La future guerre du Sahel

Arthur Beaufils 25/06/2012 0

En avril , l’indépendance de l’Azawad était déclarée peu après la chute de Tombouctou. Les touaregs ont conquis le nord du Mali en quelques mois après la déroute de l’armée malienne régulière.

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Deux « branches » touaregs se sont alliées pour reprendre le contrôle d’une partie du Sahel. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui revendique l’autonomie de la région depuis plus d’un demi siècle, se sont des musulmans mais « laïques ». Tandis que l’autre groupe, Ansar Dine est très proche d’Aqmi, le satellite d’al-Quaida au Maghreb. Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam) prône entre autre l’instauration de la charia. Malgré leurs divergences sur ce point, l’ennemi commun les a rapproché.

Le chaos malien

Cette offensive a soufflé un vent de chaos à Bamako, le président Touré a été victime d’un putsch militaire à cause de la situation au nord et son inaction. Les militaires maliens manifestaient depuis plusieurs semaines avant ce coup d’Etat. Ils réclamaient des armes pour contre-attaquer. Selon l’ONU, environ 150 000 maliens ont quitté le pays depuis janvier.

Les touaregs proches du MNLA étaient soutenus par la France et Mouammar Kadhafi pour lutter contre les islamistes dans cette région rappelle Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique. La mort du « Guide » a été une aide indirecte et précieuse des occidentaux aux djihadistes à l’instar des talibans afghans, équipés par les Etats-Unis contre les Soviets. « La chute de Kadhafi a provoqué la dispersion d’armement sophistiqué dans le nord du Mali », selon Antoine Glaser. « Nombre de touaregs travaillaient pour les forces de sécurité libyennes, qui leur assuraient un financement correct. Aujourd’hui, on les retrouve dans les rangs de la rébellion. »

Le rapprochement de ces deux entités inquiète l’OTAN et le nouveau gouvernement français. « Si une intervention est décidée, c’est aux Africains de la mener, la France comme d’autres puissances se mettant au service des Nations unies » a indiqué récemment François Hollande qui garanti donc l’appui de la France en cas d’intervention de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

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Une intervention compliquée

Le Sahara est décrit comme un « enfer ». Une fois et demi grand comme la France, avec 1,2 habitant par kilomètre carré en densité de population. Les touaregs sont très mobiles, bien équipés et connaissent la région depuis des siècles. Selon Pierre Jacquemot, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), « Agir au Sahara suppose des moyens aériens, de petits équipements rapides au sol ainsi que des soldats aguerris : tout ce dont une armée africaine classique n’est pas dotée ». Le spécialiste de l’Afrique subsaharienne ajoute que « Les moyens de la Cedeao ne sont pas appropriés à la région, au niveau tant matériel que financier« . Des forces de onusiennes ou de l’Otan seraient donc obligées d’intervenir en prévention d’une très probable déroute de la Cédéao en cas d’intervention.

Le contexte régional était déjà tendu avant l’attaque de la Libye par l’Otan, rejetée par l’Union Africaine. L’Algérie, pays frontalier avec le Mali et puissance régionale, s’interdit par sa constitution toute intervention militaire hors de ses frontières. De plus, l’idée pour Alger que des troupes françaises agissent près de ses frontières n’est pas envisageable sans provoquer un grave incident diplomatique.

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Une situation qui s’envenime

Ce qui inquiète le plus les spécialistes, c’est l’arrivée dans la région de combattants islamistes venus d’Afghanistan et du Pakistan. La velléité djihadiste d’Aqmi en Afrique de l’Ouest se trouve renforcée. Une partie du Sahel est complétement entre leurs mains face à l’absence de troupes de MLNA.

« Aqmi a trouvé dans les pays pauvres du Sahel son nouveau fief », affirme Antoine Glaser. Cela lui permet en effet de développer et augmenter ses revenus qui proviennent essentiellement du trafic de drogue et des rançons des rapts. Six otages français sont toujours retenus au Sahel.

L’Otan est donc directement responsable de cette balkanisation au travers de l’implosion de Libye. L’ONU et l’Otan sont focalisées par la Syrie et la destruction finale du dernier régime Baas. Le Mali lui, sombre silencieusement mais surement, loin des caméras occidentales ou qataries.

Source : Malijet.com

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