Dans un pays de plus de 300 millions d’habitants, la mode, qui pourrait (et devrait ?) partir dans tout les sens, reste fidèle à ce qu’elle est, ou plutôt à ce que les autres ne sont plus.
La mode américaine a un côté fourre tout. A New York, elle avance à tout les rythmes, et dans des magasins dont les surfaces rendent mignonnes nos Galeries Lafayette on peut trouver cote à cote de la grande marque de luxe et du prêt à porter ringard d’il y à cinq ans. Si l’américaine de base est, il faut le dire, relativement mal fringuée, son choix est pourtant bien plus large que le notre. Alors oui, entre podiums et boutiques de dégriffés à sept étages il y a bien une marge, mais on constate souvent dans les collections newyorkaises une plus grande hétérogénéité qu’en Europe, cependant dans un style toujours similaire. Les matières sont diverses, les coupes évoluent, mais toujours dans un vestiaire très portable, kit à recycler des pièces qu’on ne voudrait plus forcément voir.
Les créateurs américains, peu importe leur renommée, ne surfent pas tant sur les grandes tendances qu’ils les adaptent à un genre propre au pays, dans un esprit qui semble solidaire, et les premières collections prêt à porter de cette saison à New York le montrent bien. Cuir, longs manteaux, asymétrie, jupes longues ou corolles cintrées sur pantalons, on note une ligne conductrice relativement forte et toujours très urbaine dans laquelle la femme des grandes villes américaines, quelque soit sont degré de sophistication, peut se reconnaître, mais le tout reste loin de la mode européenne et la démarche semble volontaire. Peut être que l’Europe garde cette prétention ancestrale de « faire » la mode, d’où l’incompréhension de voir se cultiver aux Etats Unis ce qu’on a dépassé il y a un moment, mais la question reste : est ce qu’ils ne veulent pas, ou est ce qu’ils n’y arrivent pas ?