BQ : Le canard de la France qui se lève tard

Florent Ferrari 25/02/2013 1
Il existe des milliers d’agences de presse dans le monde qui jouent des coudes entre les monstres Reuters, Associated Press ou l’Agence France Presse. Mais celles-ci ne sont pas les seules à « dealer de l’info ». En France, un autre organe beaucoup plus discret détermine régulièrement le sommaire des 20h: le Bulletin Quotidien.
le siecle BQ : Le canard de la France qui se lève tard

Le Siècle se réunit régulièrement à l’hôtel Crillon

C’est dans l’atmosphère chaotique de la libération que Georges Berard-Quélin, franc-maçon et ancien secrétaire général du quotidien collaborationniste La France Au Travail, fonde le Bulletin Quotidien.

Depuis soixante-dix ans, le « BQ » distille un condensé d’informations ultra précises, destiné à un public restreint. C’était la grande idée de son fondateur: d’un côté la presse du peuple et de l’autre une presse d’élite, sans fioritures et remarquablement informée, recensant quotidiennement l’intégralité des nouvelles capitales.

Le Bulletin Quotidien est le fruit d’un formidable travail de synthèse affiné au fil du temps, reposant sur le principe que tout est écrit, du plus évident au plus confidentiel. Inlassablement, ses équipes épluchent un maximum de publications, du journal officiel aux petits organes de partis.

En parallèle de ce travail de veille permanente, elles disposent d’une intarissable source d’informations : le fameux club Le Siècle, véritable facebook de l’oligarchie, initié par le même homme à la même époque et domicilié à la même adresse avenue de l’Opéra. Ce rendez-vous au sommet, qui se déroule tous les derniers mercredis du mois à l’Automobile Club de Paris, permettrait au BQ de remplir sa riche rubrique consacrée à l’évolution du pouvoir. À la différence du trombinoscope de l’Assemblée Nationale ou de La Revue Parlementaire, ils publient entre trois mois et 48h à l’avance les nominations à des postes de haut-vol de l’administration ou du secteur privé. Ainsi, dans l’édition du mardi 19 février 2013: « Pierre Bayle, ancien directeur de la communication d’EADS est évoqué pour la direction de la délégation à l’information et à la communication du ministère de la Défense ». On comprend aisément l’avantage stratégique de ce genre d’informations. D’autre part, grâce au travaux considérables effectués par Emmanuel Ratier sur le sujet, on découvre que le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian est membre du Siècle. Difficile de ne pas faire le lien entre ces deux éléments.

Un journal d’une telle qualité a un coût, et c’est ce qui lui vaut le titre de quotidien le plus cher de France avec un abonnement annuel à 4 850 euros. Son diffuseur, la Société Générale de Presse, également fondée par Georges Berard-Quélin en 1944, décline la formule en divers parutions spécialisées toutes aussi onéreuses: la Correspondance de la Presse (2 995 euros par an), la Correspondance Économique (4 350 euros) et la Correspondance de la Publicité (2500 euros).

À noter également la qualité des biographies de personnalités de la finance, de l’industrie et de l’administration que la SGP produit dans ses journaux et sur son site LesBiographies.com, allant même jusqu’à recenser des éléments de filiation.

Rédigé et imprimé pendant la nuit, le Bulletin Quotidien est livré chez les heureux abonnés à 5h du matin par porteur spécial.

One Comment »

  1. Toto 26/02/2013 at 15:14 - Reply

    A lire les commentaires de francois asselineau a ce sujet

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