« Eau argentée », un choc !

Un documentaire de Ossama Mohammed. Sortie le 17 décembre 2014.

L’histoire

Via des images d’Internet, un documentaire sur la tragédie syrienne.

L’avis

À partir d’images d’internet le réalisateur Syrien Ossama Mohammed a construit un film sur les horreurs qui se passent dans son pays sans que la communauté internationale trouve une solution pour arrêter ce carnage. Le titre vient de ce qu’une habitante de Homs a pour prénom « Eau argentée » dans sa langue : c’est Wiam Simay Bedirxam. Caméra au poing cette jeune femme montre le quotidien de sa cité ravagée par la guerre civile ; Aspirante réalisatrice elle était en contact avec le réalisateur et lui adressait les images bouleversantes qu’on voit dans le film. C’est avec les téléphones portables que sont enregistrées les images souvent insupportables que les habitants témoignent des crimes qui sont perpétrés à Damas. Inutile de décrire les horreurs que l’on découvre au fur et à mesure que le film avance. Il est impossible de raconter ce dont on nous donne à voir ; nous sommes dans un documentaire comme l’avait fait Resnais avec « Nuit et Brouillard ». L’horreur ne se décrit pas sur un simple papier, dans une critique. Il faut voir le film, même s’il est long, pour comprendre le chaos qui existe dans ce pays détruit de l’intérieur. Il y a aussi des moments d’étonnante poésie, comme cette scène d’un enfant de six ans conscient de ce qui se passe autour de lui et qui franchit un carrefour où doit peut-être se trouver un snipper. Wiam Simav Bedirxan est venue à Cannes pour présenter le film. Elle a passé un mois à Paris puis elle est rentrée en Turquie, où elle vit désormais. Ossama Mohammed nous rappelle en voix off que le conflit syrien a déjà fait plus de 150.000 morts en trois ans, soit « mille et un jour, les plus longues funérailles de l’Histoire ». A chacun de faire le choix d’accepter de regarder ces images prises, aux périls de leur vie, par des gens, pour dire au monde qu’ils existent. Mais pour combien de temps encore !