« L’Oranais », un film de Lyes Salem avec Khaled Benaïssa,Djemel Barek, Amal Kateb, Najib Oudghiri, Sabrina Ouazani, Anne Zander et Abdou Boukefa. Sortie le 19 novembre 2014.

Le pitch

Durant les premières années euphoriques qui suivent l’indépendance, deux amis, Djaffar et Hamid, sont promis à un bel avenir dans une Algérie libre jusqu’au jour où la trahison les sépare.

L’avis

Voilà le genre de film qu’on aimerait pouvoir réaliser en France. Face à la guerre d’Algérie, de l’autre côté de la Méditerranée, il y a une histoire officielle. Et en France, de celle-ci, on n’en parle peu. Pourtant il est important qu’il y ait une mémoire collective sur cette guerre. L’Oranais est un film politique dans le bon sens du terme ; il est servi par une pléiade d’acteurs excellents. C’est une vraie fiction, avec une vraie histoire, qui commence dans les années 1950 et se termine dans les 80’s. De l’enthousiasme de la victoire on passe à l’utopie, puis vient le temps des compromissions, des traîtrises, de la corruption, des luttes pour le pouvoir. Lyes Salem en partant du particulier dresse une fresque lyrique, poétique par certains moments, d’un pan de l’Histoire de l’Algérie. Il raconte comment la désillusion est arrivée dans ce pays, par la faute de ceux qui étaient porteur d’espoir. Il ose regarder la vérité en face. C’est douloureux, mais il a su prendre une certaine distance par rapport à cette Histoire qui est aujourd’hui battue en brèche.

L’Oranais c’est la chronique d’un groupe fortement consolidé dans l’action contre la présence française qui va petit à petit se désagréger au fur et à mesure que le temps passe. Le film raconte un constat d’échec. Il a une structure classique dans le fond et dans la forme, servie par une photo superbe et des rôles attachants. Il est traversé par un souffle épique sympathique. En France à la fin des années 80 ( la fin du film ), c’est la percée du Front National, à l’international c’est la chute du mur et l’éclatement du monde communiste. On aimerait que des réalisateurs français se penchent ainsi sur notre passé d’après la libération - les années De Gaulle où ceux qui ont soi-disant fait de la résistance ont pris le pouvoir jusque dans les années 1970, ceux qui ont géré les guerres d’Indochine et d’Algérie - pour s’éloigner, un peu, des manuels scolaires et de l’Histoire « officielle ». Ils sont trop peu nombreux les réalisateurs qui ont osé à s’attaquer à cette Histoire. L’Oranais est un film important et captivant avec ses excès généreux.

A propos de l'auteur

Réalisateur, journaliste

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