« Rich Hill », immersion dans l’Amérique white trash

Vincent Bonhomme 16/06/2014 0

Présenté en compétition officielle pendant le Champs-Élysées Film Festival, « Rich Hill » est un film documentaire réalisé par Tracy Droz Tragos et Andrew Droz Palermo. Critique.

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Le pitch :

Chronique de la vie de trois adolescents : Andrew, Harley et Appachey, vivant à Rich Hill, une petite ville du Missouri. Quotidiennement confrontés à l’isolation et la dure réalité du milieu rural Américain, ces garçons espèrent et rêvent d’un avenir meilleur. Ce qu’ils veulent ? La même chose que tout le monde : une belle maison, une vie saine et une famille affectueuse. Rich Hill (récompensé au Sundance), c’est une immersion, une plongée dans le quotidien de ces familles blanches et pauvres des Etats-Unis.

L’avis :

« We are not trash. We are good people ». Dès les premières secondes du documentaire, le ton est donné. Sur fond de faits divers sordides, de misère sociale et de surmédicamentation, les deux réalisateurs parviennent à nous plonger, sans artifices, dans le quotidien d’une Amérique profonde. Une Amérique « white trash » qui survit au jour le jour avec les moyens du bord. Une Amérique, dont on parle peu. Tracy Droz Tragos (la co-réalisatrice) n’a pas choisi cette petite ville du Missouri par hasard : son père y a grandi ; elle connaît bien ses habitants. Si certains protagonistes du documentaire sont parfois un peu caricaturaux, on parvient rapidement à mettre ce détail de côté. La réalité, elle est bien là. Souvent délaissée par des parents incarcérés ou qui manquent d’autorité, cette jeunesse américaine est livrée à elle-même. A 15 ans elle traîne, elle s’isole, elle s’emmerde. Pourtant, on subodore que les deux réalisateurs ne cherchent pas à faire une quelconque forme de « racket émotionnel » ou d’empathie chez le spectateur : ils n’ont pas dans l’intention de faire pleurer dans les chaumières ; ce qu’ils veulent, c’est montrer. Et pour cause, il n’y a pas de voix-off, les images parlent d’elles-mêmes. Malgré quelques longueurs, le documentaire parvient à nous captiver, à nous déstabiliser, et parfois même, à nous faire rire. C’est réussi. Le tout est superbement bien filmé, ce qui produit un contraste aussi beau que déroutant. Certains plans du film sont d’un esthétisme qui nous ferait - presque - oublier la laideur du quotidien de ses personnages.

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RHI Sundance Andrew 01 693x1024 Rich Hill, immersion dans lAmérique white trash« Rich Hill », réalisé par Tracy Droz Tragos et Andrew Droz Palermo.

  • Grand Prix du Jury du Festival de Sundance 2014

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