour trouble de jouissance lié à des faits de délinquance répétés de leurs enfants », a également souligné le président de l’office.
En juin, la cour d’appel de Versailles a prononcé la résiliation des baux de ces quatre familles et a ordonné la libération «sans délai» des logements ou «à défaut» a autorisé l’expulsion qui sera effective à l’issue de la trêve hivernale le 15 mars.
Les familles choquées
Sur RMC, le frère de l’un des dealers condamnés pour trafic de drogue, a qualifié cette décision de «double peine (…) totalement injuste», ses parents n’ayant eu, selon ses dires, «jamais de problème quelconque».
«Mes soeurs font des études supérieures. Moi-même je suis diplômé, j’ai un master. Mes parents travaillent et payent leurs impôts (…) Et aujourd’hui on veut expulser toute une famille qui était très bien intégrée à la société française», a-t-il affirmé sous couvert d’anonymat (on sait juste qu’il est frère).
«On n’a pas d’autre endroit où aller. Ils ne veulent pas nous reloger, qu’est-ce qu’on va faire? Mon frère était majeur à l’époque des faits. Il a fait une connerie, mais c’est pas la famille qui doit prendre pour lui», a réagi sur Europe 1 une autre personne concernée par l’expulsion. Et l’esprit famille alors?!
Et puis, une réaction un peu similaire de la soeur d’un des condamnés, Sira, au micro de France 2 :
Et enfin, les traditionnelles réactions des voisins. Dans ce genre d’affaire comme dans les faits divers, les réponses sont toujours les mêmes: « C’était des gens très biens. Ils disaient même bonjour. » Comme quoi, il faut toujours se méfier des gens qui disent « bonjour. »