Des sales gosses ont tabassé l’un de leur camarade de classe dans la cour de leur collège à Coulommiers. Les faits n’ont rien d’incroyable, mais le motif de l’attaque l’est nettement plus: Les agresseurs de poche voulaient faire du buzz sur Facebook.
Autrefois, une bonne bagarre entre collégiens commençait souvent à cause d’une nana ou pour un concours de scooter. C’était cliché, mais c’était plutôt drôle. Des fois même, une petite victime se faisait cartonner par quelques mini durs. La réputation de tous les gars se faisait sur des « on dit »: Le frère du cousin de Mouloud il m’a dit qu’il connaissait le neveu de Christophe, et apparemment, le mec se tape trop bien. » Bref, faute de preuve concrète, à part la gueule cassée de l’adversaire, mais ça, c’était temporaire, toute la Street Credibility d’un collégien se jouait sur de la communication et donc, du mensonge.
Aujourd’hui, l’avénement des téléphones portables multifonctions a démocratisé l’utilisation de la vidéo à tous les idiots de la civilisation, y compris aux plus stupides des collégiens. Désormais, tels des vieux cons blasés, les jeunes ne croient que ce qu’ils voient. Le coup des shoes qui courent vite, c’est fini. Il faut la vidéo ou la photo. Tout passe par l’image, plus rien par le récit. C’est triste, mais c’est le progrès aussi.
Des idiots, tout simplement
Il y a huit jours, pendant la pause déjeuner, un garçon de 14 ans a été roué de coups dans la cour du collège Hippolyte-Rémy, à Coulommiers (Seine-et-Marne) par cinq de ses camarades. Une petite fouine vraisemblablement par très couillue a filmé l’ensemble de la scène, qui dure une dizaine de secondes. La victime ne présente pas de sérieuses séquelles, quelques ecchymoses tout au plus, pourtant la scène est assez violente. Ah, cette fameuse culture de l’image!
La scène est caractéristique de ce genre d’embrouille entre petites merdes d’adolescents. D’abord encerclée par cinq garçons, la victime a ensuite été aspergé de déodorant de supermarché. Puis, le gosse a subi le traditionnel « coup d’tête, balayette, manchette ». Mais à l’échelle d’un collégien, ça donne juste une pauvre balayette et quelques coups de pied ; le tout saupoudré d’insultes.
La suite du récit est pitoyable. Fiers de leur acte, les agresseurs ont directement posté la vidéo sur Facebook et ce, dans le but de voir combien de « j’aime » ils arriveraient à récolter. Problème, la mère du gosse saccagé est tombée sur la vidéo de son fils se faisant rouster. Directement, elle a porté plainte. La gendarmerie est intervenue. Le club des 5 (6 si on compte le caméraman de fortune), a été déféré devant un juge pour enfants. La semaine prochaine, ça sera conseil de discipline pour eux. Mais à part ça, et peut-être une restriction de télé et de jeux vidéos de la part des parents, ils n’auront rien, ou presque. Les envoyer au goulag serait un peu sévère, mais partis comme ça dans la vie, ces jeunes lâches n’iront probablement pas loin. Du moins, humainement parlant…