Présenté en compétition officielle pendant Champs-Élysées Film Festival, « 1982 » est le premier long-métrage de Tommy Oliver. Critique.
Le pitch :
En 1982, Philadelphie est une ville ravagée par une nouvelle drogue (le crack) qui dévaste les populations les plus sensibles (en particulier la communauté afro-américaine) des grandes métropoles américaines. Dans ce contexte, un père de famille se retrouve confronté aux ravages de ces petits cristaux quand sa femme tombe dans la spirale infernale de la consommation et déserte le foyer. Impuissant face à la dérive de son épouse, il se retrouve seul à élever leur fille. Un jour, l’histoire dérape et le bon paternel se met à traquer le dealer responsable du malheur de sa famille. La suite est logique : le voyou se venge et, accidentellement, blesse grièvement la petite fille lors d’une fusillade. Puis, l’histoire se termine, et la mère (sous le choc) accepte finalement de rentrer en cure de désintoxication.
L’avis :
D’une manière générale, les oeuvres (voir les auteurs de la Beat Generation ou d’ Hunter Thompson, pour ne citer qu’eux) qui traitent le sujet de la drogue et des junkies adoptent le point de vue des consommateurs. Or, avec 1982, Tommy Oliver a choisi d’aborder cette thématique sous le signe de la pudeur. Dans ce film, il n’y a pas d’éjaculations de sang provoquées par des veines qui explosent à force d’avoir été burinées sans relâche par des coups de seringue. La violence n’est jamais montrée explicitement, de même que les effets directs de la dépendance pour le consommateur. Pour une fois, il s’agit d’un film qui s’intéresse uniquement à la souffrance des proches, ceux qui voient la personne qu’ils aiment changer et se détruire de manière plus ou moins brutale sous l’effet de produit(s). En conséquence, la rythmique du film est langoureuse et les dialogues sont rares, puisque face au comportement irrationnel d’un éventuel camé, l’entourage n’a d’autre choix que de se plonger dans une certaine torpeur, espérant secrètement que cela finisse par s’arranger. Le film ne verse pas dans le sensationnalisme qui caractérise si souvent les productions américaines, au contraire. Et, en évitant cet écueil, le réalisateur parvient à isoler ce qu’il y a de plus fort dans ce genre d’histoire : la capacité à pardonner qui annihile la rancoeur et finit par révéler l’amour.
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« 1982 », réalisé par Tommy Oliver.
Casting :
- Hill Harper
- Ruby Dee
- Quinton Aaron
- Sharon Leal
- Wayne Brady