L’heure des révélations? Toujours est-il que Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, ne s’attendait sûrement pas à provoquer un tel coup de théâtre en déclarant lundi soir sur le plateau de l’émission Mots croisés que toutes les grosses fortunes négociaient leurs impôts en France. Et ce, sur le ton de l’évidence. Comment ça, vous ne le saviez pas ?
Petits arrangements entre amis
Alors qu’il était interrogé par Laurent Mauduit sur les possibles négociations fiscales entre Claude Guéant et Bernard Tapie, Guaino a trouvé le moment propice pour jouer la carte de l’honnêteté: « Toutes les grosses fortunes négocient leurs impôts. Vous le savez parfaitement ». Ah bon? Face à la surprise générale de ses interlocuteurs, il ne se rétracte pas, mais sort sa deuxième carte, celle de l’évidence: «Mais, c’est vrai», argue-t-il.
Un avocat fiscaliste parisien le confirme d’ailleurs, c’est une pratique courante. Mais nuance ! Il ne s’agit pas là de « toutes » les grosses fortunes, voyons, ne franchissons pas le seuil du politiquement correct. Evoquons plutôt quelques petits « arrangements à l’amiable » qui s’opéraient grâce à une cellule de contrôle fiscal commune aux cabinets du Ministre de l’Economie et des Finances et du Budget, qui était (elle serait désormais dissoute), avouons-le, particulièrement « conciliante ».
Grosso modo, si tu es pauvre, tu paies ou la France, tu peux lui dire au revoir, personne ne te retient. En revanche, toi qui peut nous assurer la présence de successions non négligeables sur le territoire national, nous suivrons chacun de tes caprices concernant l’imposition, mais s’il te plaît, reste.
De petites faveurs qui ont été exploitées par Karl Lagerfeld ou encore Liliane Bettencourt, entre autres. Parfois, un peu de pression ou de chantage suffisent à faire plier l’administration fiscale. Enfin, évitons le brouhaha, les petits arrangements entre amis font le bonheur de tous…ou presque.
« Dans l’intérêt de l’Etat »
Comprenez le bien, cette pratique, qui brise certes le mythe de l’égalité devant l’impôt, n’était que dans « l’intérêt de l’Etat ». Autrement dit, il s’agissait de lutter contre l’exil fiscal, de ces gros consommateurs tant indispensables à la France, et surtout, de récupérer la précieuse taxation de la succession.
Mais rassurez-vous, tout le monde a le droit de négocier avec l’administration fiscale. Enfin, bien entendu si vous faites parti des plus fortunés il vous sera beaucoup plus facile de parvenir à vos fins, ne serait-ce que par les conseils et les informations qui vous seront transmises en toute discrétion.
«C’est du passé, n’en parlons plus»
Enfin, savourez tout de même la dernière intervention de la Député PS Karine Berger: « Monsieur Guaino, ça se passait peut-être comme ca quand vous étiez à l’Elysée, ça ne se passe pas comme ça en ce moment. »
Ouf, nous voilà rassurés. Nous étions presque sur le point de ne plus croire au principe de l’égalité devant l’impôt.







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