La question de la pollution lumineuse, du coût de l’électricité et de la facture environnementale de l’éclairage public est enfin la cible de mesure. En temps de récession aigue, tous les coûts sont bons à réduire
Le 1ier juillet, un décret est passé presque inaperçu malgré son importance en zone urbaine. Les enseignes lumineuses des villes de moins de 800 000 habitants devront être éteintes entre 1h et 6h du matin. Les néons, panneaux ou publicités lumineuses sont sous le coup de cette interdiction. D’ici 2018, toutes les enseignes seront éteintes la nuit et cela permettra d’économiser 1 térawattheures par an. Les pharmacies et les affichages communaux sont épargnés. Un autre arrêté prévoit (enfin) d’éteindre les bureaux et les vitrines. Deux térawattheures seront économisés. L’équivalent de la consommation annuelle de 740 000 ménages.
L’éclairage public diminué voire supprimé
Certaine villes expérimentent déjà des coupures plus ou moins importantes de l’éclairage nocturne. Depuis début avril, Ballancourt (7400 habitants), dans l’Essone ainsi que 5000 autres communes couperont totalement pendant 6 mois leur éclairage public la nuit.
La ville de Lyon a équipé certains quartiers de détecteurs de mouvement qui allument les lampadaires. D’autres villes comme Préfailles (Loire-Atlantique) réduisent drastiquement leur parc de luminaires. Un voire deux sur trois sont coupés pour faire des économies. Des communes ont aussi mise en place un système « à la carte » où l’éclairage est rétabli en quelques secondes après l’appel d’un numéro vert de la mairie.
Le problème sécuritaire
C’est bien connu, l’éclairage des villes a sensiblement réduit la criminalité. Le Parisien rapportait dans son édition du 2 juillet qu’une pétition a été déposée à Ballancourt pour exposer à la municipalité le sentiment d’insécurité de certains habitants.
Il faudrait établir des statistiques au terme de l’expérience pour s’assurer d’une recrudescence des délits. Les petites communes rurales ne font d’ailleurs pas trop l’objet de cette délinquance. À titre d’exemple, l’éclairage et même la surveillance vidéo n’empêchent pas les agressions en tout genre dans le réseau ferroviaire francilien ou le métro parisien. Idem pour les quartiers sensibles.
Une tendance plus économique qu’écologique
« Jusqu’à présent, les villes considéraient l’éclairage comme un acquis, signe de progrès. Aujourd’hui, l’on commence à prendre conscience que la lumière a un coût, économique et énergétique, et des conséquences sur le vivant », indique Anne-Marie Ducroux, présidente de l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (Anpcen). Une organisation qui milite depuis plus de 10 ans pour réduire la pollution lumineuse.
Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). C’est la pression sur les budgets des communes qui poussent les élus à franchir le cap malgré le scepticisme de certains de leurs administrés. L’éclairage publique représente la moitié du budget électricité des collectivités.
« En coupant les lampadaires pendant cinq heures, nous avons réduit la facture de 30 % » poursuit Jacques Mione, premier adjoint au maire de Ballancourt. Une réduction qui couvre l’augmentation des taxes et les nouveaux raccordements de ces dernières années.
« Plus de la moitié du parc actuel, qui représente 9 millions de lampes, est composée de matériels obsolètes et énergivores : 40 % des luminaires en service ont plus de vingt-cinq ans, et un tiers du parc héberge des lampes à vapeur de mercure, la moins efficace des sources d’éclairage public, rappelle l’Ademe. Le potentiel de réduction de la consommation d’énergie est de 50 à 75 %. »
Une grande économie qui serait la bienvenue alors que les impôts vont augmenter de plus de 7 milliards d’euros cette année. La réduction de l’éclairage ne demande aussi aucun investissement lourd. Ce dernier a aussi été un des points importants du dernier Grenelle de l’Environnement, enfin appliqué.
« Un autre arrêté prévoit (enfin) d’éteindre les bureaux et les vitrines » -> de quel arrêté parlez-vous ? Est-il paru ? A partir de quand doit-il être appliqué ?
« 5000 autres communes couperont totalement pendant 6 mois leur éclairage public la nuit » -> est-il possible de connaître la source de cette information ?
Merci d’avance pour vos commentaires.
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http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/07/03/doit-on-couper-l-eclairage-public-de-nuit_1728446_3244.html
site de l’Ademe
http://www.senat.fr/rap/l08-552-1/l08-552-196.html
L’arrêté pour les bureaux et vitrines n’a pas été encore pris. Les communes « expérimentent » des coupures nocturnes. Seules les enseignes lumineuses sont concernées depuis le 1ier juillet.
Merci pour la réponse.
J’aurais donc préféré lire un peu plus de conditionnel : « Un second arrêté pourrait être pris par le gouvernement d’ici la fin de l’année, pour éteindre les bureaux, vitrines et commerces éclairés la nuit » (cf. Le Monde) au lieu de « Un autre arrêté prévoit (enfin) d’éteindre les bureaux et les vitrines »
Et qqch du genre « à la suite de 5000 autres communes… »
Quant à la page du site du Sénat, il s’agit de nuisances lumineuses liées à l’éclairage public et non à l’éclairage intérieur des bâtiments (bureaux entre autres). C’est donc un autre sujet (tout aussi intéressant je vous l’accorde !)