Les Etats-Unis font rêver des millions de jeunes basketteurs partout dans le monde. Pourtant le rêve américain à ses limites et chaque année, des milliers de jeunes promis à un avenir au plus haut niveau se retrouve noyés dedans et ne sortent jamais de l’anonymat.
Cela fait maintenant depuis début novembre que l’équipe a repris l’entrainement. Les visages des basketteurs sont fatigués et tendus - causée par un camp d’entrainement exténuant - Tous les jours, avant et après les cours, les joueurs se retrouvent tous au gymnase une heure avant que l’entrainement ne commence. Certains sont dans le bureau du kiné pour stripper, masser une articulation ou un muscle douloureux tandis que d’autres sont encore dans le hall d’entrée de la salle, souvent occuper à flirter avec certaines étudiantes un peu trop « fan. » Trente minutes avant l’heure officielle du début de l’entrainement, les joueurs commencent à s’échauffer tranquillement sur le terrain central. Puis, l’entraineur arrive. Coach Kammrath est un homme qui ne plaisante pas avec la ponctualité et la discipline. Son regard fixe sans relâche ses joueurs. D’un coup, le sifflet retentit. Tout le monde se rassemble autour du rond central pour écouter le déroulement de l’entrainement et s’étirer.
1, 2, 3 HARD WORK !
C’est le cri que pousse toute l’équipe pour se motiver avant de commencer à courir. Ligne de fond, tout le monde transpire, la trotteuse du chronomètre fixée sur le mur du fond n’arrête pas de courir. Au bout d’un moment, le jeu devient plus contrôlé, la balle circule, l’entraineur est satisfait. Dès demain, l’équipe jouera son premier match de la saison à domicile. La pression est d’autant plus grande que Masters recevra Brunswick pour un remake de la dernière finale. Malheureusement cette année, l’équipe de coach Kammrath a perdu 90% de son apport offensif avec le départ à l’université des deux capitaines et le renvois pour une scabreuse affaire de deal d’herbes du capitaine. Le combat s’annonce donc pour le moins difficile.
A 7 :30PM le lendemain, tous les joueurs finissent de s’échauffer. La première chose qui saute aux yeux est l’assurance naturelle qui se dégage de grand nombre d’entre eux. L’arrogance américaine n’est donc pas un mythe. La salle se remplie au lourd son du Wu Tang Clan, groupe de rap New Yorkais des années 90.
Puis, le speaker annonce les équipes et demande à la salle de se lever pour l’hymne américaine, le fameux Star Spangled Banner, chanté par une chanteuse et musicienne nettement moins inspirée que Jimi Hendrix.
Le coup de sifflet retentit, les duels sur le terrain sont intenses, le public est bruyant. Au terme d’un combat valeureux, Masters s’inclinera finalement de 15 points. Le coach est furieux mais les joueurs semblent eux, étonnamment détendus. D’ailleurs, à les écouter, ils s’en fichent d’avoir perdu. Eux, des matchs, ils en jouent 60 par an. Et puis, si ils sont réunis là, dans la même école, c’est juste parce que le basket finance leurs études et les sortent de leurs quotidiens parfois peu réjouissants. Leur but, c’est de produire des statistiques sur le terrain qui leurs permettront d’aller à la fac.
L’indifférence
Plus tard dans la soirée, l’équipe se réuni autour de la télé pour un tournoi improvisé de Playstation, la console étant l’un des seul passe-temps pour beaucoup d’entre eux. Ils ont pourtant la chance d’étudier dans une des meilleures Prep School de la côte Est qui leur offre l’accès aux meilleures universités du pays. A part le basket ils n’ont aucun but dans leurs vies. Ils s’en moquent d’ailleurs des meilleures facs. L’an prochain, faute de résultats scolaires suffisants, beaucoup iront dans de petites équipes obscures du Midwest où se mélange étonnamment noirs du ghetto et blancs des campagnes. Le futur, ils y penseront plus tard. Après 4 ans passés dans ces universités. Les plus chanceux iront jouer en Europe, les autres finiront éducateurs sportifs dans leur quartier d’origine, sombrant dans l’anonymat le plus totale. Elle en est donc là, la glorieuse formation d’athlètes de haut niveau au pays où Michael Jordan est roi.
Par Raffael Cabin