Mali : l’OTAN à la rescousse

Arthur Beaufils 10/01/2013 0

La Cédéao et l’Union Africaine ont appelé l’OTAN pour mener une opération militaire en commun au nord du Mali, sous contrôle d’une guérilla islamiste qui a pris le contrôle de la moitié du pays. Pour éviter que la poudrière explose, la communauté internationale tente de réagir, sans convaincre.

sahel guerre Mali : lOTAN à la rescousse

Depuis l’offensive Touareg débutée discrètement le 17 janvier 2012, la situation a radicalement changé. La déclaration d’indépendance de l’Awazad, terre revendiquée depuis un demi siècle par les nomades, s’est transformée en Guerre du Sahel. Les Touaregs ont perdu le contrôle des territoires conquis au profit de brigades armées islamistes affiliées à Al-Qaïda.

Face à la dégradation de la situation, la communauté internationale s’est décidée à prendre position pour soutenir Bamako. Les Nations Unies avaient autorisé la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine à intervenir militairement pour soutenir l’armée malienne. Comme beaucoup de spécialistes l’avaient prédit, la CEDEAO n’est pas équipée pour combattre dans le désert et sans soutien d’une coalition militaire occidentale, l’opération est vouée à l’échec, qui n’est plus permis.

Misma : le mirage

En décembre 2012, l’ONU a adopté une résolution qui autorise le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) pour un an, sans préciser le nombre de soldats qui compose cette force, elle pourra dépasser les 3 000 hommes évoqués par la Cédéao. La Misma ne dispose pas encore d’un calendrier précis pour une éventuelle intervention.

Il règne une certaine confusion autour de la Misma. Romano Prodi, envoyé spécial des Nations unies au Sahel, estime qu’aucun déploiement ne peut être envisagé avant septembre 2013 tandis qu’en France, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian envisage une intervention dès le premier semestre de cette année. Le gouvernement français tient encore une nouvelle fois une position paradoxale puisque M. Le Drian a récemment déclaré sur Itélé que « La France qui était une des 4 grandes puissances militaires mondiales ne le sera plus ».

Thomas Boni Yayi, le président du Bénin et de l’Union africaine juge que la Misma doit dépasser la Cédéao. Le 8 janvier, à Ottawa, il a déclaré que c’était « une question de terrorisme et que ça relève de la compétence de la communauté internationale ». L’Union Africaine veut créer une nouvelle « coalition globale », au côté de la Misma, à l’instar de l’opération que se déroule en Afghanistan.

Sahelistan

Devant l’étendue de la main mise islamiste dans la région, c’est un bastion du terrorisme aux portes de l’Europe qui s’est formé. Le monde a encore en mémoire la destruction de la magnifique Tombouctou, capitale de l’Islam, qui n’est pas sans rappeler les destructions des talibans il y a 20 ans.

Certains spécialistes parlent déjà de Sahelistan. Il est peu probable qu’une force afro-africaine face le poids contre une guérilla très bien organisée, financée par divers trafics et qui maîtrise son terrain. « Le combat contre des forces asymétriques comme des guérillas dans les dunes et la chaleur du Sahel, auxquelles les terroristes ont eu largement le temps de s’adapter, serait un enfer pour les forces de la Cédéao » avait expliqué, en octobre 2012, Abdelkader Abderrahmane, analyste de l’Institute for Security Studies.

Quelle solution militaire ?

L’Otan et son principal « partenaire », les Etats-Unis, ne s’engageront pas. En Lybie, les nations européennes ont pris la tête de la coalition et l’Afrique n’est pas le terrain de l’Oncle Sam. La France a toujours été présente en Afrique de l’Ouest, jardin au relent de françafrique. Entre l’opération Licorne en Côte d’Ivoire et les forces de présence au Sénégal, si l’OTAN est appelée, la France prendra donc la charge de l’engagement de militaires non-africains. L’Union européenne et France ont approuvé une mission de formation en faveur de l’armée malienne (EUTM Mali) qui va prendre en charge 2600 hommes.

Pour éviter une guerre terrestre qui paraît inenvisageable compte tenu des risques pour les soldats de l’Otan et les conditions climatiques extrêmes, il existe très peu de solutions.

L’Otan base sa force sur sa capacité à maîtriser l’espace aérien d’une zone de conflit. L’Algérie ne laissera probablement jamais une base militaire avec des militaires français s’installé temporairement et encore survoler son espace aérien.

Déployer une force aéronavale semble compliqué, le Nord Mali est loin des côtes, et seul les Etats-Unis disposent de ressources nécessaires à l’heure actuelle. Une autre hypothèse, les drones. Il faudrait pour ça délimiter une zone d’exclusion de civils où les bombardements feraient des ravages parmi les rangs des djihadistes. Encore une fois, ce sont les Etats-Unis qui sont les leaders de l’Otan dans ce domaine.

La situation est donc loin d’être résolue et risque de s’envenimer. “Nous ne pouvons plus perdre de temps” a insisté Thomas Boni Yayi. Il a indiqué qu’une conférence internationale serait bientôt organisée que “l’Otan devrait y participer”. Les brigades islamistes qui ont ravagé Tombouctou commenceraient à se déplacer vers le Sud Mali.

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