Avec un nom de scène digne de l’adresse Hotmail d’un adolescent des années 2000 et une dégaine à l’opposé des standards du glam rock, Jessica93 attire, tel un OVNI, l’attention et la sympathie des observateurs musicaux. Alors, je l’ai rencontré.
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« Il est sympa Jessica », me dit-on alors que je viens de me faire recruter pour tenir une porte lors de mon arrivée à l’Embobineuse. Jessica93, je l’avais déjà vu sur scène il y a un an. Ma première impression était un peu mitigée. Je me souviens d’un gars seul sur scène, les cheveux dans les yeux, paré d’une capuche sombre et d’une pédale loop. Mais au fil des chansons, on se laisse emporter par les ténèbres. Les pieds se baladent sur les pédales, les cordes vibrent, la voix s’élève, et on se laisse convaincre.

La musique de Jessica93 est froide et hypnotique. Depuis, un nouvel album est sorti : « Rise » ; l’atmosphère y est toujours très fraîche mais ce n’est pas pour nous déplaire. Derrière ce personnage énigmatique se cache donc Geoffroy Laporte. Un musicien nomade qui sillonne la France pour faire des concerts et qui s’est finalement retrouvé dans le sud de la France, à l’Embobineuse de Marseille. C’est dans un décor que l’on pourrait penser tout droit sorti d’un film de Tim Burton que je l’ai rencontré. Vêtu d’une veste en cuir digne de l’âge d’or du mouvement punk, « Goef » est pourtant plutôt aimable, voir sympathique.

C’est qui Jessica ?

Jessica c’est moi si j’avais été une fille. C’est le prénom que ma mère m’aurait donné. Ce ne n’est pas plus mystérieux que ça…

Tu as 34 ans, donc plus si jeune pour un « jeune talent ». Qui étais-tu avant Jessica93 ?

J’étais juste « Goeff ». J’ai joué dans plein de groupes avec des potes. J’ai commencé la musique quand j’avais 15/16 ans mais je m’y suis mis sérieusement en 2005. C’est là que j’ai commencé à découvrir tous les groupes « Do it yourself ».

Tu es donc un « one man band » Est-ce que tu préfères jouer seul ?

Non, ce n’est pas tellement une préférence, c’est juste venu comme ça. Avant, je jouais dans plusieurs groupes avec mes potes, j’essayais de remplir mon emploi du temps comme ça. Sauf qu’ eux, ils faisaient souvent des études ou travaillaient le reste du temps. Moi, j’avais des petits boulots alimentaires mais je n’ai pas fait d’études. J’ai toujours fait de la musique. Donc à un moment, j’ai décidé de me lancer tout seul.

Tu n’as pas peur de devenir schizophrène en interprétant toi-même tout les membres de ton groupe ?

Non, ça va, je ne suis pas schizo. Mais parfois, quand je jouais avec mes potes, ils me disaient : « tu devrais te cloner, peut-être que ça marchera mieux comme ça ».

On sent dans ta musique une forte influence de la new wave. C’est la musique qu’écoutait mes parents lorsqu’ils avaient 20 ans et que désormais, moi, j’écoute depuis que je leur pique des CD. T’écoutais quoi, toi, quand t’avais 20 ans ?

Je n’écoutais pas beaucoup de new wave ; plutôt du rock indie, du punk. J’aimais bien The Cure et Trisomie 21 mais c’est à peu près tout ; je préférais les guitares. En fait, l’influence new wave est venue toute seule.

Un peu plus d’un an s’est écoulé entre ton premier disque « Who cares » et le nouveau sorti il y a un mois « Rise ». Durant cette période tu as fait beaucoup de concerts, on a pas mal parlé de toi dans la presse, tu as joué à Rock en Seine… C’est quoi tes projets pour l’année à venir ?

Ce qui change cette année c’est que j’ai un tourneur. Et mon projet c’est de continuer de faire ce que je fais déjà, c’est-à-dire de jouer; tout simplement. Là, on prévoit aussi de tourner un peu en Europe. Et prochainement, on va avoir des dates aux Pays-Bas, en Russie et en avril, peut-être aussi en Angleterre, en Scandinavie ou en Allemagne.

D’ailleurs, « Rise » c’est pour quoi ? Une sorte d’ascension vers la lumière ?

C’est une blague en référence à ma vie dernièrement. J’ai toujours fait des disques, mais là, les gens commencent enfin à les écouter et depuis, on me dit tout le temps : « ah ça décolle ! ». Mes amis, ma famille - qui ne sont pas trop dans la musique - me disent souvent ça quand ils me voient. Sauf que toi, quand tu es musicien, tu n’y penses pas trop, tu fais toujours de la musique.

Est-ce que tu conduis toujours la fameuse voiture jaune qui figure sur la pochette de l’album ?

Non, malheureusement elle est partie à la casse ; j’en ai une autre maintenant.

Jessica93

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