Dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 mai, les députés du PS Vincent Feltesse et Jérôme Guedj ont fait adopté un amendement qui ouvre un nouveau droit aux lycéens ainsi que la fin de la gratuité pour les classes prépas par l’Assemblée nationale.
M. Guedj a justifié cette mesure par une volonté de combattre l’autocensure en luttant contre la ségrégation sociale et spatiale. Aussi, une fois les résultats du bac publiés, les recteurs d’académie devront vérifier que tous les bons élèves aient bien bénéficié du droit d’accès à une formation sélective. Un décret viendra ensuite fixer le pourcentage minimal de places réservées à ces élèves et le niveau des notes requis.
C’est donc un débat bien ancien qui a ressurgi en plein milieu de la nuit puisque Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et François Hollande avaient déjà mentionné cette proposition de loi déposée en 2005. Et ce n’est pas pour plaire à l’opposition qui s’est retrouvée prise de court, comme l’a fait remarquer Patrick Hetzel, député UMP d’Alsace avant de rappeler que « même dans les lycées où il y a plus de 65 % d’élèves issus de milieu modeste, les 5 % en tête de classes sont des lycéens de milieu aisé. Vous allez ainsi renforcer la discrimination que vous croyez combattre ».
Alors revient l’éternel argument sur fond de statistiques de M. Feltesse: « L’origine sociale des élèves de classes prépas est particulièrement favorisée, puisque 51 % d’entre eux ont des parents cadres supérieurs ou exerçant des professions intellectuelles. Or, le coût moyen dépensé par la collectivité, par élève de classe prépa, est de 15 240 euros par an, contre 8 080 euros à l’université. C’est une mesure symbolique, (sur la base des frais universitaires qui s’élèvent à 181 euros en première année) qui rapportera quelques millions d’euros et alimentera un fonds pour les boursiers. » La mesure pourrait concerner 79.000 élèves, et ternir un peu plus l’image austère qu’ont généralement les étudiants de la prépa.
« Idées reçues », comme le dénonce la présidente de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques Sylvie Bonnet ou non, toujours est-il qu’aucune différenciation n’est établie entre les écoles préparatoires prestigieuses parisiennes et celles de Province, où les élèves ne sont certainement pas issus d’une classe aussi élitiste que le prétend le gouvernement.