En 1998, quatre étudiants de la Faculté de droit Paris 2 Panthéon Assas décident de faire une association pour faire aimer, découvrir, le cinéma dans toute sa diversité et dans tous les formats. Aujourd’hui Patrick Maus, un des fondateurs qui n’est plus étudiant – il est conseiller en marketing – offre pourtant toujours de son temps à cette association. C’est au cours d’une projection privée que je l’ai rencontré et qu’il m’a accordé un entretien. C’est une sorte de cinéclub pour grandes écoles que vous avez mis en place ? Ce n’est pas exactement un cinéclub, CINÉ FAC est une association d’amateurs de cinéma, des gens qui aiment le cinéma qui veulent mieux le découvrir et le faire connaître. C’est une association pour la diffusion du cinéma. On était quatre étudiants en droit dans différents domaines, il y avait quelques projections de films à la fac et on voulait que cela soit plus régulier. On avait la chance d’avoir des projecteurs 35mm à Assas et une salle qui pouvait être utilisée. On n’avait pas d’argent, on ne savait pas où trouver des films. Le service culturel nous a aidé un peu au début. Et pour trouver les films vous aviez une idée ? On s’est adressé aux distributeurs. A la différence des cinéclubs on voulait des films en avant-première. On a ainsi commencé à Assas. Puis on a découvert que dans d’autres universités il n’y avait pas de cinéclub mais il existait des salles. Avec Paris VII - Paris Diderot - on fait beaucoup de projections avec eux parce qu’ils ont des étudiants qui font des études de cinéma. On s’est aussi appuyé sur des cinéclubs qui existent comme Normal Sup, Sciences Po par exemple, où des université comme Dauphine qui a des salles qui peuvent être utilisées, aussi à Paris I Tolbiac. Au début tout se passait en 35mm jusqu’à l’avènement du numérique et au moment où on a mis les pistes son bleues qui nécessitaient des aménagements des projecteurs les Universités n’ont pas voulu changer leur matériel. En 2005 on a commencé à faire de moins en moins de projection dans les Universités et à la place on les a faites dans des cinémas. Soit dans des salles traditionnelles soit dans des salles privées. A Paris il y en a un certains nombres comme Marbeuf, Lincoln, le club de l’Etoile ou des salles traditionnelles comme MacMahon, Grand Action ou même UGC les Halles ou Gaumont Opéra. Ce sont des projections organisées spécialement par CINÉ FAC. Oui en partenariat avec le distributeur et avec la salle qui nous accueille également. Cela a un coût je suppose? Oui mais il est assez faible, parce que c’est une association étudiante, donc avec que des bénévoles ce qui limite les frais de fabrication de matériel, de publicité. La projection pour les étudiants est gratuite La salle, vous l’avez gratuitement ? Tout le monde joue le jeu ? Tout à fait. Les étudiants doivent simplement réserver à l’avance, car le nombre de places est limité ; aujourd’hui cela se fait par internet, avec les réseaux sociaux, par la newsletter très puissante, par la communication de terrain grâce à des associations partenaires dans les universités, dans les écoles supérieures, qui ont un panneau d’affichage, un bureau. Vous êtes parti à quatre et aujourd’hui combien êtes-vous? L’équipe dirigeante est constituée d’une vingtaine de membres actifs et un réseau d’associations partenaires partout en France. C’est parti d’Assas et on est présent dans 25 villes en France où il y a des facs et des écoles supérieures. Notre volonté n’est pas de toucher des cinéphiles mais surtout de s’adresser à tous les publics et considérer que les étudiants peuvent s’intéresser à tout type de films. On vient soit en complément de programmation dans les écoles qui ont un cinéclub type Normal Sup et on leur propose plusieurs fois par an une projection supplémentaire en avant première. Au niveau financier comment cela fonctionne-t-il ? D’une part les fonds culturels des universités nous aident et on a une participation des distributeurs des films. Ils nous prêtent la copie et payent les frais engendrés par la projection. Et c’est rentable pour eux ? Pour eux c’est de la visibilité qui est offerte à leur film, c’est de la notoriété qui va pouvoir être apportée car on fait une communication sur internet et de l’affichage dans les établissements. Quand un étudiant conseille un film à un autre - le fameux bouche à oreille - ils savent que c’est un moteur très important pour leur film. Aujourd’hui les quatre de 1998 ne sont plus étudiants ? L’association est composée de 90% d’étudiants et garde quelques anciens qui encadrent et qui font que l’association se pérennise. Moi, aujourd’hui, je fais du conseil en marketing et de temps en temps je vais aux projections privées où d’autres membres pour voir des films qui pourront être projetés par l’association. Le renouvèlement se fait activement ? Tous les ans l’association se renouvelle à 50 voire 60% avec de nouveaux étudiants. Et d’où viennent-ils ? Au départ beaucoup venait de droit, d’économie du fait d’Assas, puis d’avoir ouvert sur d’autres facs on a touché d’autres étudiants, maintenant l’association est composée à 50% d’étudiants dans des filières artistiques et à 50 % dans des filières totalement différentes comme pharmacie, droit, philo, médecine, commerce… Les facs de médecine, de pharmacie n’ont pas de tradition de cinéclub et on travaille beaucoup avec elles. Aviez-vous une thématique au départ ? Non, notre but était qu’au moins un étudiant avait envie de voir un film qu’on lui proposait. On a passé des films d’auteur assez hermétiques, des films plus grand public, français ou étranger. On peut être sur une comédie comme « Lol » avec Sophie Marceau ou comme « The Descendant » avec Clooney ou des films de patrimoine à l’occasion d’une ressortie comme « Plein Soleil » ou « La Grande Illusion » mais on a aussi passé « Borat ». L’idée est d’être le plus large possible pour que chaque étudiant puisse être attiré par un film, être intéressé par l’association et que si on lui propose un Fassbinder il aura envie de venir le découvrir. On a une vocation pédagogique et de découverte. Comment se passent les projections des films ? Pour les nouveautés, si c’est possible, on invite l’équipe du film qui vient souvent puis on fait un débat après la projection. Sur les films de patrimoine s’il existe encore des gens qui ont participé, on essaye de les faire venir sinon la présentation est faite par un historien du cinéma, un enseignant, un journaliste, ou une étudiante qui fait sa thèse sur le réalisateur comme on l’a eu sur Fassbinder. Tous les distributeurs jouent le jeu ? Ce n’est pas forcément avec les distributeurs qu’on a des problèmes c’est plutôt par rapport au film. Un petit distributeur qui a un film à très fort potentiel nous le confiera pas forcément alors qu’un gros distributeur qui a un film un peu plus fragile et qui pense que notre public sera sensible pourra tout à fait nous le proposer. Depuis 15 ans qu’on existe on a travaillé avec tous les distributeurs. Souvent ils nous contactent, il arrive qu’on voit des films et d’un commun accord on pense que ce n’est pas opportun qu’on fasse une avant première. Aujourd’hui les décisions se prennent de plus en plus tard et sur certains films on peut être en pourparler pendant longtemps. Combien de projections faites-vous dans l’année ? En une année cela peut varier entre 7 et 15 films. Mais sur un même film on peut faire une dizaine de projections dans toute la France. La stratégie par rapport à un film est souvent différente surtout à cause des vacances tournantes dans les régions et les périodes d’examens. Vous êtes en partenariat avec d’autres manifestations ? Oui avec le festival sur l’Environnement où des étudiants de CINÉ FAC sont membres du jury, on a été aussi partenaire du festival du cinéma polonais, on est partenaire avec l’institution du mémorial de la Shoa qui propose des documentaires dans le cadre du festival du documentaire. Ce sont des activités annexes mais qui permettent aux étudiants de venir enrichir leur culture. On est là pour faire découvrir le cinéma dans les vraies conditions et c’est dans une salle qu’on doit voir un film et non à la télévision ou sur un téléphone portable. En 2010 vous avez organisé un festival de court-métrage numérique ? L’association a démarré sur les avant-premières de longs-métrages, c’était sa première activité, on a aussi projeté des films du patrimoine qui sortaient restaurés ce qui permettait de faire découvrir dans de très bonnes conditions ces films à un public qui souvent ne les connaissait pas. En parallèle on s’est dit que le court-métrage n’est pas très diffusé et ce serait intéressant de proposer des séances de ce genre. En 2005 on a organisé un festival de courts-métrages, on faisait une ou deux projections dans l’année. On a donc fait un festival des nouveaux cinémas qui se déroule chaque année au mois de juin pendant une dizaine de jours. On organise pendant l’année plusieurs soirées de court dans les universités ou dans des lieux liés aux universités. Le CNC s’est intéressé à votre action ? Non, on n’a jamais eu de contact avec lui. On a travaillé un peu avec l’agence du court-métrage les premières années, mais on a voulu avec la naissance du numérique, s’adresser à tous les gens qui filment en numérique et qui n’étaient pas diffusés dans les festivals parce que leur film n’était pas transféré en pellicule. On a lancé un appel à candidature, en numérique. On a fait un festival le plus ouvert possible ; la sélection est faite par le comité de l’association, une vingtaine de personnes. Ce comité visionne un millier de courts-métrages internationaux réalisés en grande partie par des étudiants. Grâce aux réseaux sociaux ou par des étudiants qui ont fait leurs études à Paris et qui ont connu notre association, on reçoit des courts-métrages du monde entier. On a même des films qui sont réalisés par des professionnels qui les ont fait seuls sans soutien particulier. Il n’y a pas de prix et tous les formats sont acceptés. Tous les créateurs sont les bienvenus. Quels que soient les moyens, s’il y a une qualité artistique, tous les films sont pris en compte. La prochaine projection des courts métrages ? Le 3 février 2015 au restaurant universitaire Le Mabillon à Paris, en partenariat avec le Crous, puis deux projections à Nanterre en cours de programmation. Régulièrement on organise des projos de courts-métrages car on y tient beaucoup. Ca sensibilise les étudiants de les passer dans leur fac. On fait aussi des projections une fois par mois dans un bar qui s’appelle l’Atmosphère au métro Mairie des Lilas. Sur les quatre de l’origine qui est encore dans l’association ? Il ne reste plus que moi, mais il y a une relève qui est très présente et efficace ! *********************************** Pour tout savoir sur CINÉ FAC: www.cinefac.fr www.nouveaucine.com Partager :Tweet Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié.CommentaireNom* Email* Site Web Oui, ajoutez moi à votre liste de diffusion. 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