L’Espagne et le Portugal sont durement touchés par la crise qui gangrène l’Europe et particulièrement la zone euro. Les ressortissants de ces pays n’hésitent plus à aller chercher du travail en Afrique
Le phénomène s’intensifie. Il y a une décennie, cela aurait été impensable. Des portugais et des espagnols fuient la misère qui s’installe dans la péninsule ibérique où les chiffres du chômage battent tous les records. L’Afrique devient une réelle alternative aux dures conditions de vies des travailleurs du sud de l’Europe.
Des clandestins européens
En juillet 2011, quarante -deux travailleurs Portugais se sont fait expulsés d’Angola car ils étaient employés au « noir ».
Le 2 février dernier, ce sont vingt Portugais qui ont été arrêtés à l’aéroport de Luanda, la capitale angolaise, par le service des migrations et des étrangers. Retour express en charter vers Lisbonne. Ils étaient en possession de faux visas selon les autorités angolaises.
En avril, les gardes côtes algériens ont quant à eux intercepté sur la côte ouest du pays une embarcation avec quatre immigrés clandestins espagnols à son bord. Ils tentaient de rejoindre Oran où des entreprises espagnoles ont implanté des usines. Le quotidien algérien Liberté a rapporté dans son édition du 17 avril 2012 les raisons de cet exil. Les quatre désespérés ont expliqué que leur situation était intenable depuis leurs licenciements en Espagne. Leur société ayant fait faillite à cause de la crise.
Un air de revanche africain
On s’était malheureusement presque habitué à voir des gardes côtes européens appréhender des migrants africains en route vers l’Europe, dans l’espoir de trouver du travail. Aujourd’hui, ces flux migratoires vont dans les deux sens.
Les vingt Portugais expulsés en février étaient en situation très précaire selon un responsable angolais des services de migration, « ces Portugais se sont vu refuser l’entrée sur le territoire angolais pour diverses raisons : manque de moyens de subsistance, visa expiré, mauvais état du passeport, non-paiement d’une amende pour un précédent séjour illégal en Angola et outrage à l’autorité ».
« L’Angola ne fait qu’appliquer de manière rigoureuse les bonnes pratiques internationales en matière de migration » a-t’il ajouté. L’arroseur arrosé en somme.
Ces clandestins ont aussi rapporté avoir subi de mauvais traitements par le service d’immigration angolais. Ils ont été menacés après avoir été mis en détention dans une salle à l’aéroport.
Une situation préoccupante et qui perdure
L’Angola est une ancienne colonie portugaise. Les autorités notent une augmentation sans précédent du nombre de travailleurs qui émigrent vers l’Afrique. En 2006, avant la crise, 156 visas avaient été accordés. En 2011, presque 24 000 demandes ont été déposées. Le journal camerounais Camer.be. a affirmer que les gouvernement portugais encouragerait cette fuite de main d’œuvre.
Face aux expulsions auxquelles font face les ressortissants ibères en Angola, le ministre des Affaires étrangères portugais promet de « rechercher, avec les autorités angolaises, les voies et moyens pour prévenir ce genre de problèmes ».
Un accord avait été signé à Lisbonne le 15 septembre 2011 entre les deux pays pour faciliter les conditions d’octroi de visas et la prolongation de ces derniers.
L’Afrique, futur Eldorado contre le marasme européen ?
« La vieille Europe déprime. La zone euro est au bord de l’implosion et la récession menace. En Afrique, la croissance économique se maintient. Et si les jeunes Européens traversaient la Méditerranée pour émigrer ? » déclarait il y a peu un éditorialiste portugais.
Une chose est sûre, cette tendance migratoire se confirme, la crise s’intensifie et l’Afrique pourrait bien devenir le continent de l’avenir pour certains européens.
