Aujourd’hui se tiennent les élections présidentielles sénégalaises. Les 5,3 millions d’électeurs devront choisir leur futur dirigeant parmi 13 candidats. Pourtant l’exercice démocratique apparaît déjà comme une mascarade.
Ces élections sont probablement les plus controversées de l’histoire du pays. Les tensions s’accentuent depuis plus d’un mois faisant plusieurs victimes.
Les manifestations se succèdent dans Dakar et le reste du pays. L’opposition se plaint « du manque de transparence » et parle de scrutin « impossible » aujourd’hui. Pour éviter le pire, les manifestations ont été interdites dans le centre de la capitale.
Abdoulaye Wade, le président sortant, brigue un troisième mandat d’une durée de 7 ans. Agé de 85 ans, dont 12 passés au pouvoir, il se maintient dans la course à l’élection malgré l’accusation d’un « coup d’état constitutionnel » par l’opposition. Des faits avérés de corruption, notamment celle d’un dirigeant du FMI, l’affaire Segura, entache sa présidence mais les sénégalais sont plus exaspérés par leurs tracas quotidiens. Coupures d’électricité, mauvaise gestion de l’eau courante ou le luxe affiché par les nantis de Dakar sont les principaux griefs contre la politique du « Vieux », comme il surnomme leur président.
Youssou N’Dour, magnat des médias
Les treize autres opposants se sont unis officiellement dans le M-23, le mouvement du 23 juin. Les principaux candidats sont les trois anciens premiers ministres sénégalais et le chanteur Youssou N’Dour.
Ce dernier est très populaire auprès du peuple sénégalais et apprécié par la communauté internationale. Il assoit son influence depuis plusieurs années dans le pays. Propriétaire et gérant de discothèques dans le grand-Dakar, c’est aussi un homme d’affaires. Il crée en 2003 un groupe de presse baptisé Futurs-Médias, composé du journal L’Observateur, quotidien le plus lu au Sénégal (tirage 66 000 exemplaires), de la Radio Futur Média (RFM), et de la télé Futurs Médias (TFM). Cela lui garantit un temps de parole politique considérable.
Pourtant les ambitions personnelles de chacun et de vielles rivalités politiques rendent cette coalition inutile, son hétéroclisme sert même Aboudelaye Wade.
Eviter le chaos
L’inoxydable Wade apparaît plus seul que jamais, malgré sa victoire légale probable au 1ier tour. Ces adversaires crieront à la fraude et le pays risque de s‘embrasser. Ce qui serait une catastrophe pour ce pays africain réputé « calme ». Pauvre en ressources naturelles, le Sénégal s’appuie économiquement sur la pêche et le tourisme. Ce secteur risque d’être durablement impacté si la situation dégénère.
Par Arthur Beaufils




