Ce 11 juin 1981, c’est un spectacle singulier qui se déroule devant les yeux des promeneurs du bois de Boulogne. Issei Sagawa, un étudiant japonais, peine à pousser deux grosses valises, bien trop encombrantes pour sa frêle carrure. Elles contiennent certaines parties du corps démembré d’une étudiante néerlandaise qu’il a tué d’une balle dans le dos quelques jours plus tôt. Les morceaux manquants ont été mangés par le japonais ou sont conservés dans son frigo. Sa fascination dévorante pour les occidentales l’a poussé à collectionner les bouts de chair d’une copine de fac dans son réfrigérateur. Issei Sagawa est le fils d’un riche industriel japonais et d’une mère surprotectrice. À six ans déjà, il voue une adoration pour les jambes des petits « garçons magnifiques » dans la cour de récré. Après une première tentative de viol et de dépeçage d’une allemande à Tokyo, sa famille se débarrasse de lui et l’envoie faire des études littéraires à la Sorbonne. Émoustillé par la bonne chair fraîche parisienne qui l’entoure, son désir de « manger des femmes devient irrépressible ». Il jette son dévolu sur Renée Hartevelt, une grande brune originaire des Pays-Bas de 23 ans. Encore faut-il la convaincre de venir chez lui, rue Erlanger, pour le grand festin. Ce sera cette après-midi du 11 juin. Prétextant qu’un de ses professeurs lui a demandé d’enregistrer des poèmes allemands, il propose à Renée de venir l’aider. Elle accepte. Pendant qu’elle récite les vers expressionnistes, le Japonais sort une carabine de son armoire et l’abat d’une balle dans le dos. L’extase est proche. Il déshabille sa victime, la viole avant de la mettre sur le ventre. Il s’attaque en premier à sa fesse droite. « La gauche est plus proche du cœur et j’ai peur du sang ». Hâtif, il décide d’y aller à pleines dents. « J’ai mordu d’un coup, mais c’était trop dur, j’ai eu mal à la mâchoire ». L’apprenti boucher Qu’à cela ne tienne. Il sort acheter un couteau à viande au marché et s’attaque à la barbaque. « C’était très dur à découper, ça ne se passe pas du tout comme dans les films d’horreur ». La peau durcie du cadavre est une calamité pour les bras frêles de ce poids plume de 35 kilos et d’1,52 mètre. Après la première entaille, il jubile, s’étonne même de la texture de la fesse de sa victime. « Je ne suis pas tombé sur la viande directement, il y avait une substance qui ressemblait à du maïs » : la graisse. Le rituel macabre se poursuit. Un bout de cuisse, d’épaule, un sein, une joue. Ces gestes décidés et précis, Issei Sagawa les a appris auprès d’un boucher grec, rencontré quelques mois auparavant. Après la découpe, il conserve ses parties préférées dans son frigidaire. Le reste est soigneusement placé dans deux valises, direction le bois de Boulogne. Le chauffeur de taxi qui l’aide à descendre les bagages, étonné qu’un si petit gabarit s’encombre de valises si lourdes, lui demande, plaisantin, s’il « transporte un cadavre ». Épuisé de se traîner ce « cadavre », il fait une pause et s’éloigne des deux sacs. Il ne fait pas attention à un joggeur qui, intrigué par le liquide rougeâtre qui sort d’une des valises, s’approche de lui. « Ces valises sont à vous ? ». Le japonais répond par la négative et s’enfuit. L’étranger ouvre la fermeture et découvre l’horreur. « Mais vous dites bien en France qu’une femme est à croquer » La cavale n’est pas longue. Le 13 juin, Issei Sagawa est arrêté devant chez lui. Le profil calme de l’homme de 32 ans contraste avec la nature sanglante de son crime. Pendant l’interrogatoire, l’étudiant japonais répond calmement et poliment aux questions. « Mais vous dites bien en France qu’une femme est à croquer ». Sa froideur et son manque de remords lorsqu’il raconte les détails les plus sordides de son crime lui valent d’être diagnostiqué fou par les experts. La justice française prononce un non lieu. Il est vite rapatrié au Japon où un examen psychiatrique le reconnaît sain d’esprit mais diabolique. Celui que son pays surnomme « le cannibale japonais » est définitivement remis en liberté le 12 août 1986. Une nouvelle vie débute. Il fait la Une des magazines, apparaît dans des pubs pour des restaurants de viande, multiplie les interviews et devient un artiste reconnu. Ses livres où il retrace son crime s’arrachent et ses portraits de femmes sont vendus partout dans le monde. Une notoriété qu’il doit à ces « japonais actuels qui sont tous des imbéciles ». Mais ses vieilles lubies ont la vie dure. Libre de ses mouvements, le cannibale continue de courir après les occidentales. Elles profitent de son argent pour mener une vie de luxe. Il le sait, mais s’en fiche. Pouvoir admirer à volonté des gambettes « qui semblaient goûteuses » vaut bien un ou deux sacrifices. Aujourd’hui, à 64 ans, Issei Sawaga vit dans un appartement où les photos d’occidentales dénudées ont été remplacées par des posters de Japonaises d’Okinawa qui lui « ouvrent l’appétit ». Seul et frustré de ne pas pouvoir assouvir ses pulsions cannibales, il avoue vouloir mourir violemment. Être dépecé vivant. Bien sûr, il aimerait bien que « ça soit une belle femme » qui s’en charge. Partager :Tweet Laisser un commentaire Annuler la réponse Votre adresse e-mail ne sera pas publié.CommentaireNom* Email* Site Web Oui, ajoutez moi à votre liste de diffusion. Prévenez-moi de tous les nouveaux commentaires par e-mail. Prévenez-moi de tous les nouveaux articles par email.