Dimanche 23 septembre, l’Iran a annoncé le blocage du moteur de recherche Google et de la messagerie Gmail, pour une durée indéterminée. Un premier pas vers un Internet à l’échelle national ?
Alors que le pays travaille depuis plusieurs mois sur un intranet national distinct du réseau mondial, hier, les autorités Iraniennes ont accentué le filtrage de Google : »A la demande du peuple, Google et Gmail vont être filtrés dans tout le pays. Ils le resteront jusqu’à nouvel ordre », ont annoncé les autorités dans un SMS citant Abdolsamad Khoramabadi, conseiller du parquet général et secrétaire d’un organisme chargé de détecter les contenus illégaux sur internet. On n’est pas sur que le peuple Iranien n’ait demandé quoi que ce soit….
Officiellement, cette mesure vient après à la publication de la vidéo « L’Innocence des musulmans » (Innocence of Muslims) sur YouTube. Pour rappel, la Russie, le Kirghizistan, le Pakistan, l’Afghanistan, l’Arabie Saoudite et le Bangladesh ont déjà bloqué l’accès complet à la plateforme de Streaming …
Depuis hier, plusieurs habitants de Téhéran ont déclaré à l’AFP ne plus pouvoir ouvrir leur messagerie Gmail à moins de passer par le protocole VPN (Virtual Private Network), qui permet à des millions d’Iraniens de contourner la censure.
Ces mouvements de censure complète, les plus importantes qu’est connu le pays jusqu’ici, ne seraient que l’avant goût d’un projet beaucoup plus large et actuellement en cours d’installation : un intranet à l’échelle national.
La premières étapes vers cet internet irano-iranien seraient le blocage de Google et de ses services, ainsi que celui des réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter. La première étape est donc franchie. D’ailleurs, l’intégralité des administrations sont déjà connectées à ce réseau national.
Des attaques à répétition
Le régime iranien accuse les Occidentaux d’utiliser la toile pour mener une « guerre non déclarée » visant à le déstabiliser, et les autorités ont annoncé la mise en place progressive d’un « internet iranien » officiellement plus rapide et plus sûr, devant se substituer aux serveurs et moteurs de recherche étrangers.
Il y a un mois alors que des virus comme StuxNet ou Flame se développaient pour, semble-t-il, ralentir le développement de son programme nucléaire, le ministre iranien aux Communications et aux Technologies de l’information avait déclaré »On ne peut pas se fier à l’Internet, l’Iran doit prendre ses distances « .
Le code malveillant Flame, conçu pour dérober des informations sur le programme nucléaire iranien, était une cyberarme conçue par les Etats-Unis et Israël. Une collaboration qui a mené à la première grande opération de sabotage exclusivement élaborée via des moyens informatiques. Flame aurait été ainsi détecté dans différentes régions du monde, notamment le Moyen-Orient, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie-Pacifique, mais l’Iran était le premier pays visé.
En juillet dernier, Après Flame et Stuxnet, c’était au tour du virus Mahdi de sévir au Moyen-Orient. Ce sont les chercheurs en sécurité de Kaspersky et de Seculert qui ont débusquer ce nouveau logiciel malveillant de cyber-espionnage : »Pendant près d’un an, une opération a cherché à infiltrer des systèmes informatiques au Proche-Orient.
Cette opération a particulièrement visé des infrastructures critiques, des agences gouvernementales ainsi que des acteurs de la finance et de l’éducation » a déclaré l’équipe de chercheur. Mahdi (qui signifie « celle qui montre le chemin en arabe ») infectait les ordinateurs sous Windows en Iran et dans d’autres pays du Moyen-Orient. D’après la société Seculert, il s’intéressaitt notamment aux interactions par messagerie instantanée ou webmail (Gmail, Hotmail, Yahoo! Mail, Skype,…)
Le réseau irano-iranien
Mais si l’objectif affiché est de se protéger des attaques internationales, la République iranienne tient surtout à garder le contrôle sur les informations qui sortent et entrent dans le pays.
Selon des médias iraniens, le réseau Intranet sera entièrement accessible aux particuliers d’ici mars 2013. Pour l’heure, impossible de savoir si, oui ou non, l’Iran bloquera l’accès à l’Internet mondial.
Selon l‘Express, la semaine dernière, le député Mohammad Soleimani, qui dirige une commission parlementaire sur le sujet, a cherché à dissiper les craintes de voir cet intranet national supplanter de force le réseau mondial dans le pays. « Cela reviendrait à nous imposer des sanctions à nous-mêmes, ce qui ne serait pas logique. Cependant, les filtres resteront en place », a-t-il déclaré, cité par l’agence Isna.
Cependant, cela ne parait inenvisageable dans ce pays qui excelle dans l’art de la censure. Plusieurs millions de sites Internet, aux contenus, jugés contraires à l’Islam sont bloqués en Iran. Tout comme la plupart des sites d’opposition ou d’informations critiques à l’égard du gouvernement.