Hier, Tombouctou a été reprise par l’armée française, peu de temps après Gao. Le gouvernement veut désormais se désengager de la ligne de front, une grave erreur tandis que les djihadistes se replient dans le désert.
Pour l’Elysée, l’opération Serval est un succès et elle touche à sa fin comme l’annonçait lundi soir Jean-Yves le Drian, « la première mission était de stopper la progression des islamistes vers le sud. La deuxième, faire en sorte qu’en appui des forces africaines, les forces françaises puissent reprendre les grandes villes du nord. C’est fait, la mission est remplie ».
Dix-huit jours après le début de l’attaque française contre les djihadistes, Tombouctou a été reprise hier par des parachutistes de la Légion Etrangère, appuyés par des blindés et des hélicoptères. La ville qui était devenue malgré elle le symbole de la domination régionale d’Aqmi devient désormais le symbole de la victoire sur le terrorisme islamique du Sahel.
François Hollande, le vrai faux chef militaire
En baisse dans les sondages en France et critiqué sur les réformes sociétales et fiscales engagées, le président de la République a retrouvé de l’autorité avec l’intervention militaire française au Mali. Ce qui était une « guerre » au Mali se transforme en bataille. « Nous sommes en train de gagner cette bataille » affirmait François Hollande lors d’une conférence de presse, lundi 28 janvier. Il indiquait d’ailleurs dans la foulée que la France « n’avait pas vocation à rester au Mali ». En effet, dans trois mois et demi, le stationnement de forces militaires françaises au Mali fera l’objet d’un débat parlementaire et d’ici là, François Hollande espère bien que les troupes seront de retour.
Remporter une bataille ce n’est pas vaincre son ennemi et gagner la guerre. Tous les livres qui ont érigé ces opérations martiales en « art » le confirment, et l’Histoire aussi. Partir alors que la moitié du Mali est encore un no man’s land est une folie. Le gouvernement loue à tort l’engagement de l’armée malienne à ses côtés. Pourquoi ne pas dire la vérité du terrain ? C’est-à-dire que la France mène quasiment seule les combats. Les combattants de l’armée malienne ne cachent même pas leur couardise devant les médias. Tombouctou a été reprise uniquement grâce aux forces spéciales françaises et aux légionnaires, alors que Gao a été libérée par les Touaregs, probablement le MNLA qui refuse toute négociation avec Bamako.
Bamako, précurseur d’un nouveau chaos
Depuis des mois, le Mali entretient un semblant d’Etat et pire encore, un semblant d’armée. Une armée « tribale » qui n’a plus ni la confiance de la population, ni des responsables locaux du nord. L’armée malienne est accusée de nombreuses exactions sur fond de vieilles rivalités ethniques avec les Touaregs ou les Peuls. La fameuse Misma, la coalition africaine de la Cédéao est à peine au stade embryonnaire. Pas d’hommes pour le moment et encore moins de financement, la France se bat seule et ne peut pas se contenter uniquement de former des combattants autochtones. Militairement, la France devrait s’appuyer sur les troupes du MNLA, plus expérimentées, mieux armées et sous contrôle de chefs de guerre locaux respectés.
Le plus dur reste à faire
Les combats ont été mineurs à Gao tandis que l’armée française affirme « n’avoir tiré aucun coup de feu » pour reprendre le contrôle de Tombouctou. Où sont passé les milliers de djihadistes lourdement armés qui tenaient ces villes ? Loin d’être devenu un mirage du Sahel, ils se sont réfugiés plus au Nord, dans la région de Kidal ou encore en Mauritanie, en Algérie et plus probablement dans le désert libyen où le nouveau « gouvernement » voit d’un bon œil l’instauration de la charia et ses défenseurs. Rappelons que les terroristes du Sahel on profité du chaos provoqué par les occidentaux dans ce pays, en particulier la France, pour s’équiper avec un arsenal considérable. Un scénario similaire est à prévoir.
L’opération Serval rencontre un succès incontesté, du à l’extraordinaire capacité opérationnelle des militaires français sur un territoire bien connue de l’armée et de certains régiments. L’erreur la plus grave et la plus grossière du gouvernement serait d’arrêter maintenant les opérations au sol. Il faut désormais poursuivre les combattants d’Aqmi et de la Mujao dans le désert. Leur retrait présage uniquement un retour en force d’ici quelques mois ou quelques années. Le Sahel redeviendra le théâtre de trafic en tout genre et d’enlèvements lucratifs qui sont le nerf de cette guerre du Sahelistan.







Laisser un commentaire