Le Point récidive. Après la Une déjà racoleuse de février 2011, « Le spectre islamiste », cette semaine, la rédaction de l’hebdomadaire continue à entretenir les clivages entre la société française et les musulmans. Analyse d’une manipulation qui tend vers l’islamophobie de gauche.
Le titre illustre le lyrisme de la rédaction : « Un islam sans gêne ». Les sous-titres vous donnent déjà les clés pour comprendre. Cet islam sans gène s’est immiscé dans nos « les hôpitaux, cantines, piscines, programmes scolaires ». Citoyens, soyez sur vos garde !
Un hiqab, une gendarmette, il n’en fallait pas plus pour avoir une belle photo « choc » et vendeuse. Seulement voilà, le photomontage est interdit pour ce type de magazine. Comment trouver pareil cliché dans notre République ? Une technique facile et connue de tous les photographe du monde : le zoom. La photo quant à elle n’est pas légendée, évidemment.
La photographie ne semble pas avoir été prise dans un hôpital, une cantine scolaire ni dans une piscine municipale mais plutôt en extérieur. Une manifestation peut-être ? Samuel Laurent, journaliste pour Le Monde, trouve la faille. Il évoque sur Twitter les similitudes frappantes entre cette photo et les clichés publiés par la Voix du Nord dans un reportage qui date du 22 septembre dernier.
Voici les clichés en question :
“Elles étaient moins d’une dizaine à défiler place Richebé à deux pas de la place de la République déterminées à manifester contre les provocations à l’égard de l’islam malgré l’interdiction édictée par le préfet«
La 20e photographie du diaporama proposé par la Voix du Nord (lien ci-dessus) est celle de la jeune femme en couverture. Reconnaissable à ses yeux d’une rare clarté, le doute n’est plus permis. Malheureusement.
Vendre du papier et cultiver les préjugés
Comment un hebdomadaire français dit « sérieux », qui revendique avoir pour modèle (lors de sa création en 1972) le célèbre magazine américain Time Magazine et son confrère Newsweek, a-t’il pu oser illustrer un tel sujet avec une telle photographie ? Une dizaine de manifestantes voilées face à des policiers pour symboliser l’islam et ses dérives en France ? Faut-il encore rappeler que le hiqab est très peu porté en France par les femmes des confessions musulmanes ?
La raison de ces Une choc ? Il y en a plusieurs assurément. Premièrement, c’est les vacances de la Toussaint, l’occasion de lire ou d’acheter un magazine en allant à la campagne pour sortir les enfants. Une couverture pareille est faite pour vendre du papier glacé, c’est un fait. Ensuite se pose la question « sociétale ». Quel est l’intérêt de ces titres accrocheurs et ces photos racoleuses ? Stigmatiser une communauté déjà en déséquilibre social et entretenir des clivages qui se veulent, avec l’aide de certains, intemporels ? Probablement.
Un titre de presse qui n’est plus dans l’information
Le Point a franchi la frontière de la manipulation médiatique et sociétale donc politique. Le message subliminal est clair, il faut avoir peur pour l’intégrité de notre République face aux prétendus assauts des musulmans de France…
Le magazine est considéré comme « libéral », voire conservateur selon certains. Pourtant, il est difficile de donner une réelle étiquette au Point. Michel Rocard, homme politique et ancien ministre de gauche est le directeur de publication adjoint. Franz-Olivier Giesbert, le directeur de la rédaction, a souvent critiqué Jean-Marie Le Pen au début de sa carrière et il est aussi considéré comme un « mauroyiste », en référence à Pierre Mauroy, ancien Premier ministre de F. Mitterrand.
Soutien anti-sarkozyste de poids pour F. Hollande durant la présidentielle 2012, l’hebdomadaire peut être aisément considéré comme un média ayant des affinités à gauche de l’échiquier politique français. La xénophobie n’est plus l’adage du Front National ? Intrigant. La polémique boulangère d’un Jean-François Copé passe pour de l’amateurisme à coté de cette Une « choc ».
Une islamophobie de gauche ?
L’islamophobie de gauche est une réalité. Pour s’en assurer, il suffit d’écouter les discours de la prédicatrice Caroline Fourest. Que ce soit sur France Télévision (Ce soir ou … jamais), lors de conventions du Parti Socialiste («Convention Egalité », décembre 2010), ou pour la fête de l’Humanité (cherchez l’erreur). La haine de toute une pensée dite de gauche envers l’islamisme radical entraine la stigmatisation intrinsèque de la communauté musulmane.
Une autre personnalité de gauche, un penseur de gauche, illustre aussi assez bien cette tendance. BHL (Bernard Henry-Levy) est un chroniqueur régulier du magazine Le Point. On ne présente plus le personnage culturo-mondain qui prône la guerre, la destruction et le massacre de population innocente. Surtout à l’encontre de pays musulmans et laïcs à l’instar de Libye ou encore la Syrie. Pour ceux qui suivent la presse française, on se souviendra des (nombreuses) pages de publicité mises à disposition par le journal Libération (Si N. Demorand n’est pas « socialiste », De Gaulle a collaboré avec Hitler) pour promouvoir le pamphlet qui incite à la violence martiale et communautariste, « La Guerre sans l’aimer ».
Charlie Hebdo, trempe aussi dans ce bourbier. Ses « Une » qui sont soit disant « défendables » au nom de la liberté d’expression reflètent juste une haine qui découle tout simplement de l’ignorance, comme souvent. Malheureusement, être de gauche vous dédouane quasi-systématiquement d’être xénophobe et islamophobe. Préjugés, quand tu nous tiens…
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