Anti-oraison funèbre de l’Union européenne

Adrien Abauzit 20/10/2012 0

François Hollande, il faudra probablement s’y habituer, s’est ridiculisé dans une interview à l’Immonde le 17 octobre, en déclarant que la crise de l’euro était derrière nous. A l’heure où des manifestations contre une austérité censée sauver la monnaie unique se font sévèrement réprimer dans toute l’Europe du Sud et où la Suisse mobilise son armée pour prévenir les débordements que créerait supposément l’éclatement de la zone euro, cette assertion suscite des sourires amers, pour ne pas dire de l’inquiétude tant Flamby semble déconnecté de la réalité.

 Anti oraison funèbre de lUnion européenne

Le pire est le meilleur, et le meilleur n’est pas passé

Selon notre intermittent de la république le pire serait passé : la zone euro serait sauvée, elle n’éclaterait pas. L’éclatement de la zone euro, le pire ? Mais pardi ce serait au contraire le meilleur ! L’éclatement de la zone euro est l’une des meilleures choses qui puisse arriver aux économies européennes. Cela serait un turbo énorme pour leurs exportations (la monnaie étant bien moins lourde, l’avantage concurrentiel serait substantiel) et cela permettrait de sortir du système bancaire de la BCE, responsable unique de la dette des Etats du fait l’interdiction faite à ces derniers de battre monnaie.

François Hollande croit-il vraiment ce qu’il raconte ? Le bon sens nous permet d’en douter. Toute personne dont le cerveau n’a pas encore été complètement ravagé par l’idéologie dominante le sait : l’euro, à défaut d’être déjà mort, est en phase terminale, il ne peut pas survivre.

La classe politique ment : elle ne veut pas désendetter la France

Pourquoi affirmons-nous avec tant de certitude que les jours de l’euro sont comptés ? Parce que la crise de l’euro résulte de la crise des dettes souveraines et la crise des dettes souveraines ne peut pas être résolu dans le système bancaire institutionnel actuel.

D’où vient la dette ? On ne le sait que trop : de l’interdiction qui est faite à l’Etat d’emprunter à taux zéro à la Banque centrale (article 123 du traité de Lisbonne). Résultat : l’Etat va emprunter sur les marchés privés (aux banques privées, fonds de pensions, hedge funds, assurances privées et autres investisseurs institutionnels) mais cette fois-ci avec des taux d’intérêts. La dette des Etats d’Europe n’est que l’accumulation sur plusieurs décennies de taux d’intérêt. S’il n’y avait pas eu de taux d’intérêt à payer, la dette aurait été dérisoire, voire nulle comme le calculent André-Jacques et Philippe Derudder dans leur ouvrage Dette publique, une affaire rentable. En résumé la dette n’est pas née des contraintes de l’économie. Elle a été créée artificiellement à partir d’un simple jeu d’écriture.

Si demain les Etats membres de l’Union européenne n’avaient plus de taux d’intérêts à payer sur leur dette, la dette serait remboursable. On allouerait au remboursement du capital de la dette ce qui est actuellement alloué pour le remboursement des intérêts de la dette. A fiscalité constante, le remboursement se ferait sur à peu près trois décennies, mais au moins aurait-il lieu.

Si la classe politique française, mais ceci vaut pour tous les gouvernements de l’UE, voulait vraiment désendetter l’Etat, elle serait revenue sur cet article 123 depuis bien longtemps. Mais ceci ne sera jamais fait. L’endettement des Etats est une arme extraordinaire que les marchés financiers sont résolus à ne pas abandonner. D’une part, parce que c’est pour eux une source colossale de profit, d’autre part, car étant les seuls bailleurs de fond possibles pour les Etats, ces derniers sont asservis et font les quatre volontés de leurs maîtres. Pour dire les choses clairement, les chefs de gouvernements, en bon domestique de l’oligarchie financière, ne veulent pas supprimer la dette, mais juste la rendre supportable, afin que le système d’asservissement dont elle est le cœur perdure.

Sortie de l’Union européenne, fin de l’euro, retour à l’histoire

Puisque la monétisation, soit la création de monnaie par des prêts à taux zéro à la banque centrale, est prohibée, le remboursement de la dette, dans nos économies qui tournent au ralenti, est impossible. Le fardeau des taux d’intérêts est trop lourd, surtout pour des économies qui seront assommées par les coups de massues supplémentaires du TSCG. Aucune économie au monde ne peut supporter un tel traitement de cheval. Pour parler de la France, le peuple ne pourra pas continuer à payer chaque année cinquante milliard d’euros à l’oligarchie financière, voire plus avec l’augmentation probable des taux d’intérêts.

Les dettes n’étant pas remboursables et étant appelées à toujours enfler, l’euro finira par disparaître, car il ne peut exister que dans le cadre de l’Union européenne. Or les traités européens imposent aux Etats un système bancaire qui prohibe les deux seuls moyens de désendettement, que sont la monétisation de la dette et l’inflation. Les Etats seront poussés à quitter l’UE pour retrouver les moyens de rembourser leur dette. Et hors de l’UE, point d’euro…

Bien sûr, il reste comme solution miracle la banqueroute partielle. Mais on imagine mal, en tout cas dans le cas français, nos gouvernants, qui collaborent depuis Pompidou, prendre une décision allant dans le sens de l’intérêt général et contre celui de l’oligarchie financière.

Pour le moment, les peuples, hébétés par la propagande, acceptent de payer une dette sans qu’il y ait possibilité de remboursement. Mais lorsque dans la balance, s’opposeront d’un côté la survie des peuples et de l’autre le paiement de la dette, ni la propagande ni les maintes trahisons des UMPS européens ne suffiront à maintenir l’euro vivant. L’ampleur des sacrifices exigés sera telle, que les peuples, dépucelés par la souffrance, seront enfin conscientisés et ne marcheront plus dans la combine. Dans un retour à l’histoire qui ne s’est que trop fait attendre, l’insurrection menacera réellement. L’euro disparaîtra et l’UE avec, parce que les peuples d’Europe voudront vivre. L’UE disparaîtra, sinon la dette nous tuera.

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