Union Européenne : premier flop en Croatie

Julien Gregoire 20/04/2013 0

La Croatie deviendra le 1er juillet prochain, le 28ème pays membre de l’Union européenne. Pourtant, le dimanche 14 avril, lors des premières élections européennes organisées dans ce pays de l’ex-Yougoslavie, les citoyens croates ont montré leur désintérêt pour l’Europe.

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De plus en plus de citoyens européens rêvent de quitter l’Union européenne, d’autres comme les Croates y entrent à reculons. Ils étaient seulement un peu plus de 20% à se rendre aux urnes pour élire leurs douze premiers eurodéputés. Certains diront que les élections européennes ne battent, dans aucun pays de l’UE, des records de participation et que les Slovaques ont même fait pire en 2009, avec moins de 20% d’électeurs qui se sont rendus aux urnes. Les Croates sont quand même loin de la moyenne européenne qui se situe à 43%. La France se place juste en dessous avec un peu plus de 40% d’électeurs qui sont allés voter en 2009.

Les Croates avaient déjà montré un certain » euroscepticisme » en janvier 2012. Lors du référendum pour l’adhésion de leur pays à l’Union européenne, le « Oui » soutenu par le centre gauche au pouvoir et par les conservateurs de l’opposition l’avait emporté avec plus de 66% d’opinions favorables, mais seulement 43% des électeurs s’étaient rendus aux urnes. Plus d’un Croate sur deux ne s’était pas prononcé sur l’adhésion de son pays à l’Union européenne. Ce chiffre impressionnant n’avait pas alarmé Ivo Josipovic, le président socialiste du pays : « Je me réjouis, puisque, dorénavant, l’Europe deviendra ma maison. » avait-il déclaré après la proclamation des résultats. Elu en 2010, Josipovic ne devait surement pas être aussi réjoui par les résultats de dimanche dernier. Les socialistes ont été battus par les conservateurs de l’opposition, avec cinq élus contre six. La dernière place d’eurodéputé croate revient à un candidat du parti travailliste.

Pourquoi un tel désintérêt ?

Le peu d’intérêt de la population croate envers les élections européennes du dimanche 14 avril s’illustre aussi au niveau des politiques du pays. Il est vrai que cette élection est mal tombée : le 19 mai prochain, les Croates sont de nouveau appelés aux urnes pour élire leurs parlements régionaux et leurs élus communaux. Ces élections délivrent chacune des mandats de quatre ans, alors que les eurodéputés élus dimanche ne bénéficient que d’un mandat d’un an. Les nouveaux eurodéputés croates occuperont leur poste à partir du 1er juillet 2013 et jusqu’en mai 2014, lorsque des élections européennes seront organisées dans tous les pays membre de l’Union européenne, y compris en Croatie. C’est pour cette raison que la campagne pour les Européennes en Croatie a été très courte, les partis ont décidé de minimiser leurs dépenses et de porter candidat des personnalités peu connues de l’opinion publique croate. La couverture de cette élection par la presse n’a pas poussé les électeurs à aller voter, les médias ont essentiellement parlé des 7000 euros mensuel versés par l’Union européenne que toucheront les heureux élus. Cette somme a scandalisé la population croate. On peut le comprendre lorsqu’on sait que le salaire mensuel moyen ne dépasse pas 730 euros dans ce pays.

Une Europe qui fait peur

L’entrée dans l’Union européenne effraie de nombreux Croates pour qui la transition devrait être difficile. Plus de 5000 personnes pourraient perdre leur emploi à cause de la délocalisation de nombreuses entreprises dans les pays voisins. Ces délocalisations sont dues à la sortie de la Croatie de l’accord de libre-échange centre européen (ALECE), qui permettait aux entreprises croates de vendre leurs produits dans des pays comme la Serbie ou la Bosnie, avec des droits de douanes avantageux. L’entrée de la Croatie dans l’Union européenne l’oblige à quitter l’ALECE et déplace les frontières européennes, ce qui provoque une augmentation des droits de douanes entre la Croatie et ses voisins non européens. Cette problématique ne devrait être que de courte durée. En effet, de nombreux investisseurs européens devraient rapidement s’installer en Croatie, attirés par les salaires peu élevés du pays.

La population et les élus locaux ont aussi dénoncé la division du pays en deux régions entre la Croatie continentale et la Croatie adriatique. Cette division a été demandée par l’Union européenne. Les Croates craignent que le développement des régions pauvres du pays ne soit freiné par la trop grande différence de richesse qui existe entre les composantes d’une même région.

Quelques avantages…

Son adhésion à la famille européenne ne devrait pas poser que des problèmes à la Croatie, y compris envers ses voisins et anciens partenaires d’ex-Yougoslavie. On sait que de nombreux problèmes frontaliers durent depuis la guerre qui a secoué la région dans les années 90, la répartition des biens et la question des disparus fait toujours débats entre les différents pays de la région. Son entrée dans l’Union européenne, va permettre à la Croatie de bénéficier du soutien des 27 autres états membres et de posséder un plus grand pouvoir dans les négociations. Il ne faut pas non plus oublier que la Croatie n’est pas un pays riche et que la crise économique mondiale l’a elle aussi touchée : -2% du PIB en 2012. Le pays a donc besoin de l’argent de l’Europe et cet argent l’attend déjà : 13,7 milliards d’euros étaient destinés à la Croatie dans le projet de budget de l’Union européenne pour la période 2014-2020. A cette somme, il faut aussi ajouter les 150 millions versés chaque année par l’Union européenne à la Croatie depuis 2007 pour permettre au pays de remplir les conditions d’adhésion.

Espérons que le week-end du 24-25 mai 2014, les Croates prennent conscience de tous ces avantages et qu’ils soient plus nombreux à se rendre aux urnes pour leur deuxième élection européenne en un an.

 

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