Jul & Mat: le retour de la « French Touch »

Arthur Herlin 28/10/2012 0

 Jul & Mat: le retour de la French Touch

Jul & Mat, c’est deux potes qui ont décidé de s’associer pour réaliser des clips. Le duo français s’est fait repérer avec la vidéo du titre She Wants, de Metronomy, qui a déjà fait plusieurs millions de vues sur internet. Ils viennent maintenant de réaliser avec Two Door cinema club, le clip du titre Sun. Comme dans leur première création, on y trouve une mise en scène captivante, une figuration riche et bien utilisée, ainsi qu’une pointe d’effets techniques « rétros » qui les caractérise. Un brin de fraîcheur dans l’univers musical qui a attiré notre attention.

Alors ? Comment vous êtes vous rencontrés ?

Jul & Mat : Comme pour beaucoup de duo, au collège ! La première fois qu’on s’est vu on se détestait. On se traitait de tous les noms, on ne pouvait pas se blairer ! Et puis finalement c’est une cause commune qui nous a réunis, le film, quand on a commencé un peu à causer ensemble un peu plus tard on réalisait notre premier court. On a exploré différemment format, dont le clip, on en a refait certains à notre sauce !

On avait 15 ans, on tournait avec toutes les caméras qui trainaient. On a même été jusqu’à se faire des délires audio, on s’enregistrait, on allait ensuite voir les gens et on parlait avec cette cassette ! On s’adressait à eux à travers nos enregistrements : « excuse-moi t’aurais pas du feu ? ». [rires]

Quelles ont étés vos premières collaborations ?

Jul&Mat : Julien était sur le dessin, moi sur la photo, on a fait une première expo ensemble. On avait vidé son appartement, c’était une chouette installation ! Plus tard on s’est lancé dans une autre création, lors d’un festival on a conçu une parodie de loft story… dans une 4L, « 4trellestory » quatre personnes pendant trois jours dans une voiture filmés par 2 caméras qui était retransmises dehors, le tout entouré par une barrière ! Il y avait des vigils et les gens pouvaient voter. Le confessionnal se trouvait au volant, il fallait tirer un petit rideau et parler dans un gobelet ! Plus tard on a réalisé un casting, « A la recherche de la nouvelle Cindy » il y avait un jury, on faisait venir les gens dans un premier sasse, ils se déguisaient puis c’était à celui qui chantait le plus mal possible ! Les gens jouaient le jeu à mort, ils choisissaient leur titre et se mettaient à chanter ! On était vraiment dans l’esprit kitsch, les gens faisaient la queue pour venir !

Plus tard on s’est lancé dans des choses plus sérieuses, à Beaubourg notamment, on a fait une installation autour des premières vidéos de téléphone portable. Quand on pense à tout ce qu’on a pu faire en 14 ans… c’est fou ! Beaucoup de délires.

Qu’est ce que ça vous apporte de travailler tous les deux ?

Jul&Mat : On a deux parcours complètement différents, moi le dessin et le graphisme, Mat possède l’expérience des tournages en fait, il était assistant réalisateur, sur de grosses fictions, ainsi que pour la télévision. Du coup sur les premiers tournages réels c’était important d’avoir son expérience, c’était plus rassurant.

Vous ne pourriez pas vraiment travailler l’un sans l’autre !

Jul&Mat : Non ! On est persuadés que ça ne marcherait pas en fait. Quand on a commencé à gagner des prix, on a compris qu’une alchimie fonctionnait. Il y a des films qu’on a pu faire tout seul qui méritaient souvent le regard de l’autre pour l’améliorer. C’est un vrai avantage de pouvoir parler de ton projet de manière sincère, sans détour.

C’est prouvé maintenant, ça fonctionne bien ensemble, on ne voit pas l’intérêt de travailler en solo. Chacun a d’autres projets persos, mais on se retrouve toujours autour des films.

Comment avez-vous commencé à faire des clips ?

Jul&Mat : On a commencé en faisant un clip non-officiel de Metronomy, On The Motorway, en 2009. C’était notre tout premier clip, on s’est dit : « tiens il faut qu’on se fasse connaitre auprès des productions », avant même de réaliser le clip, on a contacté leur label pour avoir l’autorisation, plus tard la vidéo a buzzé à mort, ça a cartonné. On avait mis en gros en dessous, « recherche boîte de prod » ensuite les propositions sont tombées. C’est un clip qui a duré un week-end et couté 200€. Ce n’est pas notre premier buzz, avant ça on a crée une première vidéo : l’homme 100 tête, en 6 mois a fait 2 millions de vue. Immédiatement on a eu des appels venant de l’étranger pour réaliser des pubs. Après en avoir réalisé deux, on s’est dit qu’on devait faire un duo et se faire connaître. C’est un peu particulier comme parcours quand même, normalement, tu rentres en boîte de prod directement, la publicité et les projets viennent ensuite.

Metronomy - On The Motorway - by JUL & MAT from JUL & MAT on Vimeo.

Avec qui aimeriez-vous travailler maintenant ?

Jul&Mat : En ce moment, on cherche à travailler avec Ratatat, qui nous a répondu tout de suite. On aime vraiment leur musique. On a au moins une proposition par semaine pour faire des clips, mais nous n’avons pas forcément le temps.

Vous aimez à chaque fois les musiques avec lesquelles vous réalisez des clips ?

Jul&Mat : Oui on adore ! Que ce soit Metronomy ou Two Door cinema club, c’est complètement notre univers ! Parfois des gros groupes nous contactent, mais on refuse parce que ça ne nous parle pas. Par exemple The Killers, c’est un super groupe, mais ils nous ont envoyé un titre qui ne nous convient pas, on a du décliné. Si l’inspiration n’est pas bonne, ça ne sert à rien, mais on espère vraiment collaborer une autre fois.

Quel niveau de liberté avez-vous pour réaliser un clip, carte blanche ?

Jul&Mat : Oui ! Lorsqu’ils nous contactent, ils nous disent, voilà notre titre, qu’est-ce que vous avez envie de faire ? Alors nous on y va ! Quand on a écouté She Wants tout de suite nous est venu une idée ! L’avantage qu’on a eu avec Metronomy, c’est qu’un bon dialogue s’est instauré dès le début. On était en contact avec Joseph Mount (leader du groupe), on a eu l’opportunité de lui partager nos idées, il est rentré dedans, c’est génial, ça a ouvert notre imagination.

Quand on écoute une musique on a déjà une interprétation identique, avant même d’écouter les paroles, et après on cherche dans les paroles des idées, on regroupe le tout et c’est emballé !

Quelles sont vos influences ?

Jul&Mat : Un jour j’ai emprunté une cassette VHS de ma sœur, on est tombé sur un chien andalou, de Bunuel, on a tout de suite été marqué par l’expérimentation, ça nous a donné envie de faire pareil par la suite, de tester des choses. On ne connaissait pas, je me vois encore regarder qui était Bunuel dans l’encyclopédie. Ce coté graphique des choses et surréaliste ça nous a totalement influencé !

Pourquoi une étiquette Made in France sur votre site ?

Jul&Mat : Oui on appartient à la french touch, la touche française qui fait qu’on réalise des clips qu’on ne voit pas ailleurs. C’est un graphisme particulier, un cachet. On parle de french touch parce que c’est une référence à l’étranger, et vue que tous nos projets démarrent en dehors de la France. On bosse moins avec les français parce qu’ils sont un peu plus frileux… Cette étiquette, c’est juste pour dire d’où on vient, que ça donne une idée de notre courant.

METRONOMY - She Wants - by JUL & MAT from JUL & MAT on Vimeo.

Quels sont les groupes français avec lesquels vous aimeriez travailler ?

Jul&Mat : Je pense à The Shoes, Bewhitched hands, General Elektriks, on est en contact avec eux, ça viendra. Il faut le bon timing, un nouvel album…etc. Le problème c’est que les groupes français ont encore moins de moyen que les autres !

Vos projets futurs ?

Jul&Mat : Plein d’idées, on écrit pas mal, et il y a toujours plein de choses qui attendent dans les cartons.

Mais quel serait votre aboutissement personnel ? Vous aimeriez faire un long-métrage un jour ?

Jul&Mat : Non non, ce n’est pas un but final, pas de format ultime, notre objectif c’est répondre à toutes les demandes que l’on reçoit tout en s’éclatant. Vivre de notre passion finalement, pour y arriver c’est hyper compliqué, donc en vivre c’est déjà le top. Le but c’est surtout qu’on puisse avoir une touche qu’on revendique, une manière de voir les choses.

Et donc, quelle serait cette touche que vous revendiquez ?

Jul&Mat : C’est ce coté qui laisse entrevoir notre technique, montrer les choses sans vraiment les montrer, le coté « fait main », qui en fait demande quelques moyens, un subtil dosage. On propose toujours une double lecture. Au premier visionnage le spectateur ne voit pas toujours comment ça a été fait. Par exemple dans She Wants, les trois hommes en noir qui portent la fille et qui la font tourner, on ne cherche pas forcément à cacher les ficelles. C’est un héritage des films fais maison, qu’on conserve mais avec une pointe d’élégance. C’est un peu notre touche. C’est un peu ça la french touch !

Wanda Productions www.wanda.net
Retrouvez Jul & Mat sur www.juletmat.fr

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