Institut Culturel Italien de Paris : 50 rue de Varenne, Paris. Une action chorégraphique d’Annamaria Ajmone. Le 17 décembre 2015 à 19h.

« En tout lieu, je construis et développe un dialogue. Je pars de l’observation et de l’exploration de l’espace, et grâce aux impressions que j’en retire, je construis un réseau de relations et de connexions. Je me plonge dans l’espace pour ensuite prendre mes distances par un processus d’éloignement. Je le regarde de loin pour ensuite m’en rapprocher, m’imprégnant de celui-ci tout en le manipulant. C’est un jeu continuel de renvois, d’échanges, d’éléments qui résonnent et se mélangent. Pour ce faire, il est nécessaire de libérer : tout d’abord l’espace, en l’analysant plutôt dans sa structure physique que dans sa dimension culturelle, ensuite moi-même, par un processus identique, où je me vois comme un élément à l’intérieur de la salle, m’en remettant à la géométrie de mon corps et au rythme que je produis. De cette façon, je fonde un terrain fertile et fragile à la fois, et c’est exactement de là que je pars. Je me confronte à mes limites, convaincue que « la limite n’est pas ce où quelque chose cesse, mais bien, comme les Grecs l’avaient observé, ce à partir de quoi quelque chose commence à être. ».

À partir de cette réflexion, cette profession de foi, Annamaria Ajmone a construit un parcours à travers le jardin de nuit et deux salles de l’Institut Culturel Italien de Paris, le magnifique Hôtel de Galliffet . Après avoir illuminé à l’aide d’une lampe de poche quelques parterres et façades, comme un animal elle s’est installée dans la cheminée d’une des salles et traça une succession d’actions chorégraphiques face à un public debout, étonné, qui la regardait silencieusement. Son corps souple lui permettait de prendre lentement des positions assez étonnantes. Annamaria Ajmone sortie de son antre et comme un félin se dirigea vers une autre salle. Dans cette immense salle, très 18eme, aux fausses colonnades doriques, elle se lâcha au son d’une musique électro pop avec une chorégraphie débridée très contemporaine. Elle pris ainsi totalement possession de cet espace face à un public enthousiaste, dommage que ce « ballet » fut si court !

Annamaria Aimone est née à Lodi en 1981 ; elle a eu un master de Lettres Modernes à l’Université de Milan et a obtenu son diplôme de danse à l’Ecole d’Art Dramatique Paolo Grassi, sous la direction de Marinella Guatterini. En 2009, elle a fondé avec Ilaria Tanini et Marcello Gori le Groupe Electropop Cleancorner. En 2013, avec Chiara Ameglio et Marcello Gori, elle réalisa InQuiete, finaliste pour le prix Equilibrio. Depuis 2014, elle travaille avec la vidéo-artiste Giovanna Cicciari à un projet de recherche unissant l’image en mouvement et la danse. Cette année, Annamaria Ajmone a axé sa recherche sur la relation entre l’espace et le mouvement, une succession d’expériences qu’elle appelle Pratiques Temporelles d’habitation. Avec ce titre le projet elle s’inspire de la réflexion de Martin Heidegger sur la façon dont les hommes existent dans le monde en habitant l’espace. Elle a commencé à faire ses actions chorégraphiques à Venise et poursuivi à Milan et à Florence. Cette résidence à Paris, représente la quatrième étape de ce parcours chorégraphique durant un mois. Cette expérience est fascinante à voir et donne l’envie de venir plus souvent dans cet Institut où il se passe toujours quelques choses de passionnant.

Pour mieux connaître cette jeune et talentueuse artiste : www.annamariaajmone.com

A propos de l'auteur

Réalisateur, journaliste

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