« Calvary », un film de John Michael McDonagh avec Brendan Glesson, Kelly Reilly, Dylan Moran, Isaach de Bankolé et Marie-Josée Croze. Sortie le 26 novembre 2014.

Le pitch :

La vie du père James est brusquement bouleversée par la confession d’un mystérieux membre de sa paroisse qui a été abusé lorsqu’il était enfant par un curé, mort depuis. Il exécutera le curé le dimanche suivant. Alors qu’il s’efforce de continuer à s’occuper de sa fille et d’aider ses paroissiens à résoudre leurs problèmes, le prêtre sent l’étau se refermer inexorablement sur lui, sans savoir s’il aura le courage d’affronter le calvaire très personnel qui l’attend…

L’avis :

Close up sur un prêtre dans un confessionnal. En voix-off un homme dit avoir avaler du sperme à l’âge de 7 ans et subit les sévices sexuels d’un curé pendant des années. Ce plan fixe met tout de suite le spectateur dans l’ambiance du film. Dans « Calvary » tout est traité ainsi, au premier degré, sans faux semblant, de manière abrupte, âpre. Les situations, les dialogues sont tendus. Le film est une suite de clichés sur des habitants d’un petit village en Irlande. La nature y est montrée très dure renforçant le caractère violent des personnages. On a la totale : la femme mariée, battue, hystérique qui trompe son mari, le milliardaire noble et alcoolique, un médecin cynique et drogué, un flic homosexuel qui vit avec une folle qui ne parle que de son cul et une fille de curé complètement paumée. Glauque.

Pourtant, la manière dont Michael McDonagh met en scène ses personnages, ses situations, en font un superbe film. Un film sombre -très sombre-, avec des dialogues à l’emporte pièce teintés d’un humour noir. Et par dessus tout, il y a un grand acteur dans le rôle du père James : Brendan Gleeson (« Harry Poter », « L’Irlandais »).

Calvary signifie « calvaire » en anglais. Il désigne à la fois le moment avant la Crucifixion du Christ, mais également la période du questionnement du Père James Lavelle et sa souffrance. Il passera de l’état de la colère, à la dépression, à l’acceptation et au pardon en bon chrétien qu’il est. « Calvary » est un thriller psychologique qui rappelle celui de Hitchcock « La loi du Silence » dans lequel un meurtrier vient confesser son crime. Ici une question se pose : la religion a-t-elle encore sa place dans une société cynique où la compassion et le pardon ont disparu ? Une problématique que pose brillamment Michael McDonagh à travers cette histoire émouvante et cynique en diable.

A propos de l'auteur

Réalisateur, journaliste

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